Des lauréats européens du Prix Nobel discutent de l'avenir de la recherche avec la Commission
La recherche doit être une priorité majeure, mais elle doit être menée de manière réellement européenne et non être calquée sur le modèle américain, a déclaré le président de la Commission, José Manuel Barroso, après une table ronde de deux heures avec dix lauréats européens du Prix Nobel. A l'occasion d'une conférence de presse, M. Barroso s'est déclaré très satisfait de cette première réunion, au cours de laquelle le Conseil européen de la recherche (CER), l'éducation, l'examen par les pairs et la bureaucratie ont été discutés. "Nous avons débattu de la situation de la recherche en Europe et de ce qui peut être fait pour l'améliorer, a dit M. Barroso. Il n'y a pas encore de conclusions opérationnelles, car il s'agissait uniquement de recueillir l'avis de scientifiques éminents. Mais nous avons discuté d'une série de points importants." Les dix lauréats du Prix Nobel, qui soutiennent tous pleinement la création d'un Conseil européen de la recherche, ont insisté sur la nécessité de l'examen par les pairs, de la concurrence entre les meilleurs chercheurs et de la liberté des scientifiques de choisir leur domaine de recherche, si l'on veut que les sciences stimulent la croissance et l'emploi et favorisent la compétitivité de l'Europe sur la scène mondiale. Selon M. Barroso, les scientifiques ont également recommandé que la Commission adopte un cadre réglementaire bureaucratique plus léger pour traiter la question des sciences et que la coopération avec l'Asie soit développée. "Le message est que les sciences et la recherche ne devraient pas être considérées séparément de l'éducation et de la culture, a expliqué M. Barroso. La R & D ne devrait pas être considérée comme la seule et unique solution pratique d'obtenir de la croissance. Nous devrions également considérer les sciences, l'éducation et la culture comme notre objectif." Comme l'a expliqué le Français George Charpak, professeur Prix Nobel de physique, il y a des discussions en France concernant une réforme profonde du système éducatif afin de promouvoir les sciences. Bien que cette réforme bénéficie du soutien d'une proportion substantielle des enseignants, l'on a abouti à la conclusion que, pour faire des progrès réellement significatifs, il était nécessaire de travailler au niveau européen avec la Commission. Des discussions sur ce sujet ont donc eu lieu pendant la table ronde avec Jan Figel, commissaire européen chargé de l'éducation, de la formation, de la culture et du multilinguisme. Selon M. Barroso, des discussions fructueuses ont également eu lieu sur les perspectives d'avenir et la meilleure manière de créer le CER avec un minimum de règles et un maximum de liberté pour les chercheurs. "L'erreur a été, jusqu'à présent, de mélanger les compétences, a déclaré l'Italien Carlo Rubbia, professeur Prix Nobel de physique. Il faudrait laisser les sciences aux scientifiques, comme la politique devrait être laissée aux responsables politiques. Nous espérons que la Commission tiendra compte de nos recommandations", a-t-il conclu. Un document sur la table ronde devrait être publié prochainement, et une deuxième table ronde devrait suivre, ainsi qu'une conférence, au deuxième semestre de cette année.