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Alternatives à l'expérimentation animale issues d'un projet européen

Alors que les groupes de protection animale s'interrogent sur la proposition de nouvelle législation relative aux produits chimiques, qui augmenterait la nécessité d'expériences animales, la Commission européenne tient à démontrer qu'elle recherche activement des alternatives ...

Alors que les groupes de protection animale s'interrogent sur la proposition de nouvelle législation relative aux produits chimiques, qui augmenterait la nécessité d'expériences animales, la Commission européenne tient à démontrer qu'elle recherche activement des alternatives à ces techniques d'expérimentation. L'une de ces alternatives, qui a été présentée le 12 mai à Bruxelles, pourrait épargner près de 200 000 lapins chaque année. Soulignant le dilemme auquel sont confrontés la communauté scientifique et les législateurs, Philippe Busquin, Commissaire européen en charge de la Recherche, a mis en exergue le souhait de la Commission d'éviter les souffrances et la mort des animaux, tout en assurant néanmoins la sécurité humaine. Dès lors que le Parlement européen a adopté une interdiction de l'expérimentation animale des cosmétiques et que la Commission a formulé ses propositions pour l'instauration de règles plus rigoureuses sur l'expérimentation des produits chimiques, la nécessité d'alternatives s'est encore aiguisée. La Commission a investi à ce jour quelque 65 millions d'euros dans ces recherches. Une nouvelle série d'essais, mis au point dans le cadre d'un projet financé par l'UE, constitue une alternative viable. Les six essais, élaborés par un consortium réunissant des laboratoires de contrôle nationaux, des développeurs d'essais et des entreprises, permettent de détecter la présence d'agents provoquant la fièvre (pyrogènes) dans des médicaments, à l'aide de cellules sanguines humaines au lieu de lapins. Ces nouvelles méthodes contrôlent la réaction des leucocytes humains, qui produisent des médiateurs de l'inflammation en réponse à une contamination par des pyrogènes. Les essais de ce type sont indispensables pour l'ensemble des médicaments administrés par injection, et ils ne sont pas réalisés une seule fois, mais pour chaque lot du médicament en question. "Par rapport à l'expérimentation animale, ces essais sont moins chers et procurent des résultats quantifiables et plus efficaces, a déclaré M. Busquin. Les études ont montré qu'ils satisfont aux conditions requises pour les méthodes de substitution à l'expérimentation animale." Les essais sont actuellement validés par le Centre européen de la Commission pour la validation des méthodes alternatives (CEVMA), implanté au Centre commun de recherche (CCR) d'Ispra (Italie). Dès l'approbation des autorités de réglementation des Etats membres, au cas par cas, ils devraient remplacer les essais sur les lapins. Cette technique est d'ores et déjà appliquée dans plus de 200 laboratoires à travers le monde. "Il s'agit de la plus importante étude de validation fructueuse jamais menée", a affirmé Thomas Hartung, directeur du CEVMA. Le docteur Hartung a remarqué que des méthodes d'essai alternatives ne doivent pas seulement être conçues pour remplacer les animaux. "Les alternatives peuvent être plus efficaces que les essais in vivo et elles sont moins coûteuses", a indiqué M. Hartung, ajoutant "qu'à l'heure actuelle, l'état l'avancement des technologies ne se reflète pas dans l'expérimentation animale." La recherche d'alternatives bénéficie en conséquence d'un soutien croissant dans la communauté scientifique. "Nous avons assisté à un changement d'attitude spectaculaire. Il y a dix ans, c'était un créneau étroit dans lequel s'engageaient quelques scientifiques originaux, qui pensaient que les animaux étaient plus importants que les humains. Mais les alternatives ont fait leurs preuves", a commenté M. Hartung. Les nouvelles méthodes possèdent d'autres applications potentielles, parmi lesquelles l'expérimentation des aliments pour bébés, les thérapies cellulaires, les dispositifs médicaux, ou encore le contrôle de la pollution sur le lieu de travail. Lorsqu'on lui demande si cette avancée marque d'après lui le début de la fin de l'expérimentation animale, M. Hartung répond que la question dépend des convictions personnelles de chacun, mais qu'il ne prévoit pas une évolution aussi fulgurante de son vivant. "Dans le futur, nous disposerons de technologies que nous ne pouvons pas même imaginer aujourd'hui, mais les défis seront sensiblement plus grands dans certains domaines", a déclaré M. Hartung. Il a mentionné à ce propos l'exemple de l'étude des changements au cours de la durée de vie d'une cellule, qui est "très difficile à réaliser dans une éprouvette". Des progrès considérables sont toutefois anticipés dans ce domaine. "La volonté politique existe et les résultats sont là", a conclu M. Busquin.