PIONEER, une "spin-off" d'un réseau d'excellence, étudie les causes de la puberté précoce
Alors que, sous l'effet de l'évolution des structures de la population, la recherche sur les phases avancées du processus de vieillissement occupe une place de plus en plus importante depuis les dernières années, la puberté reste une étape de la vie sur laquelle les connaissances font toujours défaut. Les grands mécanismes sous-jacents de la puberté n'étant pas bien connus des scientifiques, la "puberté précoce" reste pour eux un phénomène difficile à expliquer. Le projet PIONEER a pour but de combler ce manque de connaissances. Le projet sera axé essentiellement sur la puberté précoce, mais les partenaires se pencheront également sur les facteurs endogènes qui régulent habituellement l'apparition de la puberté. Ils examineront en particulier l'influence des régulateurs nutritionnels, environnementaux et endogènes du déclenchement de la puberté. Les partenaires du projet PIONEER se sont réunis le 21 mars pour le lancement du projet. L'équipe de CORDIS Nouvelles était présente à cette occasion et s'est entretenue avec certains des chercheurs concernés. Le projet est coordonné par Sari Mäkelä de l'université de Turku en Finlande. Onze autres groupes de recherche y participent. Ce phénomène doit être clarifié, comme l'a indiqué Sari Mäkelä à CORDIS Nouvelles. Après trois ans de recherche, celle-ci espère pouvoir acquérir des connaissances plus complètes sur le phénomène de la puberté précoce et déterminer si celui-ci représente un problème et quelles sont les personnes à risque. Selon elle, trois ans ne suffiront cependant pas à élucider toute la question, le mystère reste grand. Parmi les partenaires du projet, on retrouve toutes les catégories de chercheurs, de ceux intervenant habituellement sur des cultures de cellules à ceux travaillant avec des patients, comme l'a précisé Sari Mäkelä. L'un des praticiens concernés, Leo Dunkel de l'hôpital universitaire de Kuopio en Finlande, a dressé une synthèse des connaissances actuelles et des points qui restent à préciser. La prédisposition génétique est en élément essentiel du déclenchement de la puberté précoce. Des études menées sur des familles l'ont prouvé. D'autres facteurs seraient également à l'origine de la puberté précoce: la masse graisseuse et la sensibilité à l'insuline, ainsi que le stress, l'adoption, la migration, la nutrition et les agents chimiques disrupteurs endocriniens. Il semblerait que chacun de ces facteurs joue un rôle. Le consortium PIONEER espère découvrir si l'apparition de la puberté avant l'heure est déclenchée par une certaine combinaison de ces facteurs. Les facteurs de la migration et de l'adoption sont validés par une constatation: dans les pays industrialisés, la puberté précoce semble toucher davantage les enfants nés dans les pays en développement puis adoptés par une famille occidentale. On espère que la participation d'un partenaire non européen au projet, Zulfiqar Bhutta de l'université d'Aga Khan au Pakistan, permettra à l'équipe PIONEER de trouver une explication à ce phénomène. De nombreux chercheurs soupçonnent le contact avec des polluants d'être à l'origine de la forte augmentation du nombre de cas décelés à Porto Rico dans les années 1980. Certains d'entre eux pensent que les promoteurs de croissance sont entrés d'une manière ou d'une autre dans la chaîne alimentaire. Toutefois, ces substances étant illégales en Europe, ceci n'explique pas tous les cas. De même, un pourcentage élevé de personnes touchées par la puberté précoce aux Etats-Unis sont en surpoids. Mais ce n'est aucunement le cas de toutes les personnes concernées. Le projet PIONEER a été conçu initialement dans le cadre du réseau d'excellence CASCADE sur les produits chimiques contaminants dans la chaîne alimentaire. Il s'agit là d'un grand succès pour CASCADE, car il incarne l'échange réussi d'idées entre les partenaires du réseau. CASCADE encourage en fait les participants à aborder divers problèmes sous un angle nouveau, comme l'a déclaré Jan-Åke Gustafsson à l'équipe de CORDIS Nouvelles. Le projet PIONEER n'est pas le seul à être développé dans le cadre du réseau CASCADE: une autre proposition de projet a également été soumise au titre du Sixième programme-cadre (6e PC) et 19 bourses Marie Curie ont été demandées. Les responsables du réseau ont également pour ambition de faire participer la Chine à leurs travaux. Le Professeur Gustafsson a d'ores et déjà abordé la question avec le ministre chinois de la Recherche, qui a réservé un accueil très positif à la proposition. CASCADE n'en est qu'à sa première année de fonctionnement (sa durée totale sera de trois ans) et le Professeur Gustafsson est convaincu que d'autres "spin-offs" vont suivre. Ce processus viendra compléter les nouveaux résultats sur les effets des contaminants alimentaires sur la santé humaine qui, de l'avis du Professeur Gustafsson, seront à la fois passionnants et dérangeants, ainsi que les recommandations sur les niveaux seuils de ces substances dans les aliments.