Les oiseaux, victimes du changement climatique, ont des difficultés à se relocaliser
L'incessant changement climatique force les populations du monde entier à modifier leur mode de vie. Mais comment font les créatures terrestres, notamment les oiseaux, pour s'adapter à la transformation de leur environnement? Une nouvelle étude britannique montre que les obstacles naturels rendront difficiles l'adaptation des oiseaux d'Afrique au changement climatique. Ces résultats sont publiés dans les Proceedings of the Royal Society B. Le réchauffement planétaire causera des ravages importants sur les habitats des oiseaux et les obligera à migrer vers des zones plus appropriées. Cependant, d'après les chercheurs de l'Imperial College de Londres au Royaume-Uni, les caractéristiques naturelles du paysage limiteront leurs déplacements. En outre, certaines espèces d'oiseaux terrestres seront obligées de se déplacer vers de nouveaux habitats. De même, certaines espèces subsahariennes seront forcées de vivre dans des régions où il leur sera difficile de survivre. Selon les chercheurs, le résultat le plus inquiétant est que ces oiseaux courent le risque de ne pas pouvoir migrer vers des zones relativement différentes de leur habitat naturel, du fait qu'ils ne sont pas habitués à s'adapter à plusieurs habitats distincts. «À mesure que le climat change et que certains habitats deviennent inhospitaliers, les espèces d'oiseaux seront obligées de se déplacer et d'élargir leur aire de distribution en tentant de fuir le changement climatique à la recherche de nouveaux habitats, plus agréables», explique Lynsey McInnes de l'institut Grantham sur le changement climatique de l'Imperial College de Londres. «Notre étude montre que ces déplacements vitaux pourraient se révéler complexes si les trajectoires de fuite passent par des régions inadaptées à la survie des oiseaux, telles que les chaînes de montagnes, les plaines arides ou les forêts tropicales», ajoute-elle. «Ces régions constituent des obstacles et beaucoup d'oiseaux ne pourront les traverser car ils ne pourront y trouver la nourriture ou les refuges nécessaires à leur survie.» Dans cette étude, les chercheurs ont évalué des cartes numériques des aires de distribution géographiques actuelles de près de 1900 espèces d'oiseaux terrestres subsahariens. Les résultats étaient inquiétants. D'après les données, un nombre considérable d'aires de distribution de certaines espèces s'arrêtent brusquement et ces «obstacles» correspondent aux changements dramatiques en termes de terrain, de végétation et de topographie en Afrique Les aires de distribution de certaines espèces telles que le souimanga à queue violette et le serpentaire du Congo se terminent là où les forêts tropicales d'Afrique centrale se mêlent à la savane environnante, expliquent les chercheurs. Les aires de distribution d'autres espèces, telles que les xénoperdix de Tanzanie et le Grand-duc des Usambara se terminent sur les pentes de la chaîne de montagnes de l'Arc Oriental qui traverse le Kenya et la Tanzanie. «Nous avons découvert des modèles constants à grande échelle relatifs à l'imperméabilité du plumage des oiseaux afro-tropicaux, malgré leurs particularités en termes de survie, de reproduction et d'immigration qui définissent inévitablement les limites de la distribution des espèces», expliquent les auteurs. «Parmi les variables que nous avons évaluées, les mesures relatives à la variabilité de l'habitat (le biome et l'hétérogénéité et les habitats en élévation) sont les indicateurs d'imperméabilité les plus cohérents.» Le Dr David Orme du département des sciences de la vie à l'Imperial College de Londres explique: «Nous espérons associer les données indiquant les emplacements de ces 'obstacles' avec les prévisions climatiques en Afrique afin de déterminer les espèces qui seront les plus susceptibles d'être coincées si elles ne parviennent pas à s'adapter au changement climatique.» Il ajoute que si les chercheurs parviennent à identifier les espèces qui devront faire face à ces obstacles naturels, «les défenseurs des ressources naturelles seraient en mesure de les aider à traverser, par le biais de programmes de migration assistée, par exemple». Pour sa part, le professeur Sir Brian Hoskins, directeur de l'Institut Grantham commente: «Cette étude met en avant l'envergure des problèmes auxquels les animaux du monde entier sont confrontés à mesure que le climat de leur habitat naturel change».
Pays
Royaume-Uni