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Contenu archivé le 2024-04-17

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Le directeur du JRC prévoit «le retour du nucléaire»

«Le nucléaire va resurgir, et tenir sa place dans la gamme des sources d'énergie des grands pays industrialisés», déclare Roland Schenkel, directeur général du Centre commun de recherche (Joint Research Centre - JRC) de la Commission européenne. Le Dr Schenkel s'entretenait av...

«Le nucléaire va resurgir, et tenir sa place dans la gamme des sources d'énergie des grands pays industrialisés», déclare Roland Schenkel, directeur général du Centre commun de recherche (Joint Research Centre - JRC) de la Commission européenne. Le Dr Schenkel s'entretenait avec CORDIS Nouvelles peu avant la session sur l'énergie nucléaire organisée par le JRC à l'occasion de la rencontre annuelle de l'AAAS (American Association for the Advancement of Science), qui s'est tenue à Chicago, aux États-Unis. Le Dr Schenkel déclare que le choix du nucléaire comme thème de l'une des sessions du JRC dans le cadre de cette prestigieuse conférence se justifie, car «le débat sur le nucléaire s'intensifie, dans l'Union européenne mais aussi au niveau mondial». En Europe, les gouvernements lancent la construction de centrales nucléaires ou en parlent. Début février, les dirigeants de Suède annonçaient leur intention d'annuler l'interdiction du nucléaire, banni de leur pays depuis 30 années. Mais en dépit des nombreux acteurs favorables, tant au niveau gouvernemental qu'industriel, une grande partie du public reste sceptique. Selon une enquête Eurobaromètre, 45% des Européens sont contre l'énergie nucléaire, 44% pour et 11% sans opinion. Pour sa part, le Dr Schenkel s'attache à raisonner ces inquiétudes concernant le nucléaire, notamment celles en rapport avec la sûreté des réacteurs et le stockage des déchets nucléaires. Il souligne que les réacteurs construits aujourd'hui, ceux de la génération III, associent l'expertise de la France et de l'Allemagne en matière de conception et de fonctionnement. Ils bénéficient notamment de fonctions supplémentaires de sécurité, et même en cas d'accident majeur, la radioactivité restera confinée dans le réacteur et ne contaminera pas l'environnement. «La technologie évolue grâce à l'expérience et aux progrès techniques, et les nouveaux réacteurs seront un millier de fois plus sûrs en cas d'accident grave. Je pense que cette information n'est pas suffisamment diffusée», souligne le Dr Schenkel. Des réacteurs de génération III sont en construction en Bulgarie, France, Roumanie, Slovaquie et Finlande, et d'autres sont en prévision ailleurs. Avec une durée de vie prévue pour atteindre les 60 ans, ces nouveaux réacteurs devraient continuer de fonctionner parfaitement jusqu'à la seconde moitié de ce siècle. Pendant ce temps, on poursuit les développements des réacteurs de génération IV, même si les premières centrales de ce type ne devraient pas être opérationnelles avant 2050. Ces réacteurs présentent deux avantages majeurs. D'abord, ils utilisent l'uranium avec un bien meilleur rendement. Ensuite, certains des éléments qui restent longtemps radioactifs, comme le plutonium, peuvent être séparés des déchets nucléaires et repasser dans le combustible. Dans le réacteur, leur désintégration donnera des éléments actifs dont la radioactivité diminue plus rapidement, et qu'il faudra isoler moins longtemps de l'environnement. Les réacteurs de génération IV produiront donc bien moins de déchets nucléaires. Dans l'esprit du public, le problème des déchets est l'un des obstacles au nucléaire. Lors de l'enquête mentionnée plus haut, 62% des citoyens de l'UE se sont déclarés en faveur du nucléaire en cas d'utilisation de solutions sûres pour le stockage des déchets. En fait, ces solutions existent déjà pour les déchets d'activité faible à moyenne, et les solutions pour les déchets les plus actifs sont en cours de finalisation. Le Dr Schenkel rappelle que les déchets radioactifs sont actuellement stockés dans des conteneurs métalliques aux parois épaisses, conservés en sous-sol dans des couches d'argiles imperméables. Et même si l'eau traversait l'argile, il lui faudrait des milliers d'années pour traverser le métal, et encore des milliers d'années pour corroder l'uranium. Et même dans ce cas, il faudrait encore que les produits remontent les centaines de mètres qui les séparent de la surface avant d'arriver à la biosphère, un processus également très lent. «Voici donc le modèle conçu par les scientifiques, et mis en oeuvre dans la réalité», commente le Dr Schenkel. «Ils confirment la sécurité de ce modèle sur le long terme, et tous ceux qui sont au fait des réalités scientifiques conviennent que ce concept est totalement sûr.» La prolifération des armes nucléaires est une autre préoccupation pour beaucoup. Dans ce domaine, le Dr Schenkel souligne qu'il est actuellement extrêmement difficile d'utiliser les centrales nucléaires à des fins militaires. En outre, le JRC et d'autres structures mettent sans cesse au point de nouveaux outils et techniques pour détecter les activités clandestines. En conséquence, de telles activités sont détectées rapidement. Entre autres initiatives, le JRC a créé des modèles pour simuler à quelle vitesse les pays pourraient enrichir l'uranium, et il a développé son service d'exploration du web. «Nous sommes en train de mettre au point une nouvelle technologie permettant de détecter les trafics illicites aux frontières», déclare le Dr Schenkel. Avec ce système, les douaniers pourront détecter la présence de substances nucléaires dans les camions. Entre-temps, le Dr Schenkel souhaiterait voir le rôle de surveillance de l'AIEA (l'Agence internationale de l'énergie atomique) renforcé. Le directeur général du JRC concluait que «tous les pays doivent signer le protocole additionnel [qui accorde à l'AIEA un accès plus large aux informations et aux sites] afin d'atteindre une transparence totale et concrète, et les organisations internationales doivent faire cause commune pour appliquer les sanctions».

Pays

États-Unis

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