La lutte des fourmis contre un champignon les transformant en zombies
Une équipe internationale de chercheurs vient de découvrir ce qui permet aux fourmis de lutter contre les infestations par le champignon «zombificateur» de fourmis: un champignon hyperparasite. Le champignon «zombificateur» de fourmis s'attaque au cerveau des fourmis, l'infecte et entraîne leur mort en les amenant vers un cimetière près de leur fourmilière. C'est là que le champignon germe pour s'extraire de la tête du cadavre de la fourmi. L'étude, présentée dans la revue PLoS ONE, était partiellement financée par le projet ANT FUNGI EP («From ecology to mechanisms of the extended phenotype»), qui a reçu une bourse des actions Marie Curie d'une valeur de plus de 214 000 euros au titre du septième programme-cadre (7e PC) de l'UE. «Dans un cas comme celui-ci, où la biologie est plus étrange que la fiction, le parasite du champignon 'zombificateur' de fourmis est lui-même un champignon, plus précisément un hyperparasite du parasite qui transforme les fourmis en zombies», explique le professeur David Hugues du Centre sur la dynamique des maladies infectieuses de l'université d'État de Pennsylvanie aux États-Unis, l'auteur principal de cette étude. «Le champignon hyperparasite castre le champignon 'zombificateur' de la fourmi de telle façon qu'il ne peut pas propager ses spores. En empêchant l'infection de se propager par le biais des spores, moins de fourmis sont infectées pour se transformer en zombie.» Les chercheurs ont créé un modèle qui a révélé des détails inconnus auparavant des interactions entre les fourmis infectées par le champignon et le champignon hyperparasite. Des études antérieures avaient montré que les fourmis luttent contre leurs ennemis microscopiques, et notamment contre les spores fongiques, par un toilettage réciproque. Dans cette étude, les chercheurs ont modélisé l'effet du comportement de la fourmi sur la limitation de l'infection. «Il est intéressant de constater qu'au-delà de l'effet bien connu du comportement défensif de la fourmi, notre nouvelle recherche révèle l'effet ajouté de l'action de castration du champignon hyperparasite, qui pourrait entraîner une grande limitation de la propagation du champignon 'zombificateur' de fourmis», expliquait le professeur Hugues. Les scientifiques rapportent que seulement 6,5% des organes produisant cette spore du champignon «zombificateur» de la fourmi reste viable. «Cela signifie que même si beaucoup de fourmis meurent ou sont infectées dans la colonie, seulement quelques spores du champignon 'zombificateur' arriveront à maturité et pourront infecter les fourmis saines», fait remarquer le professeur Hugues. «Nos recherches indiquent que le danger pour la colonie de fourmis est beaucoup plus faible que ce que la forte densité de cadavres des fourmis zombies dans le cimetière ne pourrait le suggérer. Cette interaction complexe entre les colonies de fourmis, leurs parasites manipulateurs de cerveaux et les autres champignons pouvant venir en aide à la colonie souligne bien l'importance de l'étude des insectes sociaux dans des conditions naturelles.» D'après le professeur Hughes, l'équipe poursuit ses efforts et «reste concentrée sur le théâtre passionnant qui se joue dans les sols de la forêt tropicale humide.» Des experts de l'université de Copenhague au Danemark et de l'université fédérale du Viçosa au Brésil ont contribué à cette étude. Le financement de cette étude provient également de la fondation danoise de la recherche nationale, du conseil national brésilien pour la recherche et de l'université d'État de Pennsylvanie.Pour de plus amples informations, consulter: PLoS ONE: http://www.plosone.org
Pays
Brésil, Danemark, États-Unis