Le gouvernement italien divisé sur le dossier des OGM
Dans le cadre d'une initiative qui a divisé le gouvernement, le Conseil de ministres italien a bloqué une proposition présentée par le ministre de l'agriculture Gianni Alemanno visant à réglementer l'introduction future des organismes génétiquement modifiés (OGM) en Italie. Suite à la décision, le mois dernier, de la Commission européenne d'autoriser les agriculteurs européens à opter pour la culture commerciale de 17 types différents de semences de maïs génétiquement modifiées, M. Alemanno avait proposé une loi réglementant strictement la culture de semences transgéniques. "Nous devons découvrir encore beaucoup de choses sur les OGM et si nous nous montrons trop souples aujourd'hui, nous pourrions nous trouver un jour dans une situation ingérable", a déclaré le ministre pour expliquer la prudence de son approche. "Nous devons également tenir compte des 12 régions italiennes qui se sont déclarées exemptes d'OGM", a-t-il ajouté. Le Premier ministre Silvio Berlusconi a pourtant qualifié la mesure d'"étroite d'esprit", affirmant qu'elle enfreint les libertés citoyennes. Le gouvernement est donc divisé entre ceux qui estiment que les mesures proposées sont trop strictes et ceux qui affirment que les OGM vont à l'encontre de la tradition italienne des produits biologiques de qualité. Antonio Marzano, ministre de l'industrie, s'est rangé aux côtés de M. Berlusconi, déclarant que "l'Italie ne peut renoncer au développement des OGM", au même titre que Giancarlo Galan, président de la région de Vénétie, qui a affirmé dans un communiqué: "Selon moi, la recherche scientifique ne peut pas et ne doit pas s'arrêter. [.] Rien ne peut arrêter la recherche scientifique. Si nous ne poursuivons pas le travail ici, quelqu'un d'autre s'en chargera ailleurs. Si nous n'agissons pas en Europe, ce sera le cas en Israël ou en Egypte. On ne peut mettre un terme à ce processus." "La traçabilité du produit, c'est ce qui compte", a-t-il ajouté. "Nous devons exiger de savoir ce que nous mangeons et buvons." Altero Matteoli, ministre de l'environnement, a également plaidé pour un assouplissement de la loi. Dans le camp de M. Alemanno, M. Ermete Realacci, de l'association de protection de l'environnement Legambiente, a confié les propos suivants à Greenplanet: "Je comprends que M. Berlusconi subisse les pressions de chefs d'État étrangers et de puissants lobbies économiques, mais on ne peut affirmer que le tourisme et une alimentation de qualité sont le pétrole de l'Italie tout en mettant ensuite le feu aux puits de pétrole." La Confédération des coopératives italiennes a déclaré dans un communiqué que "le premier objectif à poursuivre réside dans la défense et la valorisation du caractère authentique de l'agriculture italienne, laquelle n'est absolument pas orientée vers les OGM. Dans cette optique, nous soutenons l'initiative du ministre Alemmano, qui vise à réglementer la question et défend avant tout le principe de traçabilité, garantissant ainsi la transparence auprès des consommateurs. Alors même que le cabinet s'est séparé sans accord sur les propositions de M. Alemanno, le ministre de l'agriculture a déclaré: "Je présenterai mon projet, quoi qu'il arrive". S'il s'avère impossible de l'imposer au conseil de ministres, nous devrons trouver d'autres solutions." Selon une enquête récente, 68% des Italiens se sont déclarés méfiants à l'encontre des fruits et des légumes génétiquement modifiés.