Une nouvelle technique pour accélérer le développement des médicaments
Des chercheurs travaillant au Laboratoire européen de biologie moléculaire (LEBM) à Grenoble, en France, ont développé une nouvelle technique permettant d'introduire en une seule fois jusqu'à 15 marqueurs fluorescents dans une cellule de mammifère. Leurs travaux pourraient accélérer le développement et le dépistage de médicaments. L'étude a été financée en partie par le projet P-CUBE («Protein production platforms»), soutenu à hauteur de 6,6 millions d'euros au titre de la ligne budgétaire Infrastructures de recherche du septième programme-cadre (7e PC). Imre Berger du LEBM avait développé une technique qui permettait aux chercheurs de créer l'équivalent d'une brosse de maquillage qui pouvait être appliquée en une seule fois et soulignait plusieurs différentes caractéristiques simultanément. Ainsi, les cellules étaient marquées par une étiquette fluorescente pour indiquer les différents composants en plusieurs couleurs, par exemple bleu pour le noyau, jaune pour la tubuline (un composant cellulaire important), rouge pour les mitochondries, bleu-vert pour les membranes des vésicules appelées endosomes, et violet pour les autres structures des membranes. Cette technologie avait été créée par le Dr Berger dans le cadre d'une méthode appelée MultiBac et était utilisée pour l'expression de complexes protéiques dans des cellules d'insectes. Dans cette dernière étude, publiée dans la revue Nature Communications, le Dr Berger et Philipp Berger du Paul Scherrer Institut (PSI) à Villigen, en Suisse, ont uni leurs forces pour approfondir cette technologie, en adoptant le concept aux cellules de mammifères comme les nôtres pour la toute première fois. Cette démarche a impliqué la fabrication d'un vecteur unique pour rendre un nombre théoriquement illimité de gènes étrangers sur une cellule. Jusqu'à ce jour, les scientifiques étaient parvenus à obtenir jusqu'à 15 gènes de cette manière. La protéine encodée par chacun de ces gènes porte une étiquette fluorescente, ce qui rend l'étiquetage multiple plus efficace par rapport aux méthodes antérieures. Cette nouvelle technique d'étiquetage pour les cellules de mammifères, baptisée MultiLabel, contribuerait à accélérer le développement et le dépistage de médicament, car elle permet aux chercheurs d'étiqueter de nombreux composants cellulaires impliqués dans une maladie donnée et de les suivre simultanément. «L'introduction d'informations génétiques hétérologues, notamment de gènes multiples, dans les cellules de mammifères est une technologie clé dans la recherche contemporaine de biologie expérimentale», commentent les chercheurs. «La co-expression de détecteurs fluorescents est nécessaire pour l'analyse simultanée de plusieurs paramètres dans les cellules vivantes et la co-expression de plusieurs protéines est nécessaire pour la manipulation du destin de la cellule dans la biologie des cellules souches. Les technologies actuelles pour l'expression multigène dans les cellules mammifères sont inefficaces, peu flexibles et très longues.» L'équipe expliquait que MultiLabel était «un système eucaryote d'expression modulaire de plasmide très efficace et innovant». Le projet P-CUBE vise à offrir aux utilisateurs européens un accès libre aux techniques les plus performantes de clonage, d'expression, de caractérisation protéique et de cristallisation. À cette fin, des scientifiques britanniques et suisses participant au projet partagent régulièrement leur expertise pour améliorer les technologies et procédures de normalisation dans le but de diffuser ce savoir-faire et expertise dans toute l'Europe.
Pays
Suisse, France, Royaume-Uni