Des chercheurs néerlandais parés à l'interdiction communautaire des agents d'assouplissement des matières plastiques
Les préoccupations relatives aux conséquences pour la santé des phtalates expliquent pourquoi certains chercheurs ont été en mesure de réagir rapidement à la décision qu'a prise le Conseil Compétitivité de l'UE le 24 septembre dernier en vue d'interdire l'utilisation de six phtalates dans la fabrication des jouets pour enfants. Bien que les avis scientifiques divergent encore aujourd'hui, d'aucuns craignent depuis plus de vingt ans que les phtalates, qui servent à rendre des produits synthétiques plus souples que cassants, puissent provoquer des cancers, des affections rénales et des dérèglements du système hormonal de l'organisme. C'est dans ce contexte que les ministres présents au Conseil Compétitivité se sont accordés sur une interdiction complète de trois phtalates présents dans des jouets et articles pour enfants, ainsi que sur une nouvelle interdiction de trois autres phtalates présents dans des jouets et articles destinés aux enfants de moins de trois ans et susceptibles d'être mis en bouche. Cette décision fera l'objet d'une évaluation d'ici quatre ans. Des chercheurs de l'université et du centre de recherche de Wageningen, aux Pays-Bas, sont parvenus, avec l'étroite collaboration de l'industrie des PVC, à mettre au point une série de nouveaux agents assouplissants à base d'alcool de sucre. Des tests ont démontré que ces nouveaux matériaux ne sont pas toxiques et n'ont donc aucun effet sur les hormones. Ces agents assouplissants étant entièrement constitués de matières premières renouvelables, ils sont aussi parfaitement adaptés à une production en série durable. Daan van Es et Kees de Gooijer, directeurs de la recherche, estiment que ces agents pourraient être commercialisés d'ici deux ou trois ans. Ils ajoutent néanmoins qu'une intervention des pouvoirs publics pourrait s'avérer nécessaire à la réalisation de cet objectif dans la mesure où l'industrie rechigne pour l'instant à investir dans des produits alternatifs dont la marge bénéficiaire est incertaine. Peu d'attention a été accordée à ce jour aux alternatives aux phtalates, lesquelles ne représentent actuellement que 10% du marché. Les principaux obstacles à leur développement résident dans le coût et les limites techniques inhérents à une production à grande échelle. La décision de l'UE n'aura aucun effet immédiat sur les fabricants de jouets puisque l'utilisation des phtalates dans la fabrication des jouets pour enfants est soumise à une interdiction provisoire depuis 1999. Elle contribuera toutefois à clarifier l'usage de ces produits chimiques. Jusqu'à présent, plusieurs gouvernements nationaux avaient rejeté toute proposition visant à rendre cette interdiction permanente
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Pays-Bas