L'ADN devient mobile
Les rétroéléments insèrent des copies d'ADN sur de nouvelles localisations du chromosome (génome). Comme ils sont mobiles et capables de répliquer le matériel génétique, ils sont à l'origine d'une expansion formidable et d'un réarrangement permanent du génome. Comme les erreurs sont fréquentes lors de la réplication et l'insertion des séquences nucléotidiques, on assiste à l'émergence de mutations, la base même du changement du matériel génétique et de l'évolution des espèces. Le projet RETROELEMENTS («Diversity generating retroelements – understanding a new class of mobile RNAs») s'est intéressé à une nouvelle classe de rétroéléments récemment découverte chez les bactéries et les virus, les rétroéléments générateurs de diversité (DGR, pour diversity-generating retroelements). Ces éléments ciblent constamment une certaine région du génome. Ce phénomène conduit finalement au changement de la séquence codante du gène générant ainsi une nouvelle protéine. Ce changement au niveau protéique peut se traduire par une adaptation de l'organisme au milieu, ces rétroéléments sont ainsi à l'origine d'une évolution rapide des espèces. Utilisée en laboratoire, cette propriété peut être également un outil très utile pour la biotechnologie et la médecine. Les travaux antérieurs dans ce domaine se sont particulièrement intéressés aux phages (ce sont des virus infectant les bactéries). L'équipe du projet a donc développé un algorithme permettant d'identifier automatiquement les rétroéléments générateurs de diversité dans d'autres organismes et notamment dans les bactéries. Les chercheurs ont identifié un total de 155 DGR dans leurs recherches dans les bases de données dont 126 jamais décrits jusqu'alors. Le développement de divers modèles bactériens leur a permis d'en élaborer un particulièrement intéressant pour l'étude des mécanismes d'activité de ces rétroéléments. Ce modèle appartient à la famille des cyanobactéries, une bactérie qui obtient son énergie à partir de la photosynthèse. Ces bactéries pourraient même être les précurseurs des chloroplastes des végétaux supérieurs. Le processus d'insertion de l'AND dans le génome est similaire à celui de la formation des nouveaux anticorps. Par conséquent, ces travaux pourraient fort bien avoir des applications potentielles en immunologie. D'autres applications concernent la thérapie phagique et la réparation de l'AND.