Distance record pour la pollinisation croisée d'un OGM
Une nouvelle étude américaine a révélé que le pollen d'un gazon génétiquement modifié a parcouru jusqu'à 21 kilomètres avec le vent avant de polliniser d'autres pelouses. Selon les chercheurs de l'Agence américaine pour la protection de l'environnement (EPA), la pollinisation croisée observée sur une telle distance est bien plus importante que les mesures précédentes et est considérée comme un record pour tous les pollens issus d'OGM. Le gazon en question est une variété expérimentale de l'agrostide rampante, qui sert habituellement aux greens des parcours de golf du fait de la régularité de la surface qu'elle produit. Ce gazon, qui a été modifié afin de résister aux herbicides et de produire des greens sans mauvaise herbe, a été cultivé ces deux dernières années dans des champs expérimentaux de l'Oregon, aux États-Unis, annonce le New Scientist. Lidia Watrud et ses collègues du laboratoire de recherche de l'EPA chargé des incidences sur la santé publique et l'environnement à Corvallis, dans l'Oregon, a récolté des semences d'herbes sauvages qui se sont développées sur des dizaines de kilomètres dans toutes les directions à partir des champs expérimentaux. Ils ont ensuite cultivé ces semences dans des serres et ont vérifié si les herbes obtenues montraient des signes de contamination par la variété génétiquement modifiée. L'équipe a constaté des taux importants de pollinisation croisée dans les échantillons de semences récoltés dans un rayon de deux kilomètres exposé au vent en provenance des champs génétiquement modifiés, mais elle a été plus surprise de découvrir des semences contaminées sur une superficie de 310km², l'exemple le plus frappant étant la semence située à 21 kilomètres des champs. Auparavant, peu d'études s'étaient penchées sur la pollinisation croisée de cultures (génétiquement modifiées ou conventionnelles) à des distances supérieures à quelques centaines de mètres. Au vu de ces informations récentes, d'aucuns ont supposé que porté par le vent, le pollen de certaines cultures pourrait parcourir plusieurs centaines de kilomètres à partir de sa source. Scotts, l'entreprise de semences implantée dans l'Ohio qui a mis au point l'agrostide génétiquement modifiée, a collaboré à l'étude de l'EPA. Elle avait déjà sollicité auprès du gouvernement américain l'autorisation de vendre son produit destiné aux parcours de golf, mais la décision a été suspendue de crainte que l'herbe génétiquement modifiée ne puisse envahir les terrains en friche environnants. "Ce qui nous inquiète, c'est que si cette variété devait proliférer dans les espaces publics, nous ne saurions comment la contrôler", a déclaré Gina Ramos, du Bureau of Land Management, au New Scientist.
Pays
États-Unis