Les molécules de la peau des amphibiens
En général, les études sur les peptides de la peau des amphibiens visent essentiellement la pharmacopée. On a donc largement négligé l'origine, la diversité et les fonctions de ces molécules, et de plus, la recherche sur les peptides antimicrobiens chez les amphibiens s'est limitée à quelques genres très proches. Chez de nombreux amphibiens, des tests du comportement ont montré l'existence d'une communication chimique pendant la parade nuptiale, malgré quoi un seul peptide a été caractérisé chez les grenouilles et les crapauds, et deux chez les salamandres et les tritons. Le projet TAPAS (Tracing antimicrobial peptides and pheromones in the amphibian skin) s'est attaqué à ces lacunes. Les chercheurs ont montré que l'évolution adaptative chez des taxons d'amphibiens peu apparentés peut conduire à une surprenante convergence des molécules, culminant au final par des produits parfaits. Leurs études ont ainsi révélé que les nombreuses kératines qui constituent les coussinets digitaux des amphibiens appartiennent à plusieurs lignées, qui sont apparues chez un ancêtre tétrapode primitif. Elles ont ensuite évolué pour devenir les principaux types de kératine de nos cheveux. De nombreuses études ont aussi révélé que la communication chimique était plus importante qu'on ne le pensait chez les grenouilles et les salamandres. En outre, les familles de protéines qui orientent la parade nuptiale chimique chez ces amphibiens partagent des structures très similaires ainsi que des voies de diversification évolutive. Les chercheurs de TAPAS ont aussi contribué à découvrir une nouvelle moisissure pathogène, Batrachochytrium salamandrivorans sp. nov., qui cause des lésions cutanées létales. Il est responsable du déclin rapide des populations de salamandre dans le Nord-ouest de l'Europe.
Mots‑clés
Peptides de la peau d'amphibiens, antimicrobien, parade nuptiale, TAPAS, convergence moléculaire, kératine, communication chimique, Batrachochytrium salamandrivorans sp. nov