Des chercheurs financés par l'UE s'attaquent à la génétique de la formation des cellules sanguines.
Une équipe internationale de scientifiques, dans le cadre d'une grande étude financée par l'UE, a identifié 68 régions du génome qui affectent la taille et le nombre des plaquettes. Ces nouveaux résultats pourraient conduire à de meilleurs traitements pour les personnes affectées par les maladies en rapport avec les plaquettes. Forte de 124 personnes provenant de 13 pays dans le monde, l'équipe a publié ses résultats dans la revue Nature. Elle a reçu des financements de 6 projets de l'UE. Les plaquettes sont de petites structures cellulaires véhiculées par le sang. Elles sont essentielles pour la coagulation du sang et la réparation des blessures. Un taux anormal de plaquettes peut conduire à des problèmes. Si leur taille ou leur nombre augmente, elles peuvent déclencher la formation de caillots conduisant à des crises cardiaques ou à des attaques d'apoplexie. Inversement, si les plaquettes sont trop rares ou fonctionnement mal, le risque d'hémorragie augmente. L'équipe a appliqué une approche pluridisciplinaire pour détecter de nouvelles variantes génétiques impliquées dans la formation des plaquettes. À l'aide d'un ensemble d'analyses biologiques, elle a également mis en évidence la fonction des gènes voisins de ces variantes. Cette étude est également la plus vaste méta-analyse conduite à l'échelle du génome et au niveau mondial sur le nombre et la taille des plaquettes, car elle porte sur environ 68 000 personnes de différentes origines, par exemple d'Europe ainsi que d'Asie du Sud et de l'Est. «Il s'agit du plus grand ensemble de données de ce type jamais généré», déclare le Dr Nicole Soranzo de l'institut Sanger de la fondation Wellcome au Royaume-Uni. «Elle a conduit à des découvertes biologiques très intéressantes et à des informations sur le contrôle génétique de la formation des cellules sanguines. Nos résultats serviront non seulement à mieux comprendre les mécanismes conduisant à la formation de ces cellules, mais encore à mettre en évidence de nouveaux gènes impliqués dans des maladies de la coagulation du sang.» L'équipe a commencé par mettre au point une stratégie de définition des priorités qui lui a permis d'identifier et de localiser les gènes impliqués dans la formation des plaquettes, par une méthode d'annotation biologique. S'appuyant sur ces résultats, elle a alors conçu un réseau d'interaction protéine-protéine montrant l'interaction de différents acteurs génétiques. L'étape finale a été d'analyser le rôle des gènes dans des organismes servant de modèle. «C'est une enquête policière qui commence avec la découverte génétique initiale, puis nous permet d'identifier de nouveaux gènes susceptibles d'intervenir dans les maladies associées aux plaquettes», déclare le professeur Willem H. Ouwehand de l'université de Cambridge, l'un des co-auteurs de l'article. «Avec cette méta-analyse à l'échelle du génome, notre but était de découvrir les gènes contrôlant la taille des plaquettes, de comprendre comment ces gènes induisent les cellules souches du sang à produire chaque jour des milliards de plaquettes, et finalement d'étudier si les gènes associés aux crises cardiaques et aux accidents cardiovasculaires sont communs avec ceux qui affectent la formation des plaquettes.» Les résultats montrent que certains des nouveaux gènes associés aux caractéristiques des plaquettes se recoupent avec d'autres gènes impliqués dans les problèmes d'hémorragies héréditaires. Ce recoupement signifie que les scientifiques pourraient découvrir de nouveaux gènes intervenant dans certaines maladies de la coagulation. «Ces travaux apportent une méthode pour traduire les études d'association à l'échelle du génome en fonction», déclare le Dr Christian Gieger de l'institut d'épidémiologie génétique du Helmholtz Zentrum München, qui a participé à cette étude. «Nous avons montré que l'annotation biologique et fonctionnelle peut grandement améliorer la possibilité d'interpréter les données génétiques. Ces gènes pourraient servir ultérieurement de cible pour mettre au point des inhibiteurs des plaquettes, meilleurs et plus sûrs, afin de soigner les patients atteints de crise cardiaque ou d'accidents cardiovasculaires.» Les travaux on été soutenus via le projet ENFIN («An experimental network for functional integration») qui a reçu 8 967 500 euros dans le contexte du domaine thématique «Sciences de la vie, génomique et biotechnologie pour la santé» du sixième programme-cadre (6e PC). Via le thème «Santé» du septième programme-cadre (7e PC), 1 476 384 euros ont été reçus du programme PSIMEX («Proteomics standards international molecular exchange - Systematic capture of published molecular interaction data») et 12 millions d'euros du projet ENGAGE («European network for genetic and genomic epidemiology»). Via the thème «Capacités» du 7e PC, l'étude a bénéficié de 8 799 969 euros du projet SLING («Serving life-science information for the next generation»). Via le thème «Personnes» du 7e PC, deux chercheurs participant à l'étude, Jovana Serbanovic-Canic et Katrin Voss de l'université de Cambridge et du NHS Blood and Transplant, ont reçu une bourse d'action Marie Curie de 2 851 384 euros pour leurs travaux dans le cadre du projet NetSim («An integrated study on three novel regulatory hubs in megakaryocytes and platelets, discovered as risk genes for myocardial infarction by a genome-wide association and platelet systems biology study»). Un autre chercheur a reçu une subvention avancée du Conseil européen de la recherche (CER). L'équipe internationale comptait des chercheurs d'Australie, d'Autriche, d'Estonie, de Finlande, de France, d'Allemagne, de Grèce, d'Italie, du Japon, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, des États-Unis et de Suisse.Pour plus d'informations, consulter: Institut Sanger de la fondation Wellcome Trust: http://www.sanger.ac.uk/(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre)
Pays
Autriche, Australie, Suisse, Allemagne, Estonie, Grèce, Finlande, France, Italie, Japon, Pays-Bas, Royaume-Uni, États-Unis