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Une étude indique que les hommes préhistoriques étaient des outilleurs très compétents

D'après une nouvelle recherche, les hommes modernes possédaient un répertoire sophistiqué de techniques de fabrication d'outils bien plus tôt que ce l'on pensait. L'étude a été partiellement financée par le projet TRACSYMBOLS («Tracing the evolution of symbolically mediated be...

D'après une nouvelle recherche, les hommes modernes possédaient un répertoire sophistiqué de techniques de fabrication d'outils bien plus tôt que ce l'on pensait. L'étude a été partiellement financée par le projet TRACSYMBOLS («Tracing the evolution of symbolically mediated behaviours within variable environments in Europe and southern Africa»), qui a obtenu une subvention avancée du CER (Conseil européen de la recherche) d'une valeur de 2,5 millions d'euros au titre du septième programme-cadre (7e PC). Ces résultats ont récemment été publiés dans la revue Science. Les scientifiques ont découvert qu'une méthode très délicate d'aiguisage et de retouche des artéfacts en pierre par les hommes préhistoriques a été développée il y a au moins 75 000 années, 50 000 ans plus tôt que les estimations scientifiques. Ils ont découvert que la technique, connue sous l'appellation de taille par pression, a émergé au site archéologique de Blombos en Afrique du Sud au cours de l'âge du Mésolithique par les hommes «dits» modernes. Le processus impliquait le réchauffement de la silcrète, des grains de quartz cimentés par de la silice, utilisé pour fabriquer des outils. Avant cette découverte, les preuves les plus anciennes de taille par pression remontent à la culture du Paléolithique supérieur solutréen en France et en Espagne il y a environ 20 000 ans. La technique de la taille par pression s'applique pour des pièces déjà taillées auparavant par un marteau en pierre, ayant été retouchées par des coups plus doux d'outil en bois ou en os. Ces empreintes de débitage sont nettes sur les côtés suite à la pression directe d'un point de l'outil d'os sur l'artéfact de pierre. Selon Paola Villa, une préhistorienne et conservatrice au musée d'histoire naturelle de l'université du Colorado aux États-Unis et co-auteur de l'étude, grâce à cette technique, la netteté, l'épaisseur et la forme général des bifaces comme les lames de lance et les couteaux de pierre sont mieux contrôlées. «Cette découverte est importante car elle montre que les hommes modernes en Afrique du Sud possédaient déjà un répertoire de fabrication d'outils relativement tôt», explique le Dr Villa. «Cette innovation est un exemple clair et évident d'une tendance à développer des idées et techniques fonctionnelles largement considérées comme constituant un comportement moderne avancé», ajoute-t-elle. «L'utilisation de la technique de taille par pression a permis aux outilleurs d'excercer un degré élevé de contrôle sur la forme et l'épaisseur finales... [ce qui] leur a permis d'obtenir des pointes plus aiguisées et tranchantes.» Les bifaces, appelés dans ce cas pointes de Still Bay, étaient sans doute utilisés comme armatures de lance. À l'exception de l'obsidienne, du jaspe et de quelques silex de haute qualité, seuls quelques matériaux en pierre peuvent être retouchés par pression sans avoir été préalablement taillés», fait remarquer le Dr Villa. Malgré les preuves de réchauffement de la silcrète il y a 164 000 ans sur le site de Pinnacle Point, en Afrique du Sud, les artéfacts de Blombos sont les premières preuves nettes de la technique de taille par pression utilisée pour tailler, retoucher et affiner les outils, explique la préhistorienne. Il existe plusieurs manières de confirmer si le silcrètre a été traité à chaud, poursuit-elle. Des archéologues de Pinnacle Point ont utilisé deux méthodes appelées la thermoluminescence et l'archéomagnétisme qui nécessitent la destruction d'échantillons d'outils de pierre, ainsi qu'une technique non destructive, connue sous le nom d'analyse à brillance maximum (ou maximum gloss analysis). L'équipe de Blombos a utilisé une méthode visuelle pour l'analyse basée sur le contraste entre les surfaces d'outils chauffées et non réchauffées observées au microscope sous un grossissement faible. L'élimination des copeaux de silcrète non réchauffés produit des cicatrices superficielles à une texture rugueuse et terne, alors que celles de silcrète préchauffée étaient lisses et brillantes. «La taille par pression apporte au répertoire des progrès technologiques au cours de la période de Still Bay et permet de mieux la définir comme une période où des idées innovantes ont été introduites», expliquent les checheurs. «Cette approche flexible à la technologie aurait conféré un avantage aux groupes Homo sapiens qui ont émigré d'Afrique il y a 60 000 ans.» Des experts français et norvégiens ont contribué à l'étude.

Pays

France, Norvège, États-Unis, Afrique du Sud

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