L'étude de l'émotion et de l'identité sous plusieurs angles: médical, culturel et sciences sociales
Le projet SCECI (Scientific Concepts of Emotion and Cultural Identities), financé par l'UE, soutient l'idée qu'il est nécessaire d'adopter une approche transdisciplinaire pour comprendre les concepts contemporains du soi, de l'identité émotionnelle et de l'évolution de la société. En partant de l'hypothèse que (a) les concepts médicaux et psychologiques des émotions influencent fortement la conception de soi et de l'identité, et que (b) les films et séries télé sont devenus le principal support utilisé pour exprimer et propager les concepts culturels, et que (c) les sciences sociales conceptualisent le changement culturel sur un plan théorique, le projet combine les perspectives de ces trois disciplines. Il étudie d'abord comment les émotions sont conceptualisées dans la recherche médicale. Ensuite, il étudie la transformation de ces concepts dans la littérature des sciences sociales. Enfin, il analyse la transcription des concepts scientifiques des émotions dans les productions audiovisuelles. L'équipe a commencé par clarifier la terminologie des émotions en étudiant en particulier les trois concepts les plus couramment utilisés dans la recherche médicale et psychologique pour appréhender les émotions: les émotions de base, le stress et la peur. Ces concepts ont permis d'étudier efficacement les émotions sous plusieurs perspectives interdisciplinaires tout en aidant à mieux connaître les ordres émotionnels et le changement culturel. Par exemple, lorsque le concept de stress est passé du domaine physiologique au domaine psychologique dans les années 1950, avant d'être intégré au domaine sociologique, sa signification a changé et il est devenu un terme fourre-tout désignant tout malaise émotionnel lié aux maux de la société. Le stress, la maladie liée au stress et ses études étiologiques ont servi à caractériser l'état émotionnel d'une personne présenté dans les films et séries qui reflètent les changements de la société et nous aident à les connaître. L'équipe a retracé l'évolution, l'expression et l'utilisation des concepts d'émotions de base et de peur dans le contexte médico-psychologique et dans l'audiovisuel pour mettre en évidence les approches controversées de la notion d'universalité des émotions, qui est sous-entendue dans les productions audiovisuelles mais contestée dans les sciences sociales. La peur, quant à elle, prédomine dans les multiples facettes des émotions, aux niveaux individuel et social et dans différents contextes. En outre, la peur est utilisée pour attirer l'attention sur les séries et films qui servent à traduire et promouvoir l'évolution des valeurs et régimes émotionnels. L'un des principaux genres utilisés est le film policier, qui a fait l'objet d'études théoriques approfondies et donnera lieu à des analyses encore plus poussées. Fait surprenant, le projet conclut que si la consommation de films et séries s'inscrit dans des pratiques contemporaines qui façonnent l'identité culturelle et fournissent des modèles de rôle émotionnel envers lesquels nous pouvons éprouver de l'empathie, les interactions sociales directes et les croyances religieuses semblent avoir plus d'impact sur le comportement et les émotions des individus que les films. Des recherches complémentaires devront être menées sur l'impact de l'audiovisuel sur la construction des convictions culturelles, de l'identité et des valeurs émotionnelles.
Mots‑clés
Émotion, identité culturelle, médecine, psychologie, science sociale, films, télévision