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Des chercheurs italiens étudient la santé des bébés en prison

Pour la toute première fois, des chercheurs en Italie se sont penchés sur la santé des enfants nés de mères emprisonnées. L'étude a examiné les agendas cliniques des enfants ayant vécu en prison pendant un an et demi entre 2003 et 2005. Les résultats de l'étude ont été publiés...

Pour la toute première fois, des chercheurs en Italie se sont penchés sur la santé des enfants nés de mères emprisonnées. L'étude a examiné les agendas cliniques des enfants ayant vécu en prison pendant un an et demi entre 2003 et 2005. Les résultats de l'étude ont été publiés dans la revue Scandinavian Journal of Public Health; ils montrent que ces enfants représentent un groupe vulnérable nécessitant des soins de santé spécifiques. Selon la loi italienne, les enfants de mères condamnées à une peine de prison ou dans l'attente d'un jugement peuvent vivre dans des «nids» spécifiques de la prison. Cependant, malgré la proximité de leurs mères, il existe un inconvénient certain à ce privilège: les enfants doivent rester dans l'enceinte de la prison. Fin 2005, une centaine d'enfants âgés de trois ans ou moins vivaient avec leur mère en prison. Le parlement italien a accordé une grâce importante aux prisonnières en 2006, ce qui a permis de réduire considérablement le nombre d'enfants en prison. Des chercheurs de la Policlinico Agostino Gemelli, l'institut de la clinique pédiatrique de l'université catholique de Rome, ont évalué la santé des enfants vivant dans la plus grande prison de la capitale italienne, la «Casa di reclusione di Roma Rebibbia». Le groupe témoin se composait de 150 enfants. Les chercheurs ont également utilisé les données de 150 enfants du même âge ayant consulté dans les services de chirurgie pédiatrique de l'hôpital Gemelli et de 91 enfants de parents immigrés vivant en Italie (aucun des groupes ne vivait en prison) à titre de comparaison. Ils ont tout d'abord mesuré l'âge gestationnel (c'est-à-dire le temps qui s'écoule entre la conception et la naissance) et ont découvert que l'âge gestationnel de 20% des enfants ayant vécu en prison se situait en dessous de 37 semaines (la durée moyenne d'une grossesse) contre 9% d'enfants d'immigrés et seulement 5% d'enfants italiens. «Bien sûr, les facteurs de risques environnementaux ont un grand impact», déclare le Dr Pietro Ferrara de l'institut de clinique pédiatrique, l'un des coauteurs de l'étude. «Les femmes qui se retrouvent en prison développent souvent des infections et ont de mauvaises habitudes, à savoir qu'elles fument ou consomment des stupéfiants; par ailleurs, la grossesse est rarement prise en charge de manière satisfaisante.» D'après les chercheurs, l'allaitement est également un point important. Environ 70% des mères des trois groupes allaitent activement leurs bébés; la majorité des mères souhaite s'occuper elles-mêmes de leurs enfants. Le sevrage a cependant lieu plus tôt pour les enfants en prison. «Un sevrage précoce peut prédisposer les enfants à l'hypertension et l'obésité», fait remarquer le Dr Ferrara. «Une interruption prématurée du contact avec le lait de la mère peut également mener à un sensibilisation aux antigènes alimentaires, à une prédisposition aux allergies et à une augmentation du risque d'intoxication aux substances telles que les conservateurs ou les colorants alimentaires», ajoute-t-il. «En effet, les processus de désintoxication chez les nouveau-nés ne sont pas encore bien développés.» Le facteur de différentiation le plus flagrant entre les enfants nés en prison et à l'extérieur est le statut immunitaire, expliquent les chercheurs. «Nous avons été très surpris de cette constatation. Chez les enfants italiens, le taux de couverture vaccinale atteint les 100%, ce qui signifie que presque tous les enfants reçoivent tous les vaccins nécessaires», souligne le Dr Ferrara. «Les enfants d'immigrés, qui connaissent de plus grands problèmes logistiques et culturels, parviennent encore à atteindre un taux de 80%. En revanche, 14% au plus des enfants vivant en prison ne reçoivent pas les vaccins nécessaires», explique-t-il. «Bien entendu, nous parlons dans ce cas d'un petit nombre d'enfants, mais il ne faut pas oublier qu'ils courent de grands risques.» Malgré les chiffres alarmants, les chercheurs gardent espoir. «Tout d'abord car nous avons vérifié qu'aujourd'hui, les prisons disposent d'un bon niveau d'assistance en matière de santé», déclare le Dr Ferrara, ajoutant que les médecins prennent des mesures préventives. On apprend aux femmes à sevrer leurs enfants et on leur explique comment les vacciner. Les dernières données montrent que le nombre d'enfants vaccinés a doublé. «De grands progrès restent à faire, mais n'oublions pas que les enfants restent dans l'enceinte de la prison pour des durées variables et qu'il est donc difficile de les suivre une fois sortis.» Le Dr Ferrara a souligné que ces recherches, bien que n'étant qu'à leurs balbutiements, peuvent être renforcées. Il fait cependant remarquer que l'assistance préventive et thérapeutique en prison prend une tournure positive.

Pays

Italie