European Commission logo
français français
CORDIS - Résultats de la recherche de l’UE
CORDIS

Article Category

Actualités
Contenu archivé le 2023-01-20

Article available in the following languages:

Des études montrent comment et pourquoi l'Europe devrait diminuer le nombre de collisions entre animaux et véhicules

Deux études menées séparément par des chercheurs espagnols et allemands ont mis en évidence la nécessité d'adopter une stratégie de diminution du nombre de collisions entre animaux et véhicules sur les routes européennes ainsi qu'un modèle pouvant servir à guider cette stratég...

Deux études menées séparément par des chercheurs espagnols et allemands ont mis en évidence la nécessité d'adopter une stratégie de diminution du nombre de collisions entre animaux et véhicules sur les routes européennes ainsi qu'un modèle pouvant servir à guider cette stratégie. Les chercheurs de l'université de Madrid, dirigés par Juan E. Malo, ont réussi à développer des modèles permettant de déterminer à l'avance les meilleurs endroits où adopter des mesures d'atténuation, par exemple des clôtures ou des passages souterrains, cela en vue de contribuer à la fois à la protection des espèces sauvages et à la sécurité routière. Menée dans la province espagnole de Soria, cette étude a été focalisée sur les routes et les lieux où se produisent le plus fréquemment les collisions entre animaux et véhicules. Une base de données reprenant ces accidents a été utilisée afin de localiser à la fois les tronçons routiers d'un kilomètre de long présentant des taux de collision élevés et les points de collision sur le système routier à l'échelle de 0,1 kilomètre. Le Dr Malo et ses collaborateurs ont ensuite appliqué une régression logistique pour étudier le rapport existant entre la fréquence des collisions et les caractéristiques locales des habitats des espèces. "Le nombre de collisions avec des grands mammifères est en augmentation dans les pays développés: on parle d'un chiffre global de plusieurs millions de collisions par année", peut-on lire dans le rapport de recherche intitulé "Can we mitigate animal-vehicle accidents using predictive models?" [Peut-on atténuer les accidents entre animaux et véhicules au moyen de modèles de prévision], publié dans le Journal of Applied Ecology. Les collisions entre des véhicules et des grands mammifères entraînent non seulement la mort de ces animaux dans la plupart des cas, mais aussi des blessures pour les humains et des pertes matérielles. Des chercheurs américains ont estimé que les collisions de véhicules avec des grands mammifères coûtaient plus de 1500 USD (1247 euros) par collision. Environ 4% des collisions avec des animaux de taille moyenne comme les cerfs se soldent par des blessures pour les humains, et entre 14 et 18% des accidents avec des plus grands mammifères tels que les caribous entraînent des blessures, selon ces chercheurs américains. Dans la province espagnole de Soria, trois espèces sont victimes de plus de 98% des accidents déclarés: le chevreuil, le cerf noble et le sanglier. Quelques collisions avec des renards, des blaireaux, des lièvres ont également été enregistrées. Ces animaux, et d'autres, vivent dans nombre d'autres régions d'Europe, ce qui incite les chercheurs à croire que leurs études peuvent servir à diminuer le nombre de collisions dans des régions extérieures à l'Espagne. De nombreuses mesures sont prises pour tenter de réduire le nombre d'accidents de la route avec des animaux, notamment l'installation de clôtures, de miroirs, de passerelles et de passages souterrains, de signaux routiers et de sifflets. Prise isolément, aucune de ces méthodes ne s'est cependant avérée totalement efficace. Il serait très onéreux d'installer des structures physiques le long de tronçons routiers étendus, et les mesures moins chères se sont révélées inefficaces sur les tronçons étendus. "Les modèles qui prévoient les points de collision les plus probables peuvent avoir une utilité en pratique", supposent par conséquent le Dr Malo et ses collaborateurs. Il s'agit de la première étude analysant à la fois des tronçons routiers et des points précis des routes, et seulement de la deuxième étude de modélisation concernant l'atténuation des collisions entre animaux et véhicules menée en Europe. Les recherches ont montré que les tronçons routiers présentant des taux de collision élevés se caractérisent souvent par une couverture forestière dense, une agriculture peu présente, un faible nombre de bâtiments et une grande diversité d'habitats. Un modèle mis au point par l'équipe a obtenu de remarquables résultats de prévision en phase de validation, parvenant à catégoriser correctement 70% des tronçons routiers. Il a été constaté que les points de collision spécifiques n'avaient habituellement pas de rails de sécurité ni de talus latéraux, et ne se trouvaient pas à proximité de passages souterrains ou de carrefours. Ces points ont aussi tendance à se caractériser par la présence de haies ou de bois à proximité des routes. Le modèle de prévision créé par les chercheurs pour ces points de collision spécifiques s'est avéré encore plus efficace, puisqu'il a permis de prévoir avec précision 85,1% des points de collision en phase de validation. "Les résultats des deux ensembles d'analyse de cette étude pourraient contribuer à la conception de mesures d'atténuation à deux échelles spatiales complémentaires: le tronçon routier et le point de collision spécifique", concluent le Dr Malo et ses collaborateurs. "L'utilisation de modèles à l'échelle du paysage incite à centrer les investissements en mesures d'atténuation sur les domaines où ils peuvent s'avérer les plus efficaces", écrivent-ils. L'utilisation du modèle pour prévoir des points de collision spécifiques pourrait donner des résultats similaires. Les auteurs proposent l'utilisation combinée de talus latéraux, de clôtures, de rails de protection et de végétation dans ces zones afin de canaliser les déplacements des animaux et réduire les risques de collisions. Ces résultats intéresseront probablement des parties très diverses, notamment les concepteurs de routes et les usagers des routes. Ils devraient aussi être accueillis favorablement par les défenseurs de la faune sauvage, en particulier ceux qui s'occupent des espèces menacées. Le lynx d'Eurasie est l'une des espèces particulièrement menacée par les accidents de la route. Un groupe de chercheurs dirigé par Stephanie Kramer-Schadt, du Centre UFZ pour la recherche environnementale de Leipzig, en Allemagne, et qui comprend d'autres scientifiques d'Espagne et de Suisse, a mis au point un modèle permettant d'évaluer la probabilité que le lynx se déplace entre des zones propices en Allemagne s'il devait y être réintroduit. "Quand les niveaux de risque de mortalité sur les routes ont été appliqués, la plupart de ces zones se sont retrouvées isolées, sauf le long de la frontière germano-tchèque. La connectivité de ces zones est donc limitée non pas tant par la dispersion des habitats mais par la mortalité élevée des lynx qui se dispersent. En conséquence, au lieu d'étudier uniquement la restauration des habitats, les efforts de gestion devraient tâcher de réduire la mortalité sur les routes", a conclu l'équipe. Dans les régions peuplées, les populations animales sont habituellement réduites et isolées. Si l'on veut que les animaux survivent, ils doivent pouvoir atteindre d'autres niveaux de population. Les routes étant probablement inévitables pour ces animaux, ce projet avait notamment pour but de déterminer comment minimiser la contribution des routes à la mortalité des lynx. Le rapport intitulé "Fragmented landscapes, road mortality and patch connectivity: modelling influences on the dispersal of Eurasian lynx" [Paysages fragmentés, mortalité routière et connectivité des zones: influences de la modélisation sur la dispersion du lynx] a également été publié dans le Journal of Applied Ecology. Le système de transport s'est révélé le principal obstacle à la réintroduction du lynx car il a pour effet de couper les unes des autres les zones propices à cette espèce. "Cette constatation nous donne des orientations de gestion claires concernant la réintroduction du lynx en Allemagne", concluent le Dr Kramer-Schadt et ses collaborateurs.

Pays

Allemagne, Espagne