Les carburants fossiles responsables de dizaines de milliers de décès par an, selon un rapport
Un rapport récent publié par l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale (AFSSE) affirme que la consommation effrénée de carburants fossiles tue des dizaines de milliers de personnes en Europe. Rien qu'en France, les émissions automobiles tuent jusqu'à 10 000 personnes par an, selon ce rapport. Par ailleurs, entre six et onze pour cent de tous les cas de cancer du poumon signalés en France sont causés par les émissions automobiles, ce qui pourrait représenter jusqu'à 1 713 décès par an. On peut également ajouter les cas de maladies cardiorespiratoires, dont sept pour cent sont directement imputables à la pollution urbaine, soit 4 876 décès chaque année. Le rapport estime que chaque décès lié à la pollution atmosphérique coûte 900 000 euros à la collectivité et souligne que " les conséquences négatives résultant du trafic automobile sont supérieures aux montants perçus par le biais des péages et des taxes sur les carburants. " Une étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est parvenue aux mêmes conclusions. Dans un rapport concernant l'Autriche, la Suisse et la France, l'OMS a révélé que près de 40 000 personnes meurent chaque année à cause d'émissions automobiles ou de matières particulaires. Les matières particulaires sont les particules fines en suspension qui proviennent de la combustion des carburants fossiles, des industries lourdes et des systèmes de chauffage et qui s'accumulent pour former le smog. Plus les particules sont fines, plus elles sont nocives. En 2002, entre deux et cinq pour cent des décès d'adultes âgés de plus de 30 ans ont été provoqués par une exposition à ces agents polluants. Les matières particulaires se divisent généralement en deux catégories: les matières particulaires fines, ou PM2.5 ont un diamètre inférieur à 2,5 micromètres. La seconde catégorie regroupe les PM10, dont le diamètre oscille entre 2,5 et 10 micromètres. Les scientifiques estiment que les PM2.5 sont responsables des plus graves dommages occasionnés à la santé humaine. Elles se logent dans les poumons, bloquent la reproduction des cellules humaines et provoquent des maladies respiratoires. L'Allemagne, qui compte une population à peu près égale à celle cumulée des trois pays mentionnés dans le rapport de l'OMS, se montre également très préoccupée par la situation. " Les mécanismes naturels de défense immunitaire de l'homme ne parviennent pas à empêcher les matières particulaires fines des émissions automobiles de pénétrer dans les poumons ", a estimé le Conseil allemand de l'environnement dans un rapport publié en juillet de l'an dernier. Le rapport ajoute que les PM2.5 constituent " le plus important problème sanitaire lié à la pollution atmosphérique. " Malgré l'existence de ces preuves, d'aucuns ont accusé les gouvernements européens de ne pas s'attaquer aux dangers que le trafic automobile représente pour la santé de crainte de fâcher le puissant lobby automobile. D'après le magazine Le Point, le gouvernement français a tenté d'empêcher la publication du rapport de l'AFSSE le mois dernier devant " l'embarras qu'a suscité cette étude au sein de l'industrie automobile. " Pour améliorer la situation, le rapport propose de réduire le trafic, notamment par l'introduction de péages similaires à ceux qui existent à Londres et à Tokyo. Le rapport suggère également d'instaurer une nouvelle taxe sur les véhicules automobiles qui serait proportionnelle à leur consommation de carburant et à leur taux d'émissions toxiques. Selon le gouvernement français, l'industrie automobile traversant une période difficile, il serait inopportun de proposer aujourd'hui une restriction du trafic. En Allemagne, la situation est fort semblable: une proposition de taxe sur les véhicules très polluants déposée par les Verts a été rejetée. " Je ne peux vraiment pas concevoir qu'à ce jour, l'Allemagne ne dispose pas d'un système global de mesure et de contrôle des matières particulaires fines ", a déclaré Erich Wichmann, directeur de l'Institut d'épidémiologie du Centre de recherche pour l'environnement et la santé. " Désormais, on sait que les matières particulaires en suspension résultant de la combustion des carburants fossiles sont responsables des maladies pulmonaires et cardiaques les plus dangereuses ", a-t-il conclu.
Pays
Allemagne, France