Un diagnostic et une intervention précoces pour la démence
La population européenne vieillit à un rythme accéléré. Il est donc urgent d'aider cette population à vivre une vie indépendante et à préserver son bien-être à mesure du vieillissement. Une compétence d'une importance vitale à préserver est la mémoire prospective. La mémoire prospective consiste à ne pas oublier des choses à faire dans le futur, comme prendre des médicaments ou payer ses factures à temps. Même si cette compétence est d'une importance vitale pour le fonctionnement indépendant dans la vie quotidienne, elle a reçu beaucoup moins d'attention que la mémoire rétrospective pour les évènements passés (par exemple, se souvenir du nom de quelqu'un ou ce que l'on a fait la veille). Financé par l'UE, le projet PMINMCI(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) (Prospective Memory in Mild Cognitive Impairment) a mené la première enquête systématique de la mémoire prospective chez les adultes âgés présentant un risque plus élevé de démence. Il portait sur l'identification des personnes dans l'état de transition entre le vieillissement normal et la maladie d'Alzheimer, en reconnaissant les problèmes de mémoire qu'ils rencontrent dans la vie quotidienne et en offrant une intervention psychologique précoce pour réduire l'anxiété sur la mémoire. La déficience cognitive légère (DCL) signifie un état limite entre le vieillissement normal et la démence. Les personnes atteintes de DCL amnestiques présentent un risque beaucoup plus élevé d'évolution vers la démence de type Alzheimer que les personnes de même âge présentant un vieillissement normal. Dans une première étude, PMinMCI a testé 46 participants DCL et 48 adultes sains dans la même tranche d'âge. Deux sessions ont été réalisées, chacune de deux heures. La mémoire prospective a été évaluée et des tests normalisés ont été réalisés. Dans la seconde partie de l'étude, les participants ont tenu un journal quotidien pendant une semaine dans lequel ils ont enregistré tous leurs trous de mémoire quotidiens. Chaque participant a reçu deux appels par jour comme rappel pour garder leur journal. Vingt-cinq personnes DCL et 25 adultes sains du même âge ont été testés dans une seconde étude qui consistait en une session de 2 heures pour chaque personne. Une tâche de vigilance monotone a été donnée à chaque participant pour capturer des souvenirs involontaires. Il a été demandé aux participants de donner une brève description de leurs pensées spontanées au cours de la tâche de vigilance et de classer leurs pensées comme une mémoire involontaire, une pensée relative à un évènement futur ou à une situation actuelle. Les résultats ont montré que les participants DCL obtenaient de nettement moins bons résultats que les adultes sains sur les tâches de mémoire prospective, en particulier les tâches relativement aisées basées sur la récupération spontanée de l'intention. En outre, les individus avec DCL avaient moins de souvenirs involontaires qui étaient également basés sur des processus de récupération spontanés (automatiques). Les personnes avec DCL avaient enregistré davantage de défaillances rétrospectives dans le journal et ont également constaté que la tenue d'un journal quotidien sur les trous de mémoire était utile pour accroître leur compréhension du fonctionnement de leur mémoire quotidienne. L'étude PMinMCI sur la mémoire prospective peut être adaptée pour une utilisation dans des milieux cliniques et intégrée dans une procédure de diagnostic standard de la déficience cognitive chez les personnes âgées. En outre, tenir un journal des erreurs de mémoire peut avoir des effets bénéfiques en réduisant les angoisses et les inquiétudes liées au fonctionnement de la mémoire.
Mots‑clés
Démence, mémoire prospective, personnes âgées, maladie d'Alzheimer, PMINMCI, déficience cognitive légère