Les députés européens plaident pour une réorientation de la recherche agronomique
Le 11 février dernier, le Parlement européen a adopté un rapport d'initiative appelant la Commission à accorder une plus grande attention à la durabilité de l'agriculture dans le cadre des sixième et septième programmes-cadres, et non aux technologies de production de denrées alimentaires. Suite aux dernières décisions prises dans le cadre de la réforme de la Politique agricole commune (PAC), les députés européens estiment qu'il convient de redistribuer les fonds pour la recherche afin de faciliter les études sur le développement rural, la protection des consommateurs, les aspects environnementaux et sociaux de l'agriculture et les normes liées au bien-être des animaux. Le rapport du député européen allemand Friedrich-Wilhelm Graefe zu Baringdorf déclare que « la recherche de l'amélioration de la qualité et de la sécurité des denrées alimentaires par le renforcement du lien entre les consommateurs et les producteurs (approche de l'étable à la table) doit demeurer un élément important, mais elle doit être élargie ». Le rapport affirme également que la part des fonds consacrés à l'agriculture et au développement rural au titre du 6ème PCRD est trop faible pour un secteur qui « remplit bien d'autres missions que la seule production de denrées alimentaires, d'énergies renouvelables et de cultures énergétiques. » « Le renforcement de la dotation de la recherche et son orientation valable eu égard à la thématique à l'examen peuvent permettre de définir un axe innovant dans le domaine des méthodes d'exploitation respectueuses de la nature et du développement rural durable », selon les propos du rapport. Dans ce contexte, l'amélioration de la sécurité des produits, la qualité de la vie et la résilience de la nature occupent une place centrale. Le rapport remet en question la façon dont, jusqu'à présent, on a établi les priorités relatives aux divers aspects de la recherche agronomique, affirmant que « la Commission a défini l'innovation comme étant le développement de nouvelles technologies en vue de la rationalisation de la production de denrées alimentaires, et les connaissances locales et traditionnelles diversifiées en matière d'utilisation durable des ressources naturelles au sein des communautés rurales ne sont guère prises en considération. » Le rapport souligne également que « les crédits de recherche européens ne devraient pas être affectés à la mise en ouvre de stratégies d'acceptation », se référant aux études sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) et la conservation des aliments par irradiation. D'après M. Graefe zu Baringdorf, « il s'agit de la mission exclusive des acteurs économiques qui veulent mettre sur le marché de nouvelles technologies. » Le rapport soutient plutôt une orientation des fonds vers la recherche au sein des exploitations. « De tels projets de recherche renforcent la pertinence sur le terrain des solutions, font appel à des connaissances efficaces, déjà disponibles auprès des praticiens et souvent négligées, et accélèrent la mise en ouvre des résultats de recherche », déclare le rapport.