Comprendre la dégénérescence rétinienne
Les photorécepteurs sont les neurones de l'œil qui sont sensibles à la lumière et permettent la vision. Leur dégénérescence est responsable de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) qui touche près de vingt millions d'Européens. Le projet TAM IN AMD («Role of TAM signalling in retinal homeostasis») a été lancé afin de comparer le fonctionnement de ces photorécepteurs en situation normale ou pathologique. Plus spécifiquement, l'objectif du projet était de comprendre le fonctionnement des récepteurs des tyrosines kinase de la famille TAM dans la rétine. La signalisation par les récepteurs TAM (Tyro3, Axl et Mer) est en effet essentielle pour maintenir une rétine fonctionnelle. L'aspect mécanistique de la voie de signalisation TAM, impliquant les ligands TAM comme PROS1 et GAS6 reste par contre peu connue. Les partenaires du projet ont observé que l'expression de Gas6 excédait plus de vingt fois celle de PROS1 suggérant ainsi sa grande importance, ces résultats sont par contre surprenants car ils montrent que la concentration de PROS1 est critique pour la bonne santé de la rétine. Les chercheurs ont examiné le rôle de PROS1 pour la santé de la rétine en utilisant des souris transformées par ingénierie génétique. Alors que l'élimination de PROS1 ou de Gas6 individuellement n'était pas suffisante pour provoquer une dégénérescence de la rétine, la suppression de ces deux facteurs débouchait sur une dégénérescence rétinienne sévère. L'effet s'est révélé similaire à celui provoqué par la suppression du récepteur Mer de la voie de signalisation TAM. De prime abord, ces résultats indiquent que PROS1 est un ligand fonctionnel des récepteurs TAM in vivo, essentiel pour la viabilité et la santé des photorécepteurs de la rétine. Enfin, les partenaires du projet ont évalué le potentiel de PROS1 comme biomarqueur d'une pathologie de la rétine. Une étude pilote a examiné des échantillons d'humeur aqueuse de patients présentant une maladie dégénérative de la rétine et de témoins en bonne santé. Les résultats montrent une concentration élevée de PROS1 dans le groupe témoin alors que la majorité des patients pathologiques présentent une concentration faible en PROS1. Ce résultat suggère une corrélation entre une concentration faible de PROS1 et la dégénérescence rétinienne. Une étude plus large impliquant une plus grande population devra être menée pour confirmer cette hypothèse. Comprendre les causes et les mécanismes des maladies dégénératives de la rétine facilitera sans aucun doute le développement de nouveaux diagnostics et de nouveaux traitements.
Mots‑clés
Dégénérescence rétinienne, homéostasie rétinienne, dégénérescence maculaire liée à l'âge, voie de signalisation TAM