Un rapport examine les éventuelles raisons de la disparition de Beagle 2
Après une enquête interne de six mois, l'équipe du projet de Beagle 2 a remis un rapport détaillant les éventuelles causes de la disparition de l'atterrisseur martien ainsi qu'un second document présentant les enseignements tirés et qui servira de guide pour les prochaines missions. Beagle 2 faisait partie de la mission européenne Mars Express vers la planète rouge, mais après avoir été correctement éjecté de l'orbiteur le 19 décembre 2003, l'atterrisseur n'a pas pu établir la communication avec le centre de contrôle des missions le 25 décembre et le contact n'a toujours pas été rétabli depuis lors. Le premier rapport constate qu'après l'examen interne complet de la mission, aucune cause définitive ne peut être identifiée pour expliquer cet échec, et ce en raison du manque de données. "Une analyse de l'assemblage avant lancement, des données d'intégration et de test, des informations télémétriques des paramètres de vol post-lancement, et de certaines études théoriques post-mission a permis à l'équipe de déterminer le mode de défaillance le plus probable, indépendamment de l'existence des preuves étayant ou réfutant cette théorie." Le rapport souligne que d'après l'analyse des images de l'éjection, la vitesse d'éjection et de rotation de Beagle 2 était correcte. Malgré une éjection réussie, il apparaît toutefois que l'atterrisseur aurait pu échouer à n'importe quel stade de sa trajectoire vers la surface de la planète. Ainsi, les observations de Mars Express, appuyées par les données des rovers Spirit et Opportunity de la NASA, ont démontré une densité atmosphérique anomalement réduite de 20 à 40 kilomètres au-dessus de la surface de la planète au début du mois de janvier. "Si ces conditions se sont présentées autour du site d'atterrissage de Beagle 2 [le 19 décembre], elles pourraient avoir entravé le bon déroulement de l'atterrissage." Il est dès lors crucial de procéder à une meilleure vérification des caractéristiques de l'atmosphère martienne pour que puissent aboutir les prochaines missions, selon l'équipe de Beagle 2. En outre, on ne peut exclure l'endommagement des tuiles de protection thermique ou une défaillance du bouclier thermique avant durant l'entrée dans l'atmosphère martienne. Un dysfonctionnement du système électronique dû aux nombreuses zones de chocs violents parcourues par l'engin spatial est également envisageable. L'absence de contact avec Beagle 2 est peut-être également due à un dommage causé à l'antenne de l'atterrisseur et à l'incapacité des composants repliés de la sonde à se déployer en raison d'une avarie subie durant l'atterrissage, même si l'équipe souligne que toutes les phases de déploiement ont été testées à maintes reprises. Avant de passer au second rapport et aux enseignements pouvant être tirés de cette mission, l'équipe rappelle que Beagle 2 a obtenu des résultats considérables, notamment: une conception d'atterrisseur innovante et intégrée; l'avancement de la technologie européenne en matière d'atterrisseurs planétaires; une collaboration novatrice entre l'industrie et les universités; et un intérêt public et un soutien pour les sciences planétaires sans précédent. Cependant, Mars Express et Beagle 2 ne comprenaient pas un projet intégré unique de deux sondes, selon l'équipe de la mission. "Le programme d'organisation de Beagle 2 était constamment soumis aux besoins de Mars Express, au détriment de ses propres exigences. Il est dès lors fortement recommandé que toute mission à venir combinant orbiteur et atterrisseur soit gérée et déterminée par un programme de cohésion, en vertu duquel aucune partie ne serait moins prioritaire qu'une autre", peut-on lire dans le second rapport, indiquant ainsi le premier des "enseignements tirés". L'équipe estime également qu'il aurait été utile de réaliser davantage de tests, et les personnes associées au projet aimeraient effectuer ce programme d'essai à l'avenir avec le matériel approprié afin de lever les incertitudes lors de la conception des futurs systèmes d'atterrissage. Le rapport fait ainsi observer que le programme d'essai pour les airbags/gasbags était limité par l'accès et le coût des infrastructures d'essai américaines, aucune n'étant disponible en Europe. La liste des enseignements tirés s'étale sur plusieurs pages, mais le rapport souligne que: "Cette longue liste ne signifie aucunement que la conception était inadéquate, mais met plutôt en lumière les voies et solutions pour améliorer et renforcer un atterrisseur de petite taille, et faciliter la tâche des futures équipes de concepteurs d'atterrisseurs, des équipes d'intégration et d'essai et du personnel opérationnel. Beagle 2 était fortement contraint par la masse, le volume et le temps. Si nous avions disposé des marges, du temps et des ressources adéquates, ces enseignements auraient pu être appliqués à Beagle 2." Les auteurs du rapport espèrent qu'il servira de compte rendu de la mission Beagle 2 et sera utile aux futurs projets de la sorte. Ils affirment que la charge utile de Beagle 2 aurait permis d'améliorer considérablement nos connaissances sur Mars et concluent que: "En conséquence, le consortium désire renvoyer la charge utile dès que possible en utilisant une conception améliorée et évoluée de l'atterrisseur qui soit légère, innovante et intégrée."
Pays
Royaume-Uni