L'aperçu moléculaire des changements métaboliques pendant la grossesse
Pendant la grossesse, le métabolisme de la mère subit des modifications importantes, dont une augmentation marquée de la résistance à l'insuline. Chez certaines femmes prédisposées, l'insuline ne peut pas contrôler les niveaux de glucose et peuvent conduire au développement d'un DSG au cours du troisième trimestre. Bien que dans la majorité des cas, le DSG disparaisse après la naissance du bébé, ces femmes sont plus susceptibles de développer un diabète de type 2 plus tard dans leur vie. En outre, l'environnement nutritionnel dans l'utérus peut influer sur le développement du bébé et sa propension à développer un diabète plus tard dans sa vie. La cholestase intrahépatique de la grossesse (CIG) est une complication métabolique provoquée par une interruption dans l'écoulement de la bile du foie et est associée à des résultats défavorables de la grossesse. À l'instar du DSG, la CIG chez la mère est liée à un risque accru d'obésité ultérieure et à une augmentation des lipides sanguins chez l'enfant. En outre, les femmes présentant la CIG sont davantage sensibles au DSG mais les raisons ne sont pas encore entièrement comprises. La portée du projet GDMICP (Gestational signal and bile acid role in the enteroinsular axis), financé par l'UE, était de faire la lumière sur l'association entre le DSG et la CIG. Des travaux antérieurs avaient identifié une implication des récepteurs FXR et TGR5 dans la régulation de l'acide biliaire du foie et le métabolisme du glucose. Au cours de GDMICP, les chercheurs ont travaillé selon l'hypothèse que la CIG interférait avec le FXR et le TGR5, conduisant au développement d'un DSG. Les chercheurs ont découvert que les femmes développant un DSG présentaient des niveaux inférieurs de progestérone pendant la grossesse, ce qui avait influencé directement la fonction des îlots pancréatiques et la sécrétion d'insuline. Cela indique la présence d'un mécanisme de rétroaction qui travaille pour répondre à la demande d'insuline plus élevée nécessaire pour l'adaptation à l'augmentation d'alimentation et de dépôts graisseux chez la mère enceinte. Cela a en outre souligné le potentiel de l'utilisation de métabolites de la progestérone comme biomarqueur utile pour identifier les femmes présentant un risque plus élevé de développer le DSG plus tard pendant la grossesse. Les souris dépourvues de FXR présentaient une grave intolérance au glucose maternel causée par une résistance accrue à l'insuline et une incapacité des îlots à se développer. Cela indiquait que FXR joue un rôle important dans l'association entre CIG et DSG. De plus, le GLP-1 semblait être un facteur important dans cette pathologie, ce qui suggère que le traitement à l'acide ursodésoxycholique chez les femmes à CIG pourrait aider à restaurer les niveaux de peptides similaires au glucagone et à déclencher la libération d'insuline. Collectivement, les résultats de l'étude GDMICP donnent un aperçu fondamental du mécanisme qui lie les deux conditions métaboliques gestationnelles les plus courantes, DSG et CIG. Ces connaissances pourraient être exploitées cliniquement pour restaurer l'homéostasie métabolique pendant la grossesse et, nous l'espérons, éviter des complications potentielles plus tard dans la vie.
Mots‑clés
Diabète sucré de la grossesse, résistance à l'insuline, cholestase intrahépatique de la grossesse, bile, FXR, TGR5, progestérone