L'UE active en matière de lutte contre les virus tueurs
Un nouveau projet européen visant à s'attaquer à la résistance accrue de certains virus aux médicaments a été lancé à Lyon, en France, le 28 juin dernier. La résistance croissante de certains virus aux médicaments indique qu'il devient de plus en plus difficile de traiter certaines maladies. La Commission européenne a donc octroyé neuf millions d'euros au projet VIRGIL ("Vigilance against Viral Resistance" - Vigilance contre la résistance virale), coordonné par l'INSERM, l'Institut français de la santé et de la recherche médicale. Le projet réunit des experts européens de 12 pays. "Le recours massif aux antibiotiques, notamment dans les hôpitaux, accélère les mutations bactériennes qui sont responsables de la résistance aux médicaments. Le même phénomène s'observe chez les virus en cas d'utilisation intensive de médicaments antiviraux" a expliqué M. Philippe Busquin, commissaire en charge de la recherche. "VIRGIL vient compléter les 30 millions d'euros que l'UE a investis ces deux dernières années dans la recherche sur la résistance aux médicaments antimicrobiens pour s'attaquer à ce problème de plus en plus préoccupant. Grâce à la collaboration européenne entre chercheurs universitaires, industrie pharmaceutique, cliniciens et autorités de santé publique, le réseau va contribuer à la résolution des problèmes qui sont associés à la résistance virale aux médicaments, afin de sauver des vies" a-t-il ajouté. Dans un premier temps, le projet sera centré sur la résistance aux médicaments de trois grandes maladies (l'hépatite B, l'hépatite C et la grippe), mais il visera ensuite à élargir son champ d'application. Le projet sera articulé autour de sept "plate-formes technologiques et de recherche" qui feront en sorte de "surveiller la résistance aux médicaments et anticiper son évolution ultérieure", a expliqué la Commission européenne. Toutes centrées sur les patients, ces plate-formes liées entre elles aborderont de manière exhaustive la question de la résistance des virus aux médicaments antiviraux. Deux plate-formes seront chargées de tester et de surveiller la résistance de patients aux médicaments antiviraux afin d'améliorer et de normaliser la gestion de la résistance virale à l'échelon mondial. D'autres plate-formes s'attacheront à expliquer les raisons de ce développement de la résistance aux médicaments et se pencheront plus particulièrement sur les facteurs liés aux patients qui sont à l'origine de cette résistance. Les médicaments, la pharmacologie, l'innovation et la technologie seront également abordés, de manière à anticiper les moyens de vaincre la résistance aux médicaments. Une plate-forme "sociétale" étudiera également les bienfaits des projets relatifs à la qualité de vie des patients. La recherche montre que l'hépatite virale, qui est à l'origine d'affections chroniques du foie, notamment de la cirrhose et du cancer du foie, en est actuellement à un stade où plus de 350 millions de personnes dans le monde sont aujourd'hui infectées de manière chronique par l'hépatite B. "Il n'existe pas de vaccin pour l'hépatite C, et plus de 1% des Européens sont porteurs du virus. L'usage clinique intensif des quelques médicaments disponibles a rapidement fait apparaître une résistance chez certains virus, de sorte que ces médicaments ne sont plus efficaces", estime la Commission. De nouvelles souches grippales provoquent jusqu'à 500000 décès par an dans le monde. Par ailleurs, les scientifiques s'inquiètent du fait que des modifications génétiques du virus puissent entraîner des pandémies qui tueraient des millions de personnes. Dans un tel scénario, il serait essentiel de disposer de médicaments efficaces. Le réseau VIRGIL est donc prêt à relever ces défis, et en étroite coopération avec l'industrie, il "préservera l'accès des patients aux traitements et aux soins. Cela allègera le poids socio-économique de la résistance virale qui représente aujourd'hui un problème majeur de santé publique et fait augmenter les coûts des soins de santé et de mise au point des médicaments", a conclu la Commission.