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Journée mondiale du paludisme: coup de projecteur sur le troisième meurtrier planétaire

Le paludisme tue jusqu'à deux millions de personnes par an et en infecte 300 à 500 millions d'autres. Les seules maladies infectieuses à causer davantage de décès sont la tuberculose et le VIH/SIDA. Les pays les plus exposés au risque, et où ces maladies ont le maximum d'impac...

Le paludisme tue jusqu'à deux millions de personnes par an et en infecte 300 à 500 millions d'autres. Les seules maladies infectieuses à causer davantage de décès sont la tuberculose et le VIH/SIDA. Les pays les plus exposés au risque, et où ces maladies ont le maximum d'impact - les pays en développement, notamment l'Afrique subsaharienne - sont coutumiers des trois. Le 25 avril, l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe tenait au Parlement européen de Bruxelles une conférence de presse destinée à promouvoir la journée mondiale du paludisme et à faire écho à la nouvelle campagne "Faire reculer le paludisme", annoncée la veille. Au nombre des intervenants figuraient le professeur Awa-Marie Coll-Seck, secrétaire exécutive de Faire reculer le paludisme, et le ministre de la santé de la République démocratique du Congo, M. Emile Bongeli, qui a dépeint le sort d'un enfant atteint de nos jours par le paludisme - les moins de cinq ans constituant la population la plus exposée. "Le paludisme tue un enfant toutes les 30 secondes", a déclaré Sunil Mehra, directeur exécutif du Malaria Consortium. "En outre, cet enfant succombe en 24 heures, c'est donc aujourd'hui qu'il faut le sauver. Nous commençons juste à récolter les fruits des investissements dans la lutte contre le paludisme - il serait malvenu de battre en retraite", a-t-il déclaré. "Le paludisme est perçu comme étant une maladie compliquée", a poursuivi M. Mehra. "Il nécessite un financement durable, conjugué à des compétences et de l'expertise, et les résultats suivront en termes de résorption de la maladie et de tribut payé. Le parasite du paludisme est certes mortel et le moustique assez actif, mais la complexité est à chercher du côté des hommes." En fait, il est possible de se prémunir presque entièrement contre le paludisme. On pouvait encore le contracter dans certaines zones du sud de l'Europe au début du XXe siècle. Auparavant, le paludisme était connu jusqu'au nord (Royaume-Uni), bien que localisé dans des zones dotées de microclimats. Le mode de prévention classique du paludisme consiste à empêcher le vecteur de la maladie - le moustique - de se reproduire. Ce qui peut s'accomplir en court-circuitant son cycle de vie, la méthode traditionnelle consistant à déverser de l'huile à la surface des eaux stagnantes, essentielles à la reproduction du moustique. Cette méthode s'avère malheureusement impraticable dans les zones trop vastes pour être couvertes convenablement et où les moyens financiers font défaut, comme c'est le cas dans beaucoup de pays africains. Autre problème auquel sont confrontés ceux qui s'efforcent d'endiguer la propagation du paludisme: l'efficacité des médicaments. L'usage incontrôlé et à grande échelle des antipaludéens a fait que de nombreuses souches de paludisme ont développé des résistances, rendant ces médicaments inutiles. Le partenariat Faire reculer le paludisme a annoncé le 24 avril son intention de concentrer ses efforts sur les associations thérapeutiques à base d'artémisinine (Artemisinin-based Combination Treatments - ACT), qui constituent les moyens les plus efficaces aujourd'hui disponibles dans le traitement du paludisme. L'histoire de l'artémisinine est intéressante. Développée en Chine au début des années 1970 à partir d'un remède traditionnel chinois (l'Artemisia annua, ou armoise douce), elle ne fut néanmoins, en raison de la culture du secret qui entourait la Guerre froide et malgré des taux de rémissions stupéfiants chez ceux à qui on avait administré le médicament, disponible que 20 ans plus tard. La plante dont est tirée le principe actif a été ultérieurement identifiée comme une mauvaise herbe commune et largement disponible aux Etats-Unis, où ont été rapidement lancés des essais du médicament et de ses dérivés. Dans le traitement du paludisme, elle a montré son efficacité dans plus de 90 pour cent des cas, y compris sur les variétés les plus létales de la maladie et vis-à-vis des souches actuellement résistantes à d'autres formes de thérapie. Le traitement ACT associe l'artémisinine, ou des médicaments dérivés, à d'autres traitements plus classiques. Intitulée "Passez à l'ACT!", la campagne "Faire reculer le paludisme" 2006 a pour objectif de favoriser l'essor des thérapies ACT, notamment en Afrique. "En même temps que de ressources financières accrues, les pays ont besoin d'un soutien technique significatif en termes de gestion et d'approvisionnement pour mettre en oeuvre leurs programmes", a déclaré le professeur Coll-Seck. Alors que des traitements efficaces sont disponibles, le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme demeure le seul gros donateur dans le domaine des antipaludéens, notamment les ACT. Ironie de l'histoire, malgré l'aspiration mondiale à éradiquer le paludisme, le seul gros donateur d'ACT pourrait théoriquement décider de diminuer ses financements. Réuni du 26 au 28 avril, l'exécutif du Fonds mondial décidera des modalités d'allocation des fonds. Si les donations au Fonds mondial augmentent, il en ira de même du nombre de programmes ACT. La contribution de l'UE et des Etats membres au Fonds mondial depuis son institution se chiffre à 2,5 milliards de dollars US (2,01 milliards d'euros). "L'Union européenne est le principal donateur du Fonds mondial", a déclaré l'eurodéputé français Thierry Cornillet (UDF), organisateur de la conférence de presse du Parlement. "En tant que cofondatrice de ce Fonds, l'UE accorde un vif intérêt à la lutte contre ces maladies qui affaiblissent les individus avant de les décimer, et qui constitue donc un élément majeur pour empêcher le plongeon de l'économie africaine", a-t-il ajouté. Hormis les thérapies ACT, le paludisme donne lieu à un grand nombre de projets de recherche ayant trait à la mise au point de vaccins et de traitements performants. Le mode de propagation plutôt élaboré des parasites responsables du paludisme (décrit plus loin) offre un grand nombre de cibles potentielles aux chercheurs. Dans le contexte du programme-cadre de la Commission européenne, qui en est à sa sixième édition, quelque 190 projets distincts ont eu pour but d'étudier tel ou tel aspect du paludisme, sa propagation ou sa prévention. Si les ACT sont efficaces chez les sujets ayant déjà contracté la maladie, l'autre grand espoir réside dans la vaccination, qui a pour but de protéger les personnes exposées au premier chef au risque d'infection. Dans la mise au point de son vaccin antipaludique, le géant pharmaceutique GlaxoSmithKline dispose - par l'entremise de la Fondation Bill & Melinda Gates - du soutien de l'homme le plus riche du monde. En octobre 2005, les époux Gates ont légué 107,6 millions de dollars US (86,63 millions d'euros) à l'Initiative de vaccination contre le paludisme (Malaria Vaccine Initiative - MVI) relevant du PATH (Programm for Appropriate Technology in Health). Un porte-parole de GlaxoSmithKline s'est entretenu avec CORDIS Nouvelles. "Nous avons mené des essais cliniques depuis la fin des années 1980, mais nous passons actuellement à une étude de démonstration de concept chez des enfants âgés de 1 à 4 ans au Mozambique [...]. Le vaccin possède une efficacité de 35 pour cent dans les formes non fatales, qui peut monter à 49 pour cent pour les formes fatales. Il s'agit donc d'un effet important, qui continue à se manifester après 18 mois. Nous allons faire approuver l'extension des essais du vaccin candidat et son inclusion dans la panoplie des vaccins PEV [Programme élargi de vaccination] de l'UNICEF, qui offrent une bonne couverture, après quoi nous verrons si nous pouvons abaisser l'âge auquel le vaccin peut être administré." Si le paludisme est propagé par le moustique, la maladie en soi est due à un autre organisme - des parasites protozoaires (connus sous le nom générique de plasmodiums) qui vivent dans le sang. Le chercheur Ronald Ross a découvert le plasmodium dans l'estomac du moustique anophèle en 1898, ce qui lui a valu le Prix Nobel quatre ans plus tard. Ses travaux révolutionnaires ont permis de résoudre l'énigme du paludisme, que l'on considérait jusqu'alors comme totalement mystérieux, à telle enseigne que l'autre appellation de la maladie - la malaria - résulte de la contraction de deux mots français: "mal" et "air". Lorsque la femelle du moustique anophèle suce le sang d'un être humain, de minuscules agents infectieux - les sporozoïtes - pénètrent dans le flux sanguin. Ils élisent domicile dans le foie de l'hôte, où ils croissent et se multiplient rapidement, se transformant en mérozoïtes, qui quittent le foie et infectent les globules rouges. Ces mérozoïtes peuvent également se multiplier, infectant d'autres globules rouges, ou se différencier en types mâles et femelles - les gamétocytes. Les gamétocytes sont ingérés par le moustique femelle lorsqu'elle pique un être humain. Ils s'unissent et se reproduisent dans l'estomac du moustique, donnant naissance à de minuscules sporozoïtes, qui peuvent derechef infecter les humains, réitérant ainsi le cycle. Le parasite a besoin d'hôtes à la fois chez l'homme et chez le moustique pour compléter son cycle de vie. Parmi les espèces identifiées de plasmodium, on n'en connaît que quatre qui infectent les humains et propagent ce faisant le paludisme. Le plasmodium falciparum est la variété la plus mortelle, tandis que le plasmodium vivax, le plasmodium ovale et le plasmodium malariae sont souvent qualifiés de "bénins" car ils ne sont habituellement pas fatals. Du fait des méthodes assez élaborées que nécessite la reproduction, chaque stade du cycle du paludisme constitue une cible potentielle pour la prophylactique, les vaccins ou autres traitements. Si le paludisme a été éradiqué des Etats membres de l'UE depuis fort longtemps, les projections ayant trait au réchauffement planétaire indiquent que le moustique anophèle pourrait facilement faire son retour sous des climats plus septentrionaux, apportant le parasite avec lui lorsque les températures s'élèveront.

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