Les ministres néerlandais se montrent confiants quant à l'atteinte des priorités de la présidence
"Le problème en Europe, c'est que nous avons une crise structurelle mais aucun sens de l'urgence", déclare Laurens-Jan Brinkhorst, le ministre néerlandais des affaires économiques. Aussi la présidence néerlandaise entend-elle lancer un avertissement au continent, annonçant une vague de changements. Évoquant les priorités de la présidence dans le domaine de la recherche, M.Brinkhorst et Maria van der Hoeven, ministre de l'éducation, de la culture et des sciences, ont fait part à CORDIS Nouvelles de leur optimisme quant à l'atteinte de leurs objectifs. "Les priorités de la présidence en matière de recherche ont été fixées en décembre 2002, lors d'une réunion de lancement entre les universités néerlandaises et le commissaire Busquin", a expliqué Mme van der Hoeven. "Elles n'ont pas changé depuis lors. Je pense que notre présidence est une bonne occasion de s'y atteler. J'ai confiance, nous atteindrons ces objectifs." M. Brinkhorst a abondé dans le même sens, ajoutant que les deux ministères préparaient la présidence depuis plus d'un an. "Nous souhaitons établir une norme. Notre ambition est de créer une sorte de point de référence pour les autres présidences néerlandaises. Cela implique énormément de travail, mais cela en vaut la peine. Nous le faisons dans l'intérêt de l'Europe." Les priorités en matière de recherche pour les six mois de la présidence sont la promotion de la recherche fondamentale, avec la création éventuelle d'un Conseil européen de recherche (CER), l'amélioration du capital humain, le renforcement de la coopération européenne dans le domaine des infrastructures de recherche, les petites et moyennes entreprises (PME) et les plateformes technologiques européennes, ont expliqué les ministres. Évoquant le Conseil européen de recherche, Mme van de Hoeven a déclaré à CORDIS Nouvelles qu'elle avait été surprise du large soutien qu'avait recueilli l'idée durant le Conseil Compétitivité informel le 1er juillet dernier. "Je me réjouis que les ministres aient ressenti le besoin de faire part de leurs idées et leurs suggestions quant aux conditions à remplir concernant le cadre juridique, la question de transparence et la notion d'excellence en tant que base du choix et de l'octroi d'opportunités aux meilleurs chercheurs en Europe", a-t-elle déclaré. "Nous avons tous convenu que le CER devrait être un conseil restreint, avec des charges administratives et des réglementations aussi réduites que possible. Il est vital qu'il soit simple et transparent." La recherche fondamentale, a insisté Mme van der Hoeven, est tout aussi nécessaire pour la recherche européenne que la recherche appliquée, et le septième programme-cadre (7e PCRD) doit s'assurer que ces deux pôles bénéficieront de l'attention nécessaire. D'après la ministre, l'industrie et la recherche fondamentale ont besoin l'une de l'autre: "La recherche fondamentale est importante en soi, mais elle l'est également pour l'industrie et l'innovation. Il ne s'agit dès lors pas de choisir entre la recherche appliquée et la recherche fondamentale. Nous devons les financer toutes les deux." Mme van der Hoeven s'est félicitée du large soutien recueilli par le CER tant auprès du monde politique que du monde scientifique. "J'ai également beaucoup apprécié les remarques du commissaire Busquin à cet égard. Il a hâte d'inclure ce point, non seulement à l'ordre du jour du Conseil Compétitivité en novembre, mais peut-être également du Conseil Compétitivité du mois de septembre", a-t-elle déclaré. S'agissant d'ITER, Mme van der Hoeven a déclaré à CORDIS Nouvelles que le sujet avait été abordé au terme de la réunion informelle. "Il a été décidé de suivre la procédure communautaire ordinaire. Ce qui s'ensuivra dépendra de nos amis américains et japonais, à savoir s'ils en diront davantage qu'ils ne l'ont fait jusqu'à présent." Tous les ministres, a-t-elle dit, ont exprimé le désir de mettre cette question à l'ordre du jour de la réunion du Conseil le 24 septembre prochain. S'agissant de l'évaluation à mi-parcours des instruments du sixième programme-cadre (6e PCRD) par le groupe de haut niveau de Ramon Marimon, présentée par ce dernier au Conseil Compétitivité le 3 juillet dernier, M. Brinkhorst a expliqué que le rapport présentait 12 recommandations pour un programme-cadre plus efficace. "Nous espérons atteindre au moins six d'entre elles", a annoncé M.Brinkhorst. "La comparaison avec Eureka est intéressante. Eureka prend 50 pour cent de temps en moins pour procéder à l'évaluation des subventions. Voilà le modèle que nous devrions adopter." Les deux ministres semblent décidés à faire rimer la présidence néerlandaise avec une compétitivité et une innovation accrues en Europe. Ils s'accordent toutefois à dire qu'il existe une éventuelle pierre d'achoppement, à savoir le brevet communautaire. "L'Europe a grandement besoin d'un brevet communautaire. Si l'on souhaite réellement améliorer la compétitivité et l'interaction entre la recherche publique, les infrastructures et les entreprises privées, il convient de résoudre le question du brevet communautaire", a déclaré Mme van der Hoeven. Et M. Brinkhorst d'ajouter: "Cependant, le problème qui se pose est non seulement de nature linguistique, mais il est également lié aux producteurs des brevets et aux consommateurs des brevets. Nous devons absolument trouver un équilibre entre les deux." Cette question étant ouverte depuis longtemps, le ministre néerlandais de l'économie a décidé de ne pas la mettre à l'ordre du jour du Conseil Compétitivité à moins d'y trouver une solution. "Nous avons convenu que j'aurais des contacts bilatéraux avec plusieurs États membres. Nous voulons que ce point soit une réussite et non un échec à répétition. Nous ne le mettrons à l'ordre du jour que si nous obtenons un feu vert", a conclu M. Brinkhorst.
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