Combattre le dopage dans le sport
Dans un monde où les sportifs de haut niveau peuvent gagner d'énormes sommes d'argent, la tentation de recourir illégalement à des substances dopantes n'a jamais été aussi grande. Un nouveau rapport, qui suggère des moyens pour combattre ce problème, vient d'être présenté à la Commission européenne par le Comité international olympique. Contexte Lorsque Ben Johnson a remporté l'épreuve du 100 mètres aux Jeux olympiques de Séoul en 1988, une vague de fierté a déferlé sur le Canada, son pays d'adoption. Le lendemain, c'est avec un sentiment d'angoisse national que les Canadiens ont accueilli la nouvelle : Ben Johnson s'était vu retirer sa médaille à la suite du résultat positif à un test de dopage aux stéroïdes anabolisants interdits. Plus récemment, le Tour de France 1998 a tourné à la farce quand la police et les douanes ont découvert des voitures pleines de substances dopantes. Il ne s'agit là que de deux exemples parmi d'autres d'utilisation illégale de drogues destinées à améliorer la performance des sportifs. L'étendue du problème est bien plus vaste. On ne saura probablement jamais avec certitude combien d'athlètes consomment des substances illicites. Mais de plus en plus de preuves témoignent de la propagation du problème à tous les échelons du sport, des professionnels de haut niveau aux amateurs, et parfois même jusqu'aux enfants. Non seulement l'utilisation de drogues par les concurrents est illégale, mais elle peut également, à court, moyen ou long terme, avoir des répercussions catastrophiques sur la santé physiologique et psychologique de ceux qui en abusent. C'est une menace qu'il s'agit de combattre. Malheureusement, l'approche des parties concernées - comme les autorités sportives et les instances responsables du maintien de l'ordre - a été, jusqu'ici, fragmentée. Même si un concurrent est mis en cause par un contrôle antidopage, le recours à des techniques d'échantillonnage inadéquates et à des procédures de test imparfaites permet souvent à d'habiles avocats de contester ces preuves devant la cour d'appel. Une approche concertée s'impose. C'est le message lancé par le rapport "Harmonisation des méthodes et des mesures de lutte contre le dopage dans le sport" qui a récemment été présenté à la Commission européenne par la commission médicale du Comité International Olympique (CIO). Information S&T sur le projet, impact et résultats Ce rapport est le fruit du projet de recherche "Hardop", soutenu par l'UE à concurrence de 180 000 euros depuis son lancement en 1998. L'objectif du projet Hardop consistait à identifier les conditions nécessaires à la recherche pour combattre le dopage. Dans cette perspective, les partenaires du projet ont organisé une série de forums de discussion et préparé un certain nombre de questionnaires ciblés afin d'entendre l'opinion des organismes et des personnes concernées : instances sportives, athlètes, responsables de laboratoire et journalistes. Les résultats indiquent le besoin de coordonner la recherche par un organisme central. En effet, des substances dopantes de plus en plus sophistiquées sont continuellement mises au point et ne peuvent être décelées qu'à l'aide de nouvelles techniques. En outre, un organisme habilité à délivrer des accréditations devrait harmoniser les matériaux de référence, les procédures de tests antidopage et l'application de contrôles de qualité. La même autorité devrait jouer le rôle d'interlocuteur officiel pour toutes les parties impliquées dans la problématique du dopage, comme les douanes, la police et les tribunaux nationaux, et les fédérations sportives. Cette autorité encouragera également à améliorer la formation et à promouvoir la diffusion de l'information. La création de la nouvelle "Agence Mondiale contre le dopage" est clairement la reconnaissance que le dopage reflète un problème de société plus vaste. Elle s'inscrit dans la ligne des priorités du Cinquième Programme-cadre (5e PC), qui incite à faire intervenir la recherche dans les problèmes qui concernent les citoyens européens. Les deux domaines d'étude principalement concernés sont la recherche médicale (effets du dopage sur la santé, nouvelles techniques de détection des substances dopantes, formation et diffusion de l'information), et la détection scientifique de la fraude (techniques de mesure, matériaux et substances de référence), qui relèvent des programmes thématiques du 5e PC "Qualité de la vie et gestion des ressources du vivant" et "Croissance compétitive et durable". Structure du partenariat mis en place La création de cette agence fut abordée pour la première fois lors de la Conférence mondiale sur le dopage, à Lausanne en février 1999. Diverses instances intergouvernementales devraient coopérer pour sa mise sur pied, telles que l'Union européenne, le Conseil de l'Europe, la Confédération arabe des sports et le Conseil supérieur du sport en Afrique. Un certain nombre d'organismes internationaux, dont l'Organisation mondiale de la santé, le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues et Interpol joueront également un rôle.