Tendances scientifiques: La génétique du dromadaire influencée par les anciennes routes commerciales
Depuis des milliers d'années, l'homme utilise le dromadaire comme moyen de transport, pour des marchandises comme pour des passagers. Tout au long du XXe siècle, les caravanes de nombreux voyageurs et commerçant ont traversé les déserts d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Le dromadaire est l'animal domestiqué le plus grand, et sa domestication a été essentielle au développement de sociétés humaines dans des environnements désertiques, rudes et inhospitaliers. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens concernant la domestication du dromadaire et son évolution. Pendant un processus de domestication, l'homme croise généralement les animaux en sélectionnant les caractères (et donc les parties du génotype) les plus intéressants pour lui. L'équipe de recherche, coordonnée par l'université de médecine vétérinaire de Vienne, a montré que ce n'était pas le cas pour le dromadaire. En effet, les dromadaires présentent une énorme diversité génétique, contrairement aux autres animaux domestiqués. Les chercheurs, sous la coordination de la Veterinärmedizinische Universität Wien, ont collecté des prélèvements venant de près de 1 100 dromadaires vivants, et les ont comparés avec ceux d'animaux sauvages ou domestiqués récemment. L'analyse de l'ADN a montré que la diversité génétique des dromadaires est directement associée avec son usage comme bête de somme sur les anciennes routes commerciale au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Cela à contribuer à de multiples contacts entre populations de dromadaires, conduisant à une circulation plus régulière des gènes et au maintien de la diversité génétique de l'espèce. Une seule population de dromadaires s'est quelque peu écartée de la diversité génétique du reste, par suite d'un isolement géographique résultant de barrières géographiques et culturelles. Mais la conséquence de cette diversité génétique, qui ne se rencontre généralement que chez les animaux sauvages, est qu'il est difficile de déterminer la forme sauvage dont provient le dromadaire domestiqué actuel, et par conséquent de savoir à quelle époque commença la domestication de l'espèce. L'équipe du projet a pu éclaircir cette question. Les chercheurs ont, pour cela, analysé des ADN vieux de jusqu'à 7 000 ans, prélevés sur des os de dromadaires sauvages et anciennement domestiqués, et comparé les résultats avec les profils génétiques des populations modernes. Ceci a permis de déterminer que la première domestication a eu lieu sur la côte sud-est de la péninsule arabique (aujourd'hui l'Oman et les Émirats Arabes Unis). «Nos travaux semblent confirmer que la première domestication des dromadaires est survenue sur la côte sud-est», commentait Pamela Burger, membre de l'équipe à Vienne. «Elle a été suivie par des croisements répétés subséquents entre les dromadaires sauvages et les premières populations domestiquées. L'ancêtre sauvage du dromadaire actuel occupait une région peu étendue, et a disparu environ 2 000 ans après la première domestication.» Par sa diversité génétique, le dromadaire sera probablement bien plus adaptable face à un changement de l'environnement que les autres animaux et bétail domestiques. On a même imaginé que dans un contexte de réchauffement planétaire et d'aggravation du climat, réduisant les zones convenant au bétail classique, les dromadaires pourraient remplacer les bovins, voire les ovins, comme source de lait et de viande.
Pays
Autriche