Vers des prévisions météo décennales
L'état des océans et leur influence sur l'atmosphère sont utilisés afin de prédire l'évolution du climat mondial au cours des prochaines années. C'est un domaine relativement nouveau stimulé par les supercalculs, par des modèles plus sophistiqués et par la disponibilité de mesures de grande qualité sur le système climatique. Puisqu'il s'agit d'une toute nouvelle façon de faire des prévisions, il faut avoir confiance en l'expertise de ces modèles. Dans le projet INCLIDA, financé par l'UE, des prévisions décennales ont été testées avec une méthode d'initialisation avancée qui s'était révélée utile aux prévisions météorologiques. Ces dernières dépendent de l'exactitude de l'état initial car l'influence des forces externes est quasi imperceptible. Les prévisions climatiques décennales prennent pour situation de départ des conditions éloignées du climat actuel et donc échouent à prédire les variations d'une année à l'autre et la plupart des variations sur une décennie. La méthode utilisée par les scientifiques du projet INCLIDA afin d'initialiser le système dynamique modélisant l'atmosphère terrestre est l'assimilation de données. Il s'agit d'estimer l'état initial d'un modèle à partir d'un ensemble de mesures éparses. Plus spécifiquement, le filtre de Kalman utilise les statistiques tirées d'un groupe de prédictions pour obtenir, grâce à de nouvelles mesures, une estimation des paramètres et de l'erreur. Cette méthode est très consommatrice de puissance de calcul puisqu'elle requiert l'intégration de modèles. Les scientifiques du projet INCLIDA ont combiné EC-Earth, une modélisation très avancée du système terrestre comprenant une atmosphère, les océans, les mers de glace et les continents, avec le filtre de Kalman étendu et d'autres algorithmes d'estimation de l'état initial. Dans le but de mettre à l'épreuve cette nouvelle approche, ils ont fait des prévisions décennales rétrospectives sur le siècle dernier. Des prévisions décennales ont pu être établies du 1er janvier 1960 au 31 décembre 2012, ce qui est proche des limites du modèle. Les résultats sont décrits dans deux articles scientifiques publiés dans la presse spécialisée internationale. Bien qu'encourageants, ces résultats reposent sur une solution artificielle issue du même modèle à différentes périodes. Le modèle et ses prévisions étant loin d'être parfaits, il faut espérer que l'initiative INCLIDA suscitera des propositions d'amélioration des calculs de la part d'autres spécialistes en modélisation.
