Les ministres européens des affaires étrangères donnent leur feu vert à l'Agence européenne de défense
Lors du Conseil Affaires générales et relations extérieures du 14 juin dernier, les ministres des affaires étrangères de l'UE ont donné leur feu vert à la création d'une Agence européenne de défense (AED) en vue de coordonner une industrie de la défense européenne fragmentée. L'AED aura pour mission de coordonner les acquisitions en matériel informatique, de promouvoir la recherche européenne en matière de défense et de mettre un terme à la longue tradition européenne de doubles emplois qui caractérise la recherche, le développement et les marchés publics dans le secteur de l'armement. "Le Conseil a conclu un accord politique concernant une action commune instituant l'Agence européenne de défense. Tombant à point nommé, cet accord devrait permettre à l'Agence d'être opérationnelle d'ici la fin de l'année. Quatre fonctions sont assignées à l'Agence: le développement des capacités de défense; la coopération en matière d'armement; la base technologique et industrielle de la défense européenne et son marché des équipements; la recherche et la technologie", peut-on lire dans le communiqué du Conseil. La création de l'agence s'inscrit dans le cadre d'un plan sexennal ambitieux visant à affûter l'avantage militaire de l'UE dans un contexte d'expansion rapide des budgets américains consacrés à la défense. Avec un budget de la défense cumulé de 160 milliards d'euros et 1,6 millions de militaires, l'UE peut se targuer de disposer de la deuxième force militaire du monde. Pourtant, les pays européens ne dépensent à l'échelle nationale que 30 milliards d'euros pour les marchés publics et 10 milliards d'euros pour la recherche, selon le Centre for European Reform (CER), un groupe de réflexion britannique. La mise en commun des dépenses en matière de défense permettrait aux gouvernements européens d'économiser chaque année cinq milliards d'euros, a déclaré Daniel Keohane, analyste au CER pour les questions de sécurité. Par ailleurs, alors que l'UE dépense à peine moins de la moitié que les États-Unis dans le domaine de la défense, les experts affirment qu'en raison de leur double emploi et de leur incompatibilité, les capacités militaires européennes ne représentent qu'un dixième du retour sur investissement américain. L'agence s'attachera à défendre la recherche et le développement, à cerner les besoins de l'UE en matériel, à proposer des projets multilatéraux et à renforcer une industrie européenne de la défense fragmentée. Elle disposera d'un personnel de 25 personnes et d'un budget initial de deux millions d'euros, contre 80 employés et 25 millions d'euros d'ici 2005. Les trois plus grands groupes européens du secteur de la défense -BAE Systems en Grande-Bretagne, Thales en France et le groupe franco-allemand EADS-ont soutenu la création de l'agence, tout en plaidant pour la constitution d'un "budget modeste" en vue de coordonner les dépenses des États membres dans le domaine de la recherche.