Les satellites de l'ESA participent à la prévention des inondations
En utilisant les informations recueillies par les satellites d'observation de la Terre de l'Agence spatiale européenne, les scientifiques sont désormais en mesure d'étudier, cartographier et prévoir les conséquences des inondations avec une précision sans précédent. Après les inondations dévastatrices survenues dernièrement en Europe et qui ont fait près de trente victimes en Angleterre, en France, en Italie et en Suisse et contraint des dizaines de milliers de personnes à l'évacuation, cette avancée prend toute sa signification. Les résultats sont obtenus à l'aide de cinq outils développés par l'ESA: plan d'occupation des sols, imagerie de l'étendue réelle de l'inondation, modèles numériques précis des hauteurs, estimations de l'humidité du sol, et un programme informatique de modélisation des inondations, qui combine toutes ces données. La majeure partie de ces données est collectée par un radar à antenne latérale synthétique (SAR - synthetic aperture radar) embarqué à bord des satellites ERS-1 et ERS-2. Le SAR renvoie vers la terre une série d'impulsions radio tandis que le satellite se déplace sur son orbite, et ces échos sont traduits en une image détaillée de la zone observée par un ordinateur sophistiqué. Les images SAR peuvent être utilisées pour différencier les divers types de terrains et, finalement, dresser une carte numérique détaillée. De telles cartes trouvent de nombreuses applications. Il est possible, par exemple, de calculer exactement comment les eaux de crues se comporteront en un point donné de la carte: dévalant la pente lisse d'une voie goudronnée ou recouvrant lentement un champ plat gorgé d'eau. La dernière étape consiste à utiliser un programme informatique de modélisation des inondations pour créer des modèles réalistes d'événements réels et prévus. À cet effet, les scientifiques utilisent des techniques mathématiques de simulation leur permettant de créer des pluies d'orage numériques au-dessus du paysage électronique et d'en observer les effets. "Notre tâche consiste à créer des scénarios pour les responsables de la protection civile, explique Jérôme Bequignon, de l'ESA. Nous pouvons leur présenter des modèles typiques de précipitations, ou modéliser le débordement d'un barrage, pour leur montrer ensuite où et comment l'inondation qui en résultera va commencer et s'étendre. Ils peuvent alors identifier les zones à haut risque qui doivent être prioritaires pour l'évacuation ou la protection. Nous pouvons également étudier les conséquences potentielles de projets de construction ou d'ingénierie civile. Par exemple, nous pouvons leur dire que si tel supermarché est construit à tel endroit, il sera probablement inondé trois fois par décennie. Ceci leur permettra d'élaborer leurs plans de prévention."