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La presse masculine utiliserait le même langage que les délinquants sexuels

La presse masculine, visant principalement les jeunes hommes hétérosexuels, est depuis longtemps sujette à controverse; leur représentation des femmes soulève souvent des inquiétudes dans de nombreux domaines. Récemment, des chercheurs du Royaume-Uni ont mené une étude qui a...

La presse masculine, visant principalement les jeunes hommes hétérosexuels, est depuis longtemps sujette à controverse; leur représentation des femmes soulève souvent des inquiétudes dans de nombreux domaines. Récemment, des chercheurs du Royaume-Uni ont mené une étude qui a renforcé ces inquiétudes, montrant que le langage utilisé par ces magazines présente des caractéristiques semblables au langage utilisé par les délinquants sexuels et contribue donc à l'objectification des femmes. De nombreuses recherches ont été réalisées pour étudier l'effet de ces magazines sur les enfants, et la plupart des magasins les placent hors de portée des enfants; cependant, très peu d'attention a été portée sur la manière dont ces magazines affectent le public visé ainsi que les femmes, le principal sujet de ces magazines. L'auteur principal, le Dr Miranda Horvath de la Middlesex University explique: «Un débat sur la réglementation des magazines de presse masculine a été établi quant à leur impact sur les enfants, mais on ignore leur influence sur les jeunes hommes qu'ils ciblent ainsi que sur les femmes que ces jeunes hommes fréquentent au quotidien.» L'équipe, composée de chercheurs de la Middlesex University et de l'université de Surrey, a présenté à ses sujets d'étude des descriptions de femmes tirées des magazines de presse masculine les plus lus au Royaume-Uni ainsi que des commentaires sur les femmes émis par des agresseurs sexuels. La plupart des sujets participant à l'étude ne pouvait pas distinguer les citations provenant des magazines et les citations des agresseurs sexuels. Encore plus inquiétant, les résultats montrent que le sexisme et l'objectification des femmes deviennent normaux s'ils paraissent dans des magazines à grand tirage. Publiés dans la revue British Journal of Psychology, les résultats montrent que parmi les hommes participant à l'étude, un échantillon de 96 hommes âgés de 18 à 46 ans s'identifiait davantage aux commentaires des agresseurs sexuels. Les chercheurs ont également demandé à un groupe distinct de femmes et d'hommes âgés de 19 à 30 ans de classifier ces commentaires en fonction de leur nature à dénigrer, et de tenter d'identifier leur source. Tant les femmes que les hommes considéraient que les commentaires des magazines de presse masculine étaient péjoratifs, mais ont tous eu du mal à déterminer la source des commentaires. Selon le Dr Horvath: «Nous étions surpris de constater que les participants s'identifiaient davantage aux commentaires des agresseurs sexuels, et il est très inquiétant de constater que les stratégies de légitimation des délinquants sexuels en faveur des femmes sont familières aux jeunes hommes. Ces magazines soutiennent la légitimation d'attitudes et de comportements sexistes et doivent être plus prudents quant à leur présentation des femmes, tant en images qu'en paroles. Ils donnent l'impression que le sexisme est un comportement acceptable et normal, alors qu'il devrait être rejeté et remis en question. Les agresseurs sexuels tentent de justifier leurs actes, et avancent généralement que ce sont les femmes qui leur font des avances ou qu'elles sont consentantes même lorsqu'elles disent non. Il est assez troublant de constater que les commentaires utilisés dans la presse masculine sont susceptibles de provenir de la bouche d'un agresseur sexuel.» Un autre auteur de l'étude, le Dr Peter Hegarty de l'université de Surrey, commente: «Le fait que ces magazines normalisent l'objectification sexuelle des femmes est un phénomène réellement inquiétant. Il n'est pas question de jouer les rabat-joies ou les prudes qui pensent que l'on devrait interdire toute information sexuelle ou magazine pour les jeunes, mais ces adolescents et jeunes hommes sont-ils suffisamment préparés à vivre des relations amoureuses et sexuelles saines s'ils considèrent comme normales des opinions étrangement proches de celles d'agresseurs sexuels?» L'étude met en avant l'importance d'éduquer les jeunes sur les relations sexuelles pour qu'ils n'aient pas à s'appuyer sur des images manipulées à caractère sexuel présentées dans des magazines de la presse masculine. L'étude est un véritable avertissement pour que le secteur agisse de manière responsable et change de comportement. Anna van Heeswijk, responsable d'OBJECT, une association des droits de l'homme qui s'oppose à l'objectification de la femme, explique que dans le climat actuel où la presse est suivie de près au Royaume-Uni, ces remises en question sont bel et bien appropriées. Selon elle, «si nous voulons mettre une fin à la discrimination et à la violence envers les femmes et les jeunes filles, nous devons nous attaquer à ce genre de comportements et attitudes, et par conséquent, nous attaquer aux publications qui les véhiculent. L'enquête publique présidée par le Juge Levenson examine la culture, les pratiques et l'éthique de la presse britannique. Ces résultats perturbants montrent sans équivoque que la représentation de la femme doit également être révisée. C'est le moment d'agir.»Pour de plus amples informations, consulter: British Psychological Society (BPS): http://www.bps.org.uk/

Pays

Royaume-Uni