Contrôler l'autophagie
Le stress affecte l'organisme entier, et les cellules en ressentent également les effets. En cas de stress important, une cellule dégrade ses propres parties et les recycle pour son métabolisme. Ce processus est appelé autophagie (qui vient du grec et signifie «se manger soi-même») ou encore autophagocytose. Il s'agit donc de la dégradation de composants cellulaires qui garantit la survie cellulaire pendant une période de carence nutritionnelle, pour maintenir les taux énergétiques de la cellule. L'autophagie régulée assure la synthèse et le recyclage des composants cellulaires. Des scientifiques allemands ont découvert que l'autophagie est régulée par un «frein moléculaire», qui assure que le contrôle ne soit pas perdu. Les résultats ont été présentés dans la revue Cell Death & Differentiation. Les processus cellulaires ne se déclenchent que s'ils sont nécessaires et se désactivent une fois le besoin comblé. «Dans une cellule, il existe un réseau de molécules», explique le professeur Ingo Schmitz du Centre Helmholtz de recherche sur les maladies infectieuses (HZI) en Allemagne. «Entre elles, des informations sont constamment échangées. On peut comparer ce réseau au système de métro d'une grande ville.» Les chercheurs ont examiné les différents arrêts sur chaque ligne, ce qui n'est pas une chose facile. Les informations obtenues quant à ces trajets permettraient d'aider les scientifiques à décoder les molécules impliquées dans les processus de transduction de signaux cellulaires. Elles pourraient également, d'après l'équipe, aider à mieux comprendre les maladies découlant de défaut dans ces «voies d'informations». Dans cette étude, les chercheurs ont examiné comment les composants cellulaires plus grands destinés à la dégradation et au recyclage sont intégrés dans une petite vacuole, appelée autophagosome. Un autophagosome fusionne avec un autre, déclenchant ainsi la digestion du contenu de l'autophagosome. «L'autophagie est un mécanisme de survie qui s'assure que la cellule peut obtenir les nutriments nécessaires en cas de carence», explique le professeur Schmitz. L'équipe a coloré des molécules spécifiques et les autophagosomes cellulaires pour mieux déterminer les molécules régulant la formation de ces vacuoles de digestion. Les cellules étaient soumises à une carence ou une infection était simulée pour induire l'autophagie. Les chercheurs ont découvert que les cellules ont également activé des molécules inhibant l'autophagie, «comme un frein d'urgence qui s'assure que l'autophagie est bien maîtrisée», commentent les scientifiques. Pendant les recherches, les chercheurs ont découvert que la protéine p38 était impliquée. Alors que p38 se trouve généralement dans le noyau cellulaire, une fois activée en cas de stress, elle se retrouve à la surface de l'autophagosome. Là, elle modifie la molécule Atg5, bloquant ainsi la dernière étape de l'autophagie. La petite vacuole est créée, inhibant donc l'autophagie. Par la suite, les cellules déclenchent le frein moléculaire d'urgence. Si ce frein ne fonctionne pas, une maladie peut se déclarer. Le co-auteur Ralf Hocker de l'HZI explique que les résultats montrent «l'importance d'une bonne régulation précise de l'autophagie». Des chercheurs de l'université de Magdebourg, de l'université Heinrich Heine de Düsseldorf et de l'université de Tubingue, toutes en Allemagne, ainsi que de la Faculté de médecine de l'université Temple aux États-Unis ont participé à cette étude.Pour plus d'informations, consulter: Centre Helmholtz de recherche sur les maladies infectieuses (HZI): http://www.helmholtz-hzi.de/en/ Cell Death & Differentiation: http://www.nature.com/cdd/index.html
Pays
Allemagne, États-Unis