Une nouvelle approche de l'évaluation du risque chimique
Comme son nom l'indique, le ver de vase Tubifex tubifex (T. tubifex) est un habitant commun des sédiments lacustres et fluviaux. Il peut survivre dans des environnements pauvres en oxygène et présentant des niveaux élevés de pollution, ainsi qu'en cas de sécheresse ou de pénurie de nourriture. Ce ver n'est cependant pas épargné par la contamination par les métaux. Le projet ASAP a étudié l'impact sur T. tubifex de trois métaux associés aux sédiments: le cuivre, le cadmium et le nickel. Les chercheurs ont appliqué à des vers individuels le modèle toxicocinétique-toxicodynamique GUTS (general unified threshold model of survival) et le modèle DEBkiss. Les résultats ont été extrapolés au niveau de la population au moyen d'une modélisation IBM. Les résultats ont montré que le stress chimique induit par les métaux provoquait différentes variations de l'énergie consacrée à la reproduction. Cet effet pourrait être mesuré comme une modification de la capacité reproductrice. Le stress dû au cuivre a augmenté l'énergie investie dans l'effort reproductif alors que le cadmium a modifié l'allocation de l'énergie disponible. Le nickel a de son côté montré un effet hormétique, par lequel une faible de dose de toxine entraîne une réponse forte suivie d'une réponse plus faible lorsque la dose augmente. Cet effet s'est traduit par un délai de reproduction plus long. À l'exception du nickel dans une moindre mesure, le stress métallique a entraîné des changements de la production de juvéniles qui pourraient être dus à des effets sur les adultes provoquant une altération des embryons ou à des effets sur les stades juvéniles. L'utilisation de GUTS pour modéliser la survie du ver a révélé que la sélection du paramètre affecté, la mesure du dosage, affecte la qualité de l'ajustement du modèle. Dans le cas du cuivre, la fraction de cuivre métaboliquement disponible assurait un ajustement plus sensible du modèle. ASAP a réalisé des premières dans l'utilisation d'un cadre de modélisation pour les données chronologiques issues de tests de toxicité sur l'ensemble des sédiments et l'intégration de la concentration interne de métal plutôt que de concentrations internes extrapolées. Il a également mis en évidence l'importance de la mesure du dosage la plus appropriée pour réduire l'incertitude du modèle et découvrir les effets physiologiques de la toxicité des métaux. L'équipe est convaincue que cette approche peut être utilisée pour développer des modèles normalisés pour l'évaluation du risque chimique.
Mots‑clés
Évaluation du risque chimique, modélisation, T. tubifex, métal, ASAP, mesure du dosage
