Toutes les innovations TI possibles dans le secteur des soins de santé sont-elles souhaitables?
Des reins artificiels aux robots-infirmiers dans les hôpitaux, les technologies de l'information (TI) s'imposent de plus en plus dans le secteur des soins de santé préventifs et du traitement des maladies. Toutefois, tout ce qui est techniquement possible ne sera pas nécessairement accepté, affirment des chercheurs de l'institut allemand Fraunhofer pour la recherche sur les systèmes et l'innovation (ISI). Les scientifiques viennent de publier une étude intitulée «Future Information Technology for the Healthcare Sector» et portant sur les questions suivantes: quelles applications TI seront techniquement faisables dans la branche des soins préventifs d'ici à 2020 et les patients en sont-ils réellement demandeurs? Après avoir interrogé 200 experts d'institutions de recherche, d'entreprises et d'associations, les chercheurs de l'institut Fraunhofer ont identifié 36 applications considérées comme faisables par les participants, utiles pour les patients et économiquement profitables. Les experts s'attendent à ce que, d'ici six ans à peine, les systèmes TI soient utilisés pour la télésurveillance de patients à haut risque, via l'analyse de l'information reçue et l'alerte d'un médecin en cas d'urgence. Six années devraient également être nécessaires pour développer une puce implantable renfermant les données nécessaires pour le traitement du patient. En 2016, selon les experts, les tests génétiques d'urgence seront disponibles pour l'identification rapide de personnes incapables de s'identifier elles-mêmes. Et, en 2018, dans de nombreux hôpitaux, les robots libéreront le personnel infirmier des tâches les plus pénibles. Ces innovations vont déboucher sur de nouveaux marchés, estiment les personnes interviewées. Ce sera notamment le cas pour les puces d'identification par radiofréquence (RFID), qui jouent d'ores et déjà un rôle majeur dans le domaine de la logistique. Ces étiquettes sans fil pourraient aider les patients atteints de la maladie d'Alzheimer à retrouver des objets perdus, ou être utilisées pour stocker des données relatives au traitement et aux doses de médicaments à administrer aux patients hospitalisés. Le questionnaire a également révélé que la plupart des innovations TI du secteur de la santé sont qualifiées de hautement souhaitables. Ces innovations incluaient l'utilisation standard de la réalité virtuelle dans la formation du personnel médical (prévue pour 2012) et le développement d'un implant rétinien qui aide les personnes aveugles à s'orienter dans une pièce (possible d'ici à 2018). Toutefois, d'autres applications TI ont soulevé moins d'enthousiasme, en raison essentiellement de questions de protection des données ou de perte de «dimension humaine». Ainsi, 64 % des personnes interviewées n'ont pas apprécié l'idée d'avoir une puce implantée sur laquelle seraient stockées toutes les données médicales les concernant. 20 % n'approuvaient pas le principe des tests génétiques d'urgence. Les robots-infirmiers ont suscité la critique chez 54 % des personnes interrogées, lesquelles ont toutefois admis que l'évolution démographique et le manque d'infirmiers expérimentés pourraient rendre cette perspective inévitable. Des prototypes sont d'ores et déjà à l'essai.
Pays
Allemagne