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Une technologie sophistiquée révèle le mystère à l'origine des couleurs de van Gogh

Les tableaux de Vincent van Gogh perdent de leur éclat mais personne n'a jamais pu en trouver la raison, jusqu'à présent. Une équipe de recherche internationale a découvert que la lumière du soleil serait la responsable car elle déclencherait une réaction chimique dans la pein...

Les tableaux de Vincent van Gogh perdent de leur éclat mais personne n'a jamais pu en trouver la raison, jusqu'à présent. Une équipe de recherche internationale a découvert que la lumière du soleil serait la responsable car elle déclencherait une réaction chimique dans la peinture de jaune de chrome utilisée par le peintre postimpressionniste néerlandais, la transformant en un marron terne. Les résultats ont été publiés par la revue Analytical Chemistry. Menés par des experts de Belgique, d'Italie et des Pays-Bas, des chercheurs ont utilisé l'imagerie microscopique super sensible de l'installation européenne de rayonnement synchrotron (ESRF) en France et l'installation allemande de rayonnement synchrotron (DESY), ainsi que les rayonnements infrarouge, l'imagerie par électrons et rayons X des universités d'Anvers (Belgique) et de Pérouse (Italie) pour révéler comment les couleurs jaunes des célèbres tableaux de van Gogh, ainsi que d'autres artistes du XIXème siècle, ternissent et perdent de leur éclat au fil du temps. Les chercheurs suggèrent de protéger le plus possible les peintures affectées par le rayonnement solaire et les UV (ultraviolets). «Pour tout Italien, la conservation de chefs-d'oeuvre a toujours eu de l'importance», explique l'auteur principal de l'article, Letizia Monico de l'université de Pérouse. «Je suis enchantée que la science parvienne à rajouter une pièce au puzzle qui constituait un véritable casse-tête pour de nombreux musées», ajoute Mlle Monico, une doctorante et chimiste italienne ayant collaboré pendant un an avec Koen Janssens, l'investigateur principal de cette étude, de l'université d'Anvers en Belgique. L'utilisation d'outils innovants leur a permis de comprendre ce fascinant mystère. L'utilisation d'un faisceau de rayons X de dimensions microscopiques leur a indiqué qu'une réaction chimique complexe se déroulait au niveau de la fine couche là où la peinture est en contact avec le vernis. Les experts expliquent que la lumière ne pénètre que quelques micromètres de peinture, mais sur cette minuscule distance, elle déclenche une réaction chimique inconnue, transformant le pigment jaune en pigment brun. Il en résulte donc un changement au niveau de la composition originale. Vincent van Gogh (1853-1890) était en avance sur son temps et préférait des couleurs qui communiquaient des émotions et des humeurs plutôt que de les utiliser de manière réaliste. Le jaune de chrome, par exemple, lui permettait d'obtenir une intensité dans la série des Tournesols, selon les chercheurs. Il a été reconnu depuis longtemps que la couleur jaune de chrome s'obscurcit à la lumière du soleil. Toutefois, toutes les peintures ne sont pas affectées par ce phénomène et la vitesse à laquelle elles sont affectées peut varier. Des artistes de la moitié du XXème siècle ont trouvé de nouvelles alternatives car le jaune de chrome s'est avéré être toxique. Mais van Gogh devait travailler avec ce qui était à sa portée. Le jaune de chrome est un excellent moyen de préservation et regagne en popularité. Ainsi l'équipe a procédé à une approche en deux temps pour résoudre ce mystère. Ils ont premièrement rassemblé des échantillons provenant de 3 tubes de peinture de l'époque, et les ont fait vieillir artificiellement pendant 500 heures en utilisant une lampe à UV. Ils se sont concentrés sur un échantillon dérivé d'un tube de peinture appartenant au flamand fauviste Rik Wouters (1882-1913). L'analyse ultrasophistiquée a révélé que le brunissement de la couche supérieure serait associé à une perte de chrome dans les pigments de Cr(VI) à Cr(III). L'équipe a également reproduit le jaune de chrome de Wouters et a découvert que la lumière UV pouvait déclencher un effet d'assombrissement. Le deuxième volet de l'étude s'est concentré sur l'utilisation des mêmes méthodes pour évaluer les échantillons dérivés des régions affectées des peintures de van Gogh: La Vue d'Arles avec iris (1888) et Berges de la Seine (1887) sont deux tableaux exposés actuellement au musée de van Gogh, à Amsterdam. Leurs recherches ont montré que la réaction de réduction du chrome contenu dans la peinture, le faisant passer de Cr(VI) à Cr(III), affectait également les deux tableaux de van Gogh. Les analyses par microscopie X ont également indiqué que la présence de Cr(III) était très importante en présence de composés chimiques contenant du baryum et du soufre. L'équipe de recherche pense que la technique de van Gogh consistant à mélanger son jaune de chrome à de la peinture blanche serait responsable de l'assombrissement de la couleur jaune. «Ce type de recherche révolutionnaire est essentiel pour élargir notre compréhension du vieillissement des peintures et du meilleur moyen pour les préserver pour les générations futures», explique Ella Hendriks du musée van Gogh d'Amsterdam. En ce qui concerne les perspectives d'avenir de cette recherche pour les chercheurs, le Dr Janssens explique: «Nos prochaines expériences sont déjà en cours. Apparemment, nous désirons comprendre les circonstances ayant favorisé une réduction de chrome, et s'il est possible de rendre aux pigments leur éclat d'origine pour les tableaux déjà touchés.»Pour de plus amples informations, consulter: European Synchrotron Radiation Facility (ESRF): http://www.esrf.eu/ Analytical Chemistry: http://pubs.acs.org/journal/ancham Musée van Gogh d'Amsterdam: http://www.vangoghmuseum.nl/vgm/index.jsp

Pays

Belgique, Italie, Pays-Bas