La coalition européenne contre l'expérimentation animale s'est déclarée opposée aux propositions REACH
Le début de la Semaine mondiale pour la libération des animaux de laboratoire a été marqué, ce 20 avril, par de nouvelles tentatives de la Coalition européenne pour mettre fin à l'expérimentation animale (ECEAE, European commission to end animal experiments) d'exercer des pressions tant sur la Commission européenne que sur l'industrie chimique européenne afin de diminuer le nombre d'expérimentations effectuées sur les animaux. Des manifestations ont eu lieu devant le siège du Conseil européen de l'industrie chimique (CEFIC) à Bruxelles, en Belgique, en réaction aux discussions en cours à propos des nouvelles réglementations proposées sur les produits chimiques. Depuis que la Commission européenne a dévoilé, en octobre dernier, ses propositions concernant la nouvelle stratégie du système REACH (enregistrement, évaluation et autorisation des substances chimiques, ainsi que restrictions applicables à ces substances), les tests chimiques sont devenus un sujet contentieux. La Commission justifie la révision des tests chimiques comme suit: "Le cadre législatif actuel concernant les produits chimiques est inadéquat. Il n'a pas permis d'obtenir suffisamment d'informations concernant les effets des produits chimiques sur la santé humaine et l'environnement et, lorsque des risques sont identifiés, il faut du temps pour les évaluer et introduire les mesures de gestion nécessaires. Ces lacunes ont probablement mis la santé humaine et l'environnement en danger. Le système actuel a également entravé la recherche et l'innovation, avec pour effet que l'industrie chimique de l'UE accuse un retard par rapport aux industries japonaise et américaine à cet égard." Si l'ECEAE soutient la nécessité de nouvelles réglementations, elle redoute que de nouvelles contraintes en matière de tests contribuent à augmenter le nombre des expérimentations sur les animaux. "Si le système REACH vise à protéger les êtres humains et l'environnement contre les produits chimiques toxiques, l'empoisonnement mortel d'animaux n'est pas la bonne manière d'atteindre cet objectif", a déclaré Emily McIvor, coordinatrice politique pour l'UE au sein de la British Union Against Vivisection (BUAV), qui préside l'ECEAE. L'ECEAE considère que la validation de méthodes d'essai alternatives est une priorité et demande à l'industrie chimique de faciliter ce processus le 20 avril. "À tout le moins, les entreprises chimiques devraient-elles permettre que leurs produits et leurs données d'essai existantes soient utilisées pour effectuer des études de validation conduites par le Centre Européen pour la Validation de Méthodes Alternatives (CEVMA) afin que de nouveaux tests, non-animaux, puissent être approuvés plus rapidement", a déclaré Mme McIvor. "Elles doivent également permettre que les tests non-animaux qu'elles ont développés à usage interne soient utilisés par les autorités de réglementation. Enfin, le plus urgent est que ces multinationales financent massivement, au lieu de soutenir du bout des lèvres, la mise au point de nouveaux tests non-animaux susceptibles de remplacer les tests de toxicité sur l'animal dans le délai fixé par le système REACH." À l'appui de son appel à la Commission et à l'industrie chimique, la coalition rappelle que les tests non-animaux sont plus fiables et efficaces que les méthodes de test traditionnelles. Un rapport daté du mois de mars, compilé pour l'ECEAE et la BUAV par le Dr Gill Langley, montre comment remplacer les tests animaux par d'autres solutions. Il décrit, pour chaque domaine de test, le test animal et son équivalent non-animal. Les carences scientifiques des méthodes établies sont détaillées, de même que les mesures nécessaires pour introduire l'utilisation des nouveaux tests. Les méthodes alternatives combinent des procédures in vitro et informatiques afin d'élaborer des stratégies pas à pas. Une stratégie pas à pas commence par utiliser des méthodes de dépistage rapides et simples, avant de passer à des tests spécifiques à certains mécanismes toxiques, puis à des essais in vitro plus sophistiqués. Pour certaines substances, ce procédé permet d'obtenir des résultats concluants à un stade précoce, ce qui rend toutes les autres étapes superflues pour tous les produits chimiques. L'eurodéputée britannique Caroline Lucas a accueilli favorablement le rapport en ce qu'il démontre "que les tests sur les animaux ont extrêmement mal aiguillé l'ancienne réglementation sur les produits chimiques, qu'ils sont inefficaces sur le plan de la sûreté environnementale ou humaine et qu'il est urgent d'adopter une approche plus moderne, fiable et non-animale." Dans une récente réponse aux implications du système REACH sur les tests animaux, la Commission européenne a réaffirmé son soutien à l'intensification de la mise au point de méthodes de test alternatives. Au titre du 5e programme-cadre (5e PC) pour la recherche, la Commission a donc financé plus de 43 projets de recherche de méthodes in vitro à hauteur de quelque 65 millions d'euros. Selon la Commission, dans le 6e PC, les chercheurs sont invités "plus que jamais" à soumettre des projets appropriés. La Commission estime également que "cela pourrait déboucher sur des méthodes de test alternatives validées au niveau international, permettant d'obtenir des résultats acceptables par toutes les autorités de réglementation". Le Centre Commun de Recherche (CCR) de la Commission joue également un rôle clé dans le cadre d'une initiative de l'OCDE relative à la validation de méthodes informatiques et la Commission a entamé la révision de la directive 86/609/CEE sur la protection des animaux utilisés à des fins expérimentales ou à d'autres fins scientifiques.