Un outil d'analyse du risque pour les nanoparticules
Au cours des 50 dernières années, les nanotechnologies et la manipulation des matériaux à l'échelle atomique sont devenues une activité majeure, à l'échelle européenne et mondiale. Les nanotechnologies sont présentes depuis l'aérospatiale et les composants des satellites jusqu'aux produits grand public et aux instruments médicaux. L'exposition à certaines nanoparticules de synthèse peut avoir un effet nocif sur la santé, l'évaluation des risques est donc indispensable pour s'assurer de la sécurité au travail, des consommateurs et de l'environnement. C'est dans ce contexte qu'un consortium européen d'experts en nanotoxicologie a lancé le projet ENPRA («Risk assessment of engineered nanoparticles»), financé par l'UE. Les scientifiques étudient les effets de 4 types de nanoparticules: le dioxyde de titane (TiO2), l'oxyde de zinc (ZnO), l'argent (Ag) et les nanotubes de carbone à plusieurs parois. Durant la troisième période du projet, les scientifiques ont notablement amélioré la compréhension de la réactivité et de la durabilité des nanoparticules de synthèse dans des substituts des fluides corporels et d'autres supports utilisés pour les tests in vitro. Ils ont terminé les tests de toxicologie in vitro, notamment des études importantes de cytotoxicité sur des cellules épithéliales. La variabilité des résultats selon les laboratoires et les cellules a souligné l'importance d'une standardisation des équipements, des procédures et des conditions. Les études in vivo sur l'animal ont évalué la toxicité sur cinq tissus cibles: le tissu pulmonaire, hépatique, rénal, cardiovasculaire et du développement. À partir de données obtenues en collaboration avec des collègues aux États-Unis, le projet ENPRA a conçu un modèle mathématique de l'exposition sur le lieu de travail aux nanoparticules en suspension dans l'air. Les scientifiques ont utilisé un modèle pharmacocinétique précédemment développé pour prévoir la distribution des nanoparticules dans divers organes et déterminer la concentration admissible dans l'air. Ils ont intégré dans un modèle de relation quantitative activité-structure (QSAR) les données sur les caractéristiques physico-chimiques et de dose-réponse. Ce modèle a été appliqué aux données expérimentales obtenues par d'autres partenaires du projet. Les outils ENPRA ont intégré ces données et ce modèle de réponse exposition-dose afin de concevoir un ensemble complet d'outils d'évaluation des risques. Le projet ENPRA a fourni une base de données, des outils standardisés et les modèles mathématiques nécessaires pour évaluer exactement les risques de l'exposition à certaines nanoparticules de synthèse. Ce cadre d'évaluation aura un impact important sur la sécurité du lieu de travail, des consommateurs et de l'environnement, ainsi que sur le développement de futures normes et politiques de réglementation.