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Le syndrome d'Asperger empêche d'anticiper les actions des autres

Dans le cadre d'un test non verbal, des chercheurs au Danemark et au Royaume-Uni ont découvert que des adultes atteints du syndrome d'Asperger (situé dans la partie haute du spectre des troubles autistiques) n'anticipent pas spontanément les actions des autres comme le font le...

Dans le cadre d'un test non verbal, des chercheurs au Danemark et au Royaume-Uni ont découvert que des adultes atteints du syndrome d'Asperger (situé dans la partie haute du spectre des troubles autistiques) n'anticipent pas spontanément les actions des autres comme le font les adultes et les enfants de deux ans normaux. Publiés dans la revue Science, ces résultats contrastent fortement avec l'observation selon laquelle ces personnes réussissent des tests similaires sous forme verbale. Ils suggèrent que les patients atteints du syndrome peuvent mettre en place des palliatifs à certaines de leurs limitations neurologiques. Beaucoup d'adultes présentant le syndrome d'Asperger sont très intelligents, mais rencontrent des difficultés dans les interactions sociales quotidiennes. Elles semblent résulter en partie de leur incapacité à anticiper ce qu'une autre personne pourrait dire ou faire à partir de leur seule connaissance de l'état mental de cette personne (leurs connaissances et leurs convictions). Un exemple d'une telle anticipation est le test de Sally-Anne (ou de fausse croyance): Sally dépose une bille dans un panier puis quitte la pièce. Anne déplace la bille dans une boîte, puis Sally revient et cherche la bille là où elle l'a laissée. Lorsque l'on demande à un enfant ce que fera Sally, s'il comprend que les actions de Sally dépendent de ce qu'elle pense être vrai, il répondra qu'elle cherchera dans le panier. Les enfants atteints du syndrome d'Asperger échouent souvent à ce test, mais les individus particulièrement doués au niveau verbal le réussissent souvent. Cela remet en question l'hypothèse selon laquelle les problèmes rencontrés par les autistes dans le cadre «d'interactions sociales réciproques» résultent d'une déficience neurologique qui contrarie leur capacité à attribuer des états mentaux aux autres et à eux-mêmes. Pour cette étude, une équipe de chercheurs du centre hospitalier universitaire Aarhus au Danemark et de l'université de Londres au Royaume-Uni ont utilisé une version modifiée du test Sally-Anne afin de montrer que les personnes atteintes du syndrome d'Asperger, mais disposant de capacités élevées, ont appris à raisonner pour arriver à la bonne réponse, même si elles ont des difficultés avec l'attribution spontanée d'états mentaux. Les chercheurs ont proposé un test Sally-Anne non verbal à 19 adultes atteints du syndrome d'Asperger et à 17 adultes «neurotypiques». Au lieu de susciter une réponse verbale, ils ont observé les mouvements des yeux des sujets témoins pendant le test. «Les enfants autistes ont plus de chances de réussir par une réponse verbale que par un regard d'anticipation», expliquent-ils. L'équipe a constaté que les adultes atteints du syndrome d'Asperger regardaient autant le panier que la boîte, et non pas uniquement la boîte. Ceci suggère qu'ils n'attribuent pas spontanément un état mental à une autre personne mais qu'ils peuvent réfléchir pour déduire cet état mental si on le leur demande. Bien que cette réflexion lente et délibérée sur les pensées des autres puisse conduire à la bonne réponse, elle est bien différente de la capacité spontanée et automatique d'un individu normal. «Le contraste est frappant avec des enfants neurotypiques de deux ans, qui regardent spontanément l'emplacement correct», soulignent les auteurs. «Il est peu probable qu'il s'agisse d'une question de motivation, car les adultes neurotypiques ont la même réponse que les enfants dont le développement est normal; par ailleurs, le groupe Asperger anticipe correctement lors de tests de familiarisation ne faisant pas appel au raisonnement sur les convictions.» Les chercheurs concluent que le développement précoce de la capacité à «mentaliser» (autrement dit à comprendre les convictions et les désirs des autres) est nécessaire pour acquérir la capacité d'anticiper les actions des autres. «Il semble qu'une formation compensatoire permette de surmonter des limitations neurophysiologiques, même si elle n'élimine pas la cause de ces limitations», concluent les auteurs de l'article. «Cette formation pourrait expliquer la contradiction apparente entre la réussite au test Sally-Anne des personnes présentant un syndrome d'Asperger et les difficultés qu'elles rencontrent dans le cadre de relations sociales quotidiennes.»

Pays

Danemark, Royaume-Uni