Pari releve pour Rockwood
Cette fabrication générant des rejets d'eau résiduaires contenant des sels, cette usine classée "Seveso 2" a du s'adapter. Résultat : un deuxième Prix national des techniques économes et propres décerné par l'ADEME lors du Salon Pollutec 2003 en décembre dernier. Pour graver leurs tranches de silicium, les fabricants de semi-conducteurs utilisent des produits chimiques ultrapurs. Produire ces derniers, tel est le métier de l'usine de Rockwood Electronic Materials, située à Saint-Fromond, dans la Manche. Ces produits, tout le monde les connaît. Ils ont pour noms acides chlorhydrique et nitrique, ammoniaque, fluorure d'ammonium. "Notre savoir-faire consiste à ultrapurifier ces produits à l'aide de procédés de distillation ou de passage sur des résines échangeuses d'ions à pouvoir spécifique", explique Philippe Calot, Directeur des opérations du groupe en France. A ce titre, il est responsable de toutes les usines et dépôts de chimie ultrapure dans l'Hexagone. Sur le site de Saint-Fromond, classé "Seveso 2", six à sept millions de litres de ces produits chimiques ultrapurs sont produits chaque année ce qui représente environ 10 000 tonnes. Seul problème : une telle production génère chaque mois plus ou moins quatre-vingt tonnes d'eaux résiduaires de lavage et de rinçage, des eaux qui contiennent 50g/l de sels. Recyclage de 90% des eaux résiduaires Le problème est d'autant plus préoccupant quand on sait que cette usine est installée depuis 1982 dans une zone écologiquement sensible, qui plus est intégrée au Parc naturel des marais du Cotentin et du Bessin en 1990. Les rejets directs y sont en effet interdits. Aussi, chaque année jusqu'en 2002, 40 à 45 citernes chargées d'eaux résiduaires ont-elles pris la direction d'une usine située à Lillebonne, en Seine-Maritime. Coût annuel de l'opération : 171 000 euros. Cependant, cette solution ne satisfait pas Philippe Calot, tant du point économique qu'au niveau environnemental. "Comment accepter de payer une telle somme quand on sait que seul un tiers de la charge saline était éliminée, le reste allant en Baie de Seine", souligne-t-il. A la fin des années 90, décision est donc prise de développer un procédé original en collaboration avec une entreprise allemande. L'option "osmose inverse" ayant été éliminée en raison d'une salinité initiale des eaux trop élevée, le choix se porte sur l'évapo-concentration, une solution classique mais délicate à mettre en oeuvre en raison de la présence des produits agressifs présents dans les rejets. "Nous avons choisi un échangeur en carbone. Il s'agit plus exactement d'une résine fortement chargée en carbone", explique Philippe Calot. Les premiers essais ne sont pas fameux. Le matériau est en effet fragile d'où des cristallisations dans l'échangeur et des tubes cassés ce qui implique à chaque fois des réparations. Beaucoup d'essais en laboratoire vont être nécessaires avant de trouver une solution originale qui évite la cristallisation à l'intérieur des tubes. Ne cherchez surtout pas à en savoir plus sur ce procédé, Philippe Calot ne souhaite pas communiquer davantage sur le sujet afin de protéger ce savoir-faire qui pourait intéresser ses clients. Difficile, les réglages de l'installation auront nécessité six mois de travail acharné. "Cela n'a pas été facile de trouver l'équilibre. En effet, il ne fallait pas être trop basique au risque de relarguer de l'ammoniac, ou encore trop acide et relarguer alors de l'acide chlorhydrique par exemple". Toujours est-il que les résultats obtenus sont là pour prouver de l'efficacité de la solution. Seules quatre citernes d'eaux résiduaires sont sorties de l'usine de Saint-Fromond en 2003. "Nous recyclons quasiment 90% de nos eaux. L'eau que nous produisons est un peu meilleure que de l'eau de ville", tient-il à souligner. Coût de l'opération qui a bénéficié de subventions régionales : 275 000 euros dont 220 000 pour l'évapo-concentrateur. Avoir toujours une avance technologique Couronnée par plusieurs prix, dont notamment le deuxième Prix national des technologies économes et propres de l'Ademe, décerné lors du salon Pollutec 2003, cette opération s'inscrit parfaitement dans la stratégie d'ensemble de cette usine qui, rappelons-le, est la seule en France à disposer de véritables capacités d'ultrapurification. "Notre objectif est d'avoir toujours une avance technologique dans notre métier. C'est la raison pour laquelle au sein même de l'usine quatre personnes sur un effectif de cinquante personnes se consacrent à la R&D", note Philippe Calot. Plus généralement, cet ingénieur chimiste rappelle que les techniciens supérieurs représentent 60% des effectifs de l'usine de Saint-Fromond. Précisons également que cette dernière abrite un des deux ou trois laboratoires les mieux équipés en France pour l'analyse des produits ultrapurs et que Rockwood occupe la première place en termes de capacité analytique de l'eau ultrapure. "Nous avons des contrats d'analyse avec les plus grands noms du secteur des semi-conducteurs qui nous adressent des échantillons, notamment du sud de la France. Pour eux, nous réalisons des prouesses technologiques au quotidien afin qu'ils puissent disposer de leurs résultats dans des délais extrêmement courts". Des performances dont peut s'enorgueillir cette petite structure nichée au coeur d'un environnement exceptionnel. Contact - ,Philippe Calot, Directeur des Opérations en France,Rockwood Electronic Materials,Tél. +33 (0)2.33.75.64.00 Fax. +33 (0)2.33.55.45.27,e-mail: pcalot@rockmat.com,http://www.rockemat.com/ Source : lettre "ScienceTech Basse-Normandie",http://www.basse-normandie.net/lettre,abonnement gratuit e-mail: subscribe.lettre.bn@adit.fr ,
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France