Pression accrue exercée sur les États-Unis pour le soutien de la recherche sur les cellules souches embryonnaires
Nancy Reagan, ancienne première dame des États-Unis, a rejoint 100 scientifiques lauréats du prix Nobel et 206 membres du Congrès américain dans leur critique à l'encontre de l'administration Bush, suite à la décision de cette dernière de limiter le financement de la recherche sur les cellules souches. Lors d'une manifestation organisée par la Juvenile Diabetes Research Foundation (fondation de recherche sur le diabète juvénile), le 8 mai, Mme Reagen, dont le mari, l'ancien président Ronald Reagen, est atteint de la maladie d'Alzheimer, a déclaré estimer que la recherche sur les cellules souches "est susceptible d'apporter à nos scientifiques de nombreuses réponses restées pendant si longtemps hors de notre portée [...]. Je ne comprends tout simplement pas comment nous pouvons nous détourner de cette question." Depuis de nombreuses années, le débat sur les cellules souches embryonnaires aux États-Unis est l'un des plus épineux qui ait agité les milieux scientifique et politique. Les scientifiques considèrent que les cellules souches embryonnaires, à partir desquelles il est possible de créer l'ensemble des cellules et des tissus du corps humain, ont la capacité de réparer des organes ou de traiter des maladies telles que le diabète, la maladie de Parkinson ou la maladie d'Alzheimer. Toutefois, pour pouvoir cultiver des colonies, ou lignées, de cellules souches capables de s'auto-renouveler indéfiniment, les chercheurs doivent détruire des embryons humains afin d'en extraire des cellules souches. Ce processus est donc éminemment controversé et a suscité une critique virulente de la part de certains groupes religieux. M. Bush a réagi en limitant le financement fédéral attribué à la recherche sur les cellules souches provenant d'embryons humains aux colonies crées avant le mois d'août 2001. Les États-Unis se trouvent désormais dans une position similaire à celle de l'UE où un moratoire de facto sur les recherches en matière de cellules souches financées au titre des programmes-cadres de l'UE est actuellement en vigueur. Cette politique de restriction de la recherche fondée sur des préceptes moraux a été vivement critiquée par les chercheurs qui lui reprochent d'entraver la science. En outre, de nouvelles recherches étayent la théorie selon laquelle les cellules souches embryonnaires ont un plus grand potentiel dans le traitement du diabète que les cellules souches provenant de personnes adultes. En effet, Douglas Melton, biologiste cellulaire de l'université de Harvard, a soutenu, dans le dernier numéro de Nature, que "seules les cellules souches embryonnaires sont capables de se transformer en 'cellules bêta' productrices d'insuline, celles-là même qui sont détruites ou font défaut chez quelque dix pour cent de diabétiques. [...] Actuellement, les cellules souches embryonnaires sont le seul type de cellules souches incontestablement capables de se différencier en cellules bêta." Cette découverte a amené 206 membres du Congrès américain à signer une lettre exhortant le président à financer des études sur les embryons en surplus disponibles dans les cliniques de fertilisation in vitro qui seraient autrement mis au rebut. L'administration Buch a cependant déclaré qu'elle n'avait nullement intention de changer de politique. "Le président est soucieux d'explorer les promesses de la recherche sur les cellules souches", a déclaré Trent Duffy, porte-parole de M. Bush, "mais il persiste à croire que nous ne devrions pas transgresser un principe moral fondamental en encourageant la destruction d'embryons humains".