Les mentalités doivent évoluer si nous entendons rester compétitifs, conclut un Conseil Compétitivité informel
Les objectifs de Lisbonne, le sixième programme-cadre (6e PCRD) et les plateformes technologiques européennes constituent autant de thèmes à l'ordre du jour du Conseil Compétitivité informel convoqué à l'occasion de l'entrée en fonction de la présidence néerlandaise de l'UE à Maastricht, aux Pays-Bas, le premier juillet dernier. Selon la principale conclusion de cette réunion, la mentalité des entreprises européennes doit évoluer si l'UE entend rester compétitive sur la scène mondiale, ont expliqué les coprésidents du Conseil, Laurens-Jan Brinkhorst, ministre néerlandais de l'économie, et Maria van der Hoeven, ministre de l'éducation, de la culture et des sciences, au cours d'une conférence de presse organisée le 3 juillet dernier. "Au cours de ce Conseil très intéressant et informatif, nous avons débattu des moyens de relancer l'Europe", a déclaré M. Brinkhorst. De l'avis général, l'objectif de Lisbonne consistant à faire de l'Europe l'économie la plus compétitive du monde d'ici 2010 n'est pas dépassé et est plus important que jamais, a-t-il ajouté. Les débats, ont expliqué les deux ministres néerlandais, ont porté sur la recherche et les entreprises et sur les moyens de stimuler l'innovation. L'évaluation du 6e PCRD a constitué une priorité de l'ordre du jour du Conseil, au cours duquel il est ressorti clairement que les programmes-cadres devront être simplifiés. En effet, "les PME ne peuvent s'y retrouver dans les procédures existantes et les programmes exigent un nombre excessif de démarches", a déclaré M. Brinkhorst. "Les PME n'ont vraiment pas de temps à perdre avec cette charge administrative". Les deux ministres ont insisté sur la nécessité de cibler davantage le programme-cadre dans certains domaines clés. S'agissant du budget du 6e PCRD, le consensus qui s'est dégagé de la réunion a consisté à dire que l'UE doit accroître le budget de la recherche en réaffectant des fonds en provenance d'autres secteurs, ont ajouté les ministres. Mme van der Hoeven a révélé que les PME très actives dans la recherche seraient une priorité absolue à l'ordre du jour du Conseil Compétitivité durant la présidence néerlandaise. "Si la situation diffère d'un pays à l'autre et bon nombre de décisions ne peuvent être prises à l'échelle européenne, il nous faut en faire plus sur le plan de la coopération entre universités et PME. Nous pouvons exposer nos problèmes communs au niveau communautaire et échanger nos bonnes pratiques." "Nous devons nous concentrer sur les "spin off" et sur le financement des sociétés de capital-risque", a ajouté M. Brinkhorst. Aux États-Unis, a déclaré M. Brinkhorst, tout le monde comprend que lorsque vous prenez un risque, vous pouvez fort bien échouer. En Europe, si vous prenez un risque et échouez, vous êtes presque criminalisé. "Cela doit changer-nous devons changer les mentalités pour rendre l'Europe plus innovante, et une manière d'y parvenir consiste à expliquer aux Européens les risques qu'ils prennent en refusant d'évoluer. Nous devons nous rapprocher du modèle américain." Pour ce qui est de traduire les objectifs de compétitivité européens en résultats, M. Brinkhorst a ajouté: "Le problème avec l'Europe, ce n'est pas qu'elle ne sait pas ce qu'elle fait, mais qu'elle devrait s'en tenir à ce qu'elle a annoncé." Se penchant sur les plateformes technologiques européennes, les deux ministres ont convenu que si certaines d'entre elles ont été moins réussies, d'autres, comme la plateforme sur l'hydrogène, ont prouvé leur utilité. L'objectif de ces plateformes, a expliqué Mme van der Hoeven, est de réunir trois piliers: l'industrie, les universités et les gouvernements. Toutefois, ce regroupement d'activités doit toujours être orienté vers l'industrie, a-t-elle déclaré. Mme van der Hoeven estime que l'Europe doit tisser des liens plus solides entre l'industrie et les universités dans un souci de valorisation de l'innovation et que les choix portés découlent souvent des budgets disponibles et des thèmes à privilégier. Les Pays-Bas, a expliqué la ministre de l'éducation et de la recherche, est en passe de modifier son régime de financement des universités, de sorte qu'une partie des fonds ira à la valorisation de l'innovation. "Nous proposerons d'appliquer également cette option à l'Europe", a-t-elle ajouté. M. Brinkhorst a conclu la conférence de presse en reprenant les propos d'un collègue ministre, qui a déclaré au cours du Conseil "Je pense que Maastricht nous appartient tous un peu" - C'est ce que nous aimons entendre", a-t-il déclaré.
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