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Contenu archivé le 2023-03-06

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Préserver le patrimoine à l'ère du numérique

La technologie progresse à grands pas, pour le plus grand plaisir du marché. Mais certains chercheurs s'inquiètent de préserver l'accès aux contenus numériques et de protéger notre patrimoine culturel. Le projet KEEP («Keeping emulation environments portable») est financé à ha...

La technologie progresse à grands pas, pour le plus grand plaisir du marché. Mais certains chercheurs s'inquiètent de préserver l'accès aux contenus numériques et de protéger notre patrimoine culturel. Le projet KEEP («Keeping emulation environments portable») est financé à hauteur de 3,15 millions d'euros, au titre de la thématique «Technologies de l'information et de la communication» (TIC) du septième programme-cadre (7e PC). Son objectif est de concevoir des outils qui faciliteront un accès universel à notre patrimoine culturel, de plus en plus numérisé. Aussi les partenaires du projet vont-ils mettre au point une plate-forme d'accès en émulation (Emulation Access Platform), capable de présenter avec exactitude des fichiers texte, audio ou image. Ce système permettra d'accéder aux informations en toute sécurité et à long terme. Cet émulateur, que l'on peut qualifier de logiciel, sera capable d'identifier et «d'interpréter» ou de «jouer avec» les fichiers d'ordinateurs les plus anciens, y compris les disquettes et les jeux. Selon les chercheurs, l'émulateur KEEP sera différent de ceux que l'on trouve actuellement. Ces derniers sont en effet limités à certaines plateformes ou types de support, et ne peuvent donc émuler qu'un nombre restreint de formats. «Ils sont tous fermés et tout autant menacés d'obsolescence que les supports qu'ils émulent», explique M. Dan Pinchbeck, partenaire du projet KEEP et expert en jeux informatiques à l'université de Portsmouth, au Royaume-Uni. «KEEP s'affranchit de ce risque: il garantit la pérennité des émulateurs et de leurs supports.» Le Dr Janet Delve de l'université de Portsmouth déclare qu'en général, les gens ne réfléchissent pas trop à la sauvegarde numérique des fichiers, qu'il s'agisse de photos personnelles ou d'archives nationales. «Pourtant, n'importe quel fichier numérique risque d'être perdu, par vieillissement ou lorsque la technologie nécessaire pour le 'lire' aura totalement disparu», fait remarquer l'historienne en informatique de la School of Creative Technologies de l'université. «Les générations antérieures nous ont transmis un riche héritage de livres, de lettres et de documents, qui nous informe de leur nature, leur mode de vie et leurs découvertes. Mais nous courons le risque bien réel de n'être rien de plus qu'une page blanche dans l'histoire.» Les informations numériques sont créées à tout moment. Les experts estiment que la quantité d'informations enregistrée en 2010 sera 18 millions de fois plus importante que celle contenue dans tous les livres jamais écrits, et qu'il est peu probable que cette tendance fléchisse. Des données récentes montrent que les archives nationales du Royaume-Uni conservent l'équivalent de 580000 encyclopédies � mais dans des formats de fichier qui ont disparu du marché. De son côté, la British Library fait remarquer que l'accès et la protection de vieux fichiers numériques représentent un coût majeur pour l'Europe, qui dépasse les 3 milliards d'euros par an. «Nous sommes en grand danger de perdre des informations numériques. C'est un problème très réel et inquiétant», s'inquiète le Dr David Anderson, historien en informatique et membre du Centre for European and International Studies Research à l'université de Portsmouth. «Les créations des années 1970, 1980 et 1990 disparaissent rapidement, et chaque année apparaissent de nouvelles technologies, ce qui accroît les risques de perte d'informations.» «Les musées conservent des matériels anciens, comme des ordinateurs et des consoles de jeux, mais les visiteurs ne peuvent pas réellement savoir comment ces machines fonctionnaient, car les logiciels ne peuvent plus être utilisés», ajoute le Dr Anderson. «C'est comme si l'on exposait des instruments de musique, après avoir jeté toutes les partitions. Pour les générations futures, ce serait une catastrophe culturelle majeure.» Les partenaires de KEEP s'intéressent également à la sécurité des logiciels et des données qui peuvent être encodés, pour être lus plus tard par des ordinateurs plus rapides et sophistiqués. Coordonné par la Bibliothèque nationale de France, le projet implique également la société tchèque de conseil Cross Czech A.S. la Bibliothèque nationale d'Allemagne et la Bibliothèque nationale des Pays-Bas