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Contenu archivé le 2024-04-24

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Inverser les rôles: étudier la recherche sur les jeux d'argent

En général, on imagine que les anthropologues visitent des contrées reculées pour étudier des cultures «exotiques» ou des tribus considérées comme étant primitives. Mais qu'en est-il des cultures plus proches? Le professeur Rebecca Cassidy a dédié ses travaux à des études anthropologiques sur les cultures européennes du jeu d'argent. Dans le cadre du projet GAMSOC («Gambling in Europe») financé par le CER, elle a été encore plus loin avec son équipe, conduisant une étude anthropologique sur la communauté de la recherche axée sur les jeux d'argent.

Le secteur des jeux d'argent en Europe représente déjà 89 milliards d'euros et connaît une croissance et des changements rapides. Imperméable à la crise économique récente, il devrait représenter au niveau mondial 351 milliards d'euros en 2015. La nature des jeux d'argent et de hasard évolue également: les jeux en ligne, les services de jeux d'argent transfrontaliers et d'autres nouveautés permises par les technologies représentent une source de préoccupation pour les législateurs et les consommateurs. Leurs enjeux restent en outre mal compris. C'est pourquoi le projet GAMSOC, après avoir appliqué des méthodes de recherche anthropologique aux relations entre les jeux d'argent, la religion, le sexe, l'âge, la classe sociale et la législation, s'est ensuite attaché à appliquer ces mêmes méthodes au monde de la recherche sur les jeux d'argent. «Il est plus important que jamais d'étudier comment sont générées les connaissances sur les jeux d'argent et de hasard», explique le professeur Cassidy. «En tant qu'anthropologues, nous faisons partie de la même culture que les personnes que nous étudions. Et nous pensons que ceci nous donne l'occasion unique de nous demander: 'Pourquoi ne comprenons-nous pas mieux les jeux d'argent?'» Élargir le sujet Le rapport du projet, intitulé «Fair Game: producing gambling research», conclut que la recherche sur les jeux d'argent dépend beaucoup trop du soutien du secteur. Il souligne aussi que le secteur est souvent réticent à partager ses données avec les chercheurs. Il constate également un manque de transparence au niveau des relations du secteur avec les chercheurs et son influence sur ces derniers. «Notre rapport montre qu'il faut séparer le financement de la recherche», déclare le professeur. «Nous voulons ouvrir le débat: Qu'est-ce qu'une preuve? Comment peuvent-elles aider à créer le débat?» Le projet observe que les recherches sont souvent limitées dans leurs objectifs et tendent à se restreindre aux personnes pour qui les jeux d'argent sont devenus une obsession pathologique. Le financement est souvent proposé en soutien de recherches sur les personnes pour qui ces jeux sont devenus un «problème» ou une addiction, au lieu de porter sur les implications sociales et culturelles pour une société dans laquelle les jeux d'argent et de hasard prennent toujours plus d'importance. «Le financement de la recherche est souvent limité à l'addiction aux jeux de hasard et d'argent», déclare le professeur Cassidy, «avec le sous-entendu implicite qu'ils sont inoffensifs pour les autres personnes. Cette attitude escamote les questions concernant l'impact des jeux d'argent sur la communauté dans son ensemble.» «La question est de savoir quelle est l'efficacité des dispositifs actuels de protection du public?», ajoute-t-elle. «Il tend à y avoir une forte résistance contre les réglementations jusqu'à ce que les chercheurs puissent présenter la 'preuve d’un lien de causalité avec l’effet nocif'. Mais dans bien des cas, ceci peut rester impossible.» Les chercheurs proposent dans le rapport des recommandations détaillées qui, espèrent-ils, influenceront le soutien futur aux travaux dans ce domaine. Ils suggèrent par exemple de mettre en place un code d'éthique professionnel, de financer la recherche pour une plus large gamme de sujets et avec une plus grande variété de méthodologies, et de taxer le secteur des jeux d'argent afin de fournir des fonds publics pour cette recherche. Des travaux pratiques Les quatre chercheurs composant l'équipe de GAMSOC ont déjà conduit des études de cas approfondies sur différentes cultures de jeux d'argent comme les casinos chinois, les croupiers en Slovénie, les jeux d'argent en ligne dans les pays en voie de développement et les tables de blackjack à Chypre. Ces travaux ont été publiés en 2013. «Par exemple, pour mon étude précédente sur les courses de chevaux, j'ai habité et travaillé à Newmarket, l'épicentre du secteur des courses hippiques en Angleterre», explique le professeur Cassidy. «Mais pour ce projet, la communauté de chercheurs était très large, aussi nous avons organisé différentes conférences, des évènements et des entretiens avec les différentes parties prenantes.» Au total, le projet a contacté 143 personnes et organisé des entretiens avec 109 d'entre elles. Le Royaume-Uni était la cible principale avec 67 entretiens, mais le projet a aussi couvert Hongkong, Macao et la Slovénie, où les secteurs du jeu sont très différents du marché plus mature qu'est le Royaume-Uni. «Le secteur n'est pas homogène», souligne le professeur Cassidy. «Nous avons constaté une grande diversité d'opinions dans le secteur, ce qui a généré des informations que le secteur n'avait pas encore considérées, y compris des réponses très candides à la question: 'pourquoi la recherche est-elle limitée?'» «Grâce au financement du CER, nous avons bénéficié d'une position privilégiée qui nous a réellement permis d'étudier comment s'effectue la recherche sur les jeux, et d'une façon qui aurait été impossible sans ce soutien indépendant», souligne le professeur Cassidy. «Ce soutien nous a encouragé à prendre des risques et à poser des questions difficiles et moins évidentes. Les subventions de démarrage du CER ont effectivement un point commun; elles encouragent à sortir des sentiers battus et à poser de nouvelles questions.» Plus d'informations: Site web du professeur Rebecca Cassidy: http://www.gold.ac.uk/gamblingineurope/ Blog du projet GAMSOC: http://gamblingacrossborders.wordpress.com/ Pour télécharger le rapport «Fair Game: producing gambling research»:http://www.gold.ac.uk/gamblingineurope/report/ Vidéo du discours du professeur Cassidy à la conférence Falling Walls 2011: http://falling-walls.com/videos/Rebecca-Cassidy-1116 Bande-annonce du rapport «Fair Game»: http://www.youtube.com/watch?v=sFi4tvfFbJU&feature=youtu.be Vidéo «The Bela game»: http://www.youtube.com/watch?v=rRfEW22_FfQ Projet: Chercheur principal: Professeur Rebecca Cassidy Institution d'accueil: Goldsmiths College, University of London, Royaume-Uni Projet: Gambling in Europe (GAMSOC) Appel du CER: Subvention de démarrage 2010 Durée du projet: 5 ans Financement du CER: 1 200 000 euros

Mots‑clés

GAMSOC, ERC, EU, recherche sur les jeux d'argent