Articles du CER - Le monde nous appartient: Décrypter les changements climatiques passés
Ces incertitudes ont encouragé le professeur Rosalind Rickaby et son équipe de l'université d'Oxford (Royaume-Uni) à mener des recherches plus poussées dans le cadre du projet GRACE. À l'aide d'un financement du CER, les chercheurs étudient les «archives géologiques vivantes» en décryptant les signaux climatiques enregistrés dans la composition génétique des organismes vivants. Durant l'évolution de la vie, les gènes accumulent des mutations dont certaines confèrent des avantages aux organismes et leur permettent de dominer les autres dans un contexte de changement climatique. Le professeur Rickaby tente de lire ces signaux génétiques comme un «téléscripteur» du changement climatique. Les micro-organismes marins utilisent l'enzyme «Rubisco» pour fixer le carbone lors de la photosynthèse. En étudiant les séquences génétiques dans le Rubisco moderne, le professeur Rickaby et son équipe sont retournés en arrière pour étudier le moment où les changements au niveau des conditions ambiantes, par exemple la température et le pCO2, ont provoqué une sélection positive permettant à l'enzyme Rubisco de muter et de s'adapter. Cette étude les aidera à mieux comprendre les implications des rapports isotopiques dans la signalisation du changement climatique, et à renforcer les connaissances de la façon dont ces organismes phytoplanctoniques contrôlent la distribution du carbone dans les océans au fil des périodes géologiques et à l'avenir. La recherche de l'équipe a généré des résultats très intéressants qui seront publiés sous peu. Le projet porte principalement sur les dernières 65 millions d'années, mais les gènes Rubisco ont révélé des signes importants de l'ère précambrienne, il y a entre 0,5 et 1 milliard d'années en arrière. De grands évènements se sont produits à cette époque: l'atmosphère était très différente et en pleine évolution; de grandes glaciations ont eu lieu et ont abouti à un phénomène de «Terre boule de neige»; et à la fin de cette période, il y a 540 millions d'années, le nombre et la diversité des organismes vivants ont explosé, c'est à ce moment que la vie sur Terre s'est réellement développée. Les résultats du projet GRACE ont démontré jusqu'ici que l'histoire retranscrite dans le matériel génétique des organismes vivants pourrait bien permettre aux scientifiques de remonter à un passé bien plus lointain que ce à quoi ils ne s'attendaient. - Source: Professeur Rosalind Rickaby - Coordinateur du projet: Université d'Oxford, Royaume-Uni - Titre du projet: Genetic record of atmospheric carbon dioxide - Acronyme du projet: GRACE - Site web du coordinateur du projet GRACE - Programme de financement du 7e PC (Appel du CER): Subvention de démarrage 2007 - Financement de la CE: 1 650 000 EUR - Durée du projet: 5 ans