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Croyances religieuses et pratiques agropastorales

Comment utiliser nos ressources environnementales pour être sûr de disposer du nécessaire, aujourd'hui et à l'avenir? La réponse à cette question implique souvent d'envisager d'un autre oeil les défis considérables qui nous entourent, notamment le changement climatique, la mig...

Comment utiliser nos ressources environnementales pour être sûr de disposer du nécessaire, aujourd'hui et à l'avenir? La réponse à cette question implique souvent d'envisager d'un autre oeil les défis considérables qui nous entourent, notamment le changement climatique, la migration et la croissance démographique. Mais qu'en est-il des croyances religieuses et de leur impact sur l'utilisation des sols? Des experts de l'Universitat Autònoma de Barcelona (UAB) en Espagne expliquent qu'il ne faut pas exagérer ni idéaliser les croyances, sans pour autant les ignorer. Les résultats de cette étude financée par l'UE sont publiés dans la revue Human Ecology. Dans l'introduction de leur article, le Dr Pablo Dominguez et ses collègues de l'UAB font remarquer que depuis des décennies, deux courants opposés de pensées relatifs à l'utilisation communale des sols et la gestion des ressources naturelles existent. Les critiques considèrent qu'une utilisation non réglementée des ressources naturelles fondée sur la propriété communale n'est ni durable ni en phase avec l'esprit de coopération. Les partisans des cadres d'utilisation communale des sols pensent que les institutions sociales, politiques et religieuses ont un impact sur la gestion socio-économique de la propriété communale et sur la conservation écologique. Bien qu'il ait été suggéré que ces phénomènes soient liés, la recherche dans ce domaine a jusqu'à présent négligé le rôle des croyances religieuses dans la gestion des territoires ainsi que dans les ressources communales naturelles et les processus d'évolution. Le financement de cette étude provient du programme Marie Curie du sixième programme-cadre (6e PC) de l'UE. L'équipe de l'UAB a mené une étude de cas sur les Imazighen (des Berbères) du massif du Haut Atlas près de Marrakech, au Maroc. La question pour les chercheurs étaient de déterminer si, et dans quelle mesure, les croyances religieuses en des saints locaux influaient sur la façon dont les ressources locales étaient gérées. La communauté suit des règles qui sont basées sur un cadre traditionnel de gestion de la propriété communale. Au cours de l'histoire, les Imazighen ont suivi une règle qui interdit l'accès aux pâturages communs au printemps afin d'assurer de meilleures conditions de pâturage en été. Cette période d'interdiction, connue sous le nom d'«agdal», est très ancrée dans les pratiques et croyances religieuses. Les chercheurs ont observé et se sont entretenus avec des membres des populations d'Imazighen de la tribu des Mesioua entre 2003 et 2008, puis ont réalisé une enquête auprès de 80 foyers dans le village d'Ouarzazate (dans le sud du Maroc central). Ils ont constaté qu'il existait en effet une relation entre la transformation des croyances individuelles traditionnelles en des saints islamiques locaux et des pratiques agropastorales (liées jusqu'à présent à la disparition des pâturages gérés selon l'agdal et la perte de biodiversité). Ils ont également constaté une association entre l'abandon des croyances traditionnelles en des saints et le développement agricole ainsi que l'introduction de nouvelles espèces de moutons (les Sardis, une espèce croisée). L'équipe de l'UAB a constaté que cultiver davantage de terres et posséder davantage de moutons, par exemple, ne semblait pas compatible avec les croyances traditionnelles en des saints. Les chercheurs écrivaient que cette nouvelle stratégie «est plus individualiste, génère des avantages à plus court terme et s'oppose à l'ancienne philosophie des saints qui encourage une gestion communale et des avantages à long terme.» La recherche suggère donc que l'érosion des croyances religieuses chez les Imazighen s'accompagne d'une moindre accentuation de la viabilité environnementale future. Les auteurs concluent que les croyances religieuses devraient être intégrées à la liste des facteurs (par exemple le changement climatique, l'augmentation de la pollution, l'immigration, les progrès technologiques, les raisons économiques) qui évoluent en parallèle avec les changements des ressources naturelles. «Notre étude montre que les croyances religieuses individuelles, ou l'absence de croyances, peuvent également constituer un élément important dans l'utilisation des ressources agropastorales.»

Pays

Espagne, Maroc