Le rôle de la vie sauvage sur les infections du bétail
Des chercheurs financés par l'UE ont découvert que les animaux sauvages servaient d'hôte à une bactérie susceptible d'avoir un lien avec la maladie de Crohn (une malade inflammatoire du tube digestif). Présentés dans la revue à accès ouvert BMC Microbiology les résultats de l'étude confirment les théories selon lesquelles les animaux sont des réservoirs d'infection. Les travaux de recherche faisaient partie des projets ASSESS MPTB RISK et PARA-TB TRANSMISSION, financés au titre du cinquième programme-cadre (5e PC) de l'UE à hauteur de 719 224 euros et 1,3 million d'euros respectivement. Dirigée par l'institut de recherche Moredun en Écosse, au Royaume-Uni, l'équipe de recherche a révélé le rôle de la bactérie Mycobacterium avium, sous-espèce paratuberculosis (Map) dans la maladie de Johne ou paratuberculose, une maladie incurable touchant le bétail adulte. La transmission de la bactérie au bétail par les animaux sauvages peut engendrer des pertes économiques considérables tant pour le bétail que pour les industries concernées. «L'épidémiologie de Map est encore inconnue, notamment en ce qui concerne le rôle des régions de vie sauvage et le problème très controversé de la transmission de zoonoses (la paratuberculose serait la version animale de la maladie de Crohn)», peut-on lire dans l'étude. Les chercheurs britanniques et leurs collègues de République tchèque, d'Allemagne, de Grèce, d'Espagne, de France, des Pays-Bas et de Norvège ont utilisé trois techniques de génotypage afin d'identifier les souches spécifiques de Map dans 164 échantillons prélevés sur 19 espèces sauvages et de bétail. «Nous avons pu obtenir des génotypes identiques à partir de Map isolés provenant de différentes espèces hôtes cohabitant dans la même propriété, ce qui indique que les transmissions ont lieu entre les espèces», expliquent les auteurs de la recherche. «Map infecte tout un éventail d'espèces sauvages et d'hôtes qui pourraient être d'éventuels foyers d'infection pour le bétail, ce qui rend très difficile le contrôle de la paratuberculose.» Selon les chercheurs, Map aurait un lien avec les bactéries causant la tuberculose chez les humains et les bovins. Map a également été associé à la maladie de Crohn chez l'homme, et est responsable de sérieux cas de diarrhée chez les ruminants. «L'étude a été entreprise afin de déterminer la diversité génétique de Map, de renforcer notre compréhension de la variété d'hôtes et de leur distribution, et d'évaluer le potentiel de la transmission entre espèces», peut-on lire dans l'étude. L'équipe explique que davantage de travaux doivent être entrepris pour identifier le rôle des animaux sauvages en tant que foyers d'infection, et également pour déterminer si la transmission se fait de manière passive ou active. D'autres études examineront le moment et la manière éventuels dont les animaux sauvages et les ruminants domestiques entrent en contact. Les projets ASSESS MPTB RISK («Paratuberculosis epidemiology and risk assessment: novel approaches to identify strain-specific markers») et PARA-TB TRANSMISSION («The role of wildlife in the epidemiology of Mycobacterium avium subspecies paratuberculosis in domestic ruminants in Europe») étaient soutenus au titre du programme thématique «Qualité de la vie et gestion des ressources vivantes» du 5e PC.