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L’énergie nucléaire, l’outsider du bouquet énergétique de l’Europe

Le mot «nucléaire» suscite des émotions intenses et il faut bien reconnaître, en toute honnêteté, que nombre d’entre elles sont associées aux ogives nucléaires et au conflit nucléaire. Dans l’ordre mondial actuel, de plus en plus instable, les citoyens sont régulièrement exposés à une couverture continue de l’actualité sur les questions liées à la prolifération nucléaire, un exemple récent étant l’échec du sommet de février entre les États-Unis et la Corée du Nord qui a eu lieu au Viêt Nam.

Y a-t-il encore un avenir pour le nucléaire?

Même si nous nous éloignons de l’idée de la bombe et que nous envisageons l’énergie nucléaire comme un élément acceptable et viable du bouquet énergétique actuel et futur de l’Europe, l’opposition à l’énergie nucléaire reste féroce. Bien sûr, l’incident qui a marqué l’esprit des Européens les plus âgés reste sans doute le terrible désastre de Tchernobyl en 1986, mais la catastrophe nucléaire de Fukushima de 2011 au Japon, plus récente, n’a pas vraiment fait office de campagne de communication favorable à l’industrie de l’énergie nucléaire, notamment en Europe. Au lendemain de la catastrophe de Fukushima, le gouvernement allemand a décidé d’accélérer son plan de fermeture de toutes ses centrales nucléaires d’ici 2022, la population italienne a voté contre l’expansion du nucléaire lors d’un référendum et même la France, dépendante depuis longtemps du nucléaire qui couvre 75 % des besoins énergétiques intérieurs du pays, a annoncé son intention de réduire sa production nucléaire d’un tiers en 20 ans. Toutefois, l’énergie nucléaire reste, et restera, un élément important du bouquet énergétique européen dans l’avenir proche. Selon l’Association nucléaire mondiale, l’UE dépend de l’énergie nucléaire pour plus d’un quart de ses besoins en électricité, et pour une proportion plus élevée de l’énergie de base. Dans le contexte des ambitieux objectifs de l’UE en matière de lutte contre le changement climatique, il est important de noter que l’énergie nucléaire fournit plus de la moitié de l’électricité à faibles émissions de carbone de l’Union. Outre le fait que l’UE est le premier importateur d’énergie au monde et que, ces dernières années, elle a investi beaucoup de temps à chercher comment augmenter son indépendance énergétique, grâce à des initiatives comme l’Union de l’énergie, les décideurs politiques ne peuvent pas se permettre de négliger les avantages que l’énergie nucléaire peut encore offrir. Évidemment, le maître mot est la sécurité: l’énergie nucléaire ne sera complètement adoptée par les Européens en tant que source d’énergie acceptable que lorsqu’ils seront convaincus que les décideurs politiques et les ingénieurs auront pris toutes les mesures nécessaires (et plus encore) pour garantir la robustesse de toutes les centrales nucléaires disséminées sur le continent. Et il s’agit d’un problème important: alors que les fantômes de Tchernobyl et de Fukushima planent encore au-dessus de nos têtes, plusieurs pays européens fortement tributaires de l’énergie nucléaire, comme la Belgique, se trouvent également confrontés à des centrales vieillissantes qui doivent être soit entièrement révisées et modernisées, soit remplacées intégralement. Découlant de ces objectifs, plusieurs projets présentés dans le dossier spécial de ce mois se concentrent sur de nouvelles innovations ayant pour but d’augmenter les normes de sécurité tout en modernisant la technologie utilisée pour exploiter l’énergie nucléaire. Mais si les facteurs de sécurité s’avèrent fondamentaux, nous ne nous y limitons pas. Compte tenu du caractère complexe et pluridisciplinaire du débat sur les avantages et les inconvénients du fait de continuer à dépendre de l’énergie nucléaire, nous nous sommes employés à envisager le débat sous d’autres angles. Il s’agit notamment de projets qui ont encouragé les efforts régionaux visant à accroître la coopération nucléaire entre les pays européens, ainsi que d’une incursion dans les sciences sociales afin d’examiner comment près de 75 ans d’énergie nucléaire ont profondément affecté et influencé la société civile européenne et son attitude vis-à-vis des sources d’énergie actuelles et futures. Nous nous réjouissons de recevoir vos commentaires. Vous pouvez envoyer vos questions ou suggestions à l’adresse suivante: editorial@cordis.europa.eu

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