Un dispositif sur le lieu d’intervention détecte rapidement les premiers signes de septicémie La septicémie fait plus de 5 millions de victimes chaque année dans le monde, aussi SPEDI-TEST a mis au point un dispositif mobile permettant de détecter rapidement les patients susceptibles de développer des complications, ce qui permet d’intervenir rapidement et de sauver des vies. Santé © PhotoByToR/Shutterstock.com La septicémie survient lorsque le système immunitaire de l’organisme réagit de manière excessive à une infection ou à une blessure et finit par attaquer ses propres organes et tissus. En 2017, on estimait qu’il y avait près de 50 millions de cas dans le monde, ce qui en fait la principale cause de décès dans les unités de soins intensifs des hôpitaux. Malgré la disponibilité de modèles de prédiction et de diagnostic, les médecins sont toujours incapables d’évaluer la gravité de la septicémie ou son issue probable chez un patient. Le projet SPEDI-TEST, soutenu par le Conseil européen de la recherche, a élaboré une méthode de pronostic qui permet de détecter la septicémie en quelques heures. «Notre dispositif analyse des conditions spécifiques de culture des cellules sanguines pour repérer le moment où la réponse inflammatoire est altérée, puis évalue l’inflammation au niveau moléculaire, en tant que biomarqueur des complications tardives liées à la septicémie», explique Pablo Pelegrin, coordinateur du projet. L’équipe a lancé une entreprise dérivée, afin de convertir son dispositif de diagnostic in vitro (DIV) en un laboratoire sur puce compact et automatisé. Identifier les biomarqueurs sanguins Dans le cas de la septicémie, la réponse inflammatoire est souvent déclenchée par des protéines appelées récepteurs qui se trouvent à la surface des cellules immunitaires. Une fois activées, celles-ci sécrètent des protéines de signalisation cellulaire pro-inflammatoires appelées cytokines qui se déplacent dans l’organisme et activent les cellules immunitaires pour combattre l’infection. SPEDI-TEST a développé deux protocoles pour identifier les biomarqueurs sanguins de la septicémie. Pour le premier, différents profils de protéines spécifiques sécrétées par les cellules des patients atteints de septicémie sont détectés dans des échantillons de sang purifié en utilisant la méthode immuno-enzymatique ELISA. À partir de cette observation, l’équipe a ensuite utilisé la cytométrie en flux pour étudier le système immunitaire de chaque patient, permettant ainsi de prédire comment la septicémie est susceptible de se développer. Dans le second protocole, des échantillons de sang complet sont utilisés (au lieu de cellules sanguines purifiées) avec des conditions de culture cellulaire spécifiques. Même si cela facilite toute automatisation éventuelle future, les échantillons de sang complets sont moins sensibles que les cellules purifiées. L’équipe a de nouveau utilisé la méthode ELISA et la cytométrie en flux, estimant que cette dernière était plus sensible, mais les résultats sont encore en cours d’analyse. «Plutôt que de rechercher une molécule présente dans le sang, nous “demandons” aux cellules immunitaires comment elles se portent, chez les patients souffrant de complications à long terme; elles répondent effectivement “nous sommes épuisées”, ce qui devient notre biomarqueur», explique Pablo Pelegrin. Ce type d’analyse sanguine nécessite généralement un équipement lourd, des techniques complexes et des spécialistes. «Notre dispositif de DIV sur le lieu d’intervention est suffisamment petit pour être apporté au chevet du patient et peut être utilisé facilement par les infirmières ou le personnel clinique, sans formation particulière. La rapidité d’obtention des résultats, en quelques heures, permet des interventions plus rapides et ainsi de sauver des vies», ajoute Pablo Pelegrin. Résultats de validation La validation avec des patients a montré que la méthode ELISA présentait un taux de sensibilité (identification correcte des patients qui développeront des complications futures de septicémie) de 90,9 %, et une spécificité (identification correcte des patients sans complications) de 100 %%, and a specificity (correctly identifying those without) of 100 %. Alors que la cytométrie en flux a atteint un taux de sensibilité de 81,8 % et une spécificité de 91,7 %% and specificity of 91.7 %. Toutes deux ont détecté les patients présentant des complications à long terme liées à la septicémie dans les 24 heures suivant leur admission en unité de soins intensifs. «Cette mesure doit être comparée aux mesures cliniques actuelles, les ΔSOFA, utilisées pour déterminer l’évolution probable de la septicémie, calculées cinq jours après l’admission aux soins intensifs de 55 patients, et dont les taux de sensibilité et de spécificité sont de 87,5 %», ajoute Pablo Pelegrin. Une meilleure identification du risque, un traitement plus efficace SPEDI-TEST permet d’identifier à un stade précoce les patients ayant un risque accru de développer des complications de septicémie potentiellement mortelles, ce qui permet d’établir un pronostic plus précoce et donc un traitement et des soins plus efficaces. Il profite également aux populations vulnérables, par exemple celles qui présentent des comorbidités telles que des infarctus du myocarde ou une pneumonie. «Le coût des soins par patient atteint de septicémie étant estimé à 42 000 euros par an, cela profite non seulement aux patients, mais aussi aux hôpitaux et à l’ensemble de l’économie des soins de santé grâce à un meilleur ciblage des ressources», conclut Pablo Pelegrin. Mots‑clés SPEDI-TEST, septicémie, système immunitaire, diagnostic, biomarqueur, inflammatoire, sang, ELISA, cytométrie, cytokines, molécule, protéine, DIV
