Des projets TSI de pointe présentés lors d'un salon en Asie
Certains des projets européens les plus innovants et les plus prometteurs dans le domaine des technologies de l'information et de la communication (TIC) ont été présentés lors d'un salon organisé à Singapour du 20 au 23 juin. Quelque 47.000 visiteurs ont ainsi pu découvrir les capacités de l'Europe dans les domaines de l'e-santé, de l'e-gouvernement, de l'audiovisuel, de l'e-sécurité et des télécommunications. C'est la première fois que CommunicAsia - une des 15 conférences TIC organisées la même semaine à Singapour - accueillait un pavillon européen consacré aux TIC. Un des projets les plus remarqués a été MYHEART. Doté d'un budget de 35 millions d'euros, MYHEART est l'un des plus vastes projets lancés au titre de la section "Technologies de la société de l'information (TSI)" du Sixième programme-cadre (6e PC) de l'UE. CORDIS Nouvelles s'est entretenu avec le coordinateur du projet, Jörg Habetha de chez Philips Research Laboratories, qui a expliqué l'objectif global de MYHEART, à savoir la surveillance des paramètres vitaux grâce à des capteurs à même le corps qui seront, pour la plupart, incorporés à des textiles. L'équipe composée de 33 partenaires développe également des systèmes à intégrer dans les vêtements et capables de transmettre des informations vers le téléphone du patient ou d'un prestataire de soins. Le système d'alertes ne se limite pas aux situations de santé critiques du patient, mais sert également à l'envoi de conseils de prudence à ce dernier. "Nous ne faisons pas que mesurer, nous voulons également influencer le comportement des patients", a déclaré M. Habetha. Le projet a démarré fin 2003, et les partenaires ont consacré beaucoup de temps à évaluer les diverses approches qui se proposaient à eux avant d'en retenir quatre. "C'est unique," a déclaré M. Habetha. "A mi-parcours du projet, nous avons abandonné des éléments qui n'avaient qu'un intérêt limité." Les quatre concepts retenus étaient: la gestion des défaillances cardiaques; la rééducation suite à un accident cérébrovasculaire; l'encadrement sanitaire et l'accompagnement d'activités. Les études des utilisateurs démarreront en novembre. Le projet BRICKS vise la mise en place d'une infrastructure souple pour bibliothèques numériques et la création d'une communauté BRICKS composée de fournisseurs de contenus, de professionnels des arts, de chercheurs en art, d'étudiants, de touristes et de citoyens en vue de développer un consensus et de permettre le partage de connaissances et de services relatifs aux contenus numériques. Pour Fiore Basile, un des participants au projet, être présent à CommunicAsia est une excellente façon de faire connaître la communauté BRICKS en Asie du sud-est. Tout un chacun peut, gratuitement, devenir membre de la communauté. Une organisation thaïe y a d'ailleurs déjà adhéré. L'architecture BRICKS sera décentralisée et reposera sur un paradigme P2P et un logiciel libre. L'objectif est de donner une vue d'ensemble du patrimoine culturel numérique avec pour priorité d'en assurer l'accès aux acteurs de moindre envergure. "Nous avons la possibilité de garantir aux bibliothèques et instituts de petite taille un accès gratuit aux technologies de pointe", a déclaré M. Basile. L'utilisation de métadonnées permettra également aux utilisateurs de rechercher du contenu dans n'importe quelle langue. Le projet BRICKS sera également la première plate-forme libre de droits numériques. Comme l'a expliqué M. Basile, les droits numériques garantissent des revenus pour du contenu numérique, chose très difficile autrement. Egalement présenté au pavillon européen, le projet TERREGOV réunit 16 partenaires qui travaillent à la mise en place de services d'administration électroniques par les collectivités locales. La recherche est axée sur l'interopérabilité technique, l'interopérabilité sémantique et l'opérabilité organisationnelle, tandis que des chercheurs experts en socio-économie étudient les diverses possibilités d'une mise en oeuvre efficace des changements organisationnels requis pour le passage à l'e-gouvernement. Les gouvernements locaux de quatre pays - France, Italie, Pologne et Royaume-Uni - participent à des activités pilotes. Au Royaume-Uni, l'activité pilote est reliée à l'initiative "Supporting People", un programme gouvernemental d'aide et d'assistance aux personnes en difficultés. Le projet TERREGOV soutient les processus économiques qui sous-tendent la gestion et la fourniture de services de soins par les gouvernements locaux. Il implique les gouvernements locaux, le gouvernement central et les prestataires de services sociaux, améliorant par là même la collaboration entre les agences. Une réduction des coûts administratifs devrait ainsi permettre à un plus grand nombre de citoyens d'accéder aux services considérés. Comme l'a déclaré à CORDIS Nouvelles María Pérez Ortega, une participante au projet, l'utilisation de technologies sémantiques est une composante essentielle de celui-ci. "La sémantique donne un sens aux données", a-t-elle expliqué. Par exemple, le système saura ne pas faire la différence entre les termes anglais "client" et "customer" qui, dans la plupart des contextes, ont la même signification. Les projets POF-ALL étaient également présentés à Singapour afin de "montrer à l'Asie ce que nous proposons en alternative à leur approche de l'internet", a déclaré Alessandro Nocivelli de la société italienne Luceat. Selon les partenaires POF-ALL, la fibre optique plastique (d'où l'abréviation "POF") permettra aux opérateurs de télécommunications d'équiper les réseaux domestiques d'un accès à l'internet 100Mbps. Les opérateurs sont actuellement confrontés à des défis en termes de coûts élevés et d'installation qui entravent le déploiement de la fibre optique. Selon M. Nocivelli, les visiteurs du stand POF-ALL ont été très intéressés par la technologie présentée. "Ils ne la connaissaient pas [la technologie], et nous pouvons être fiers du rôle pionnier de l'Europe dans ce domaine technologique. [...] Pour une fois au moins, nous pouvons apprendre quelque chose à l'Asie et à l'Amérique", a-t-il ajouté. PIONIER, autre invité du pavillon européen, est un réseau polonais de recherche et d'enseignement qui relie plus de 700 universités et instituts de recherche en Pologne. PIONIER est connecté à GEANT2, le réseau paneuropéen multi-gigabit. iTVP et VLAB, deux des projets faisant appel à PIONIER, étaient présentés à Singapour. La plate-forme iTVP permet la fourniture basée sur le protocole internet (IP) de services de télévision interactive via le réseau PIONIER. Les utilisateurs reçoivent des services multimédias de haute qualité, des services de vidéo à la demande et des services à valeur ajoutée. La technologie autorise également le "time shifting", qui permet à un utilisateur de visualiser le début d'un enregistrement avec retour au direct de l'émission. Utilisée pour la retransmission des Jeux Olympiques d'hiver 2005, cette technologie a servi à plus de 850.000 flux de données et permis aux Polonais hors de Pologne de suivre les émissions de la radio polonaise. Le projet de laboratoire virtuel (VLAB) est également soutenu par PIONIER. L'objectif premier du projet est de développer l'infrastructure qui permettra le partage d'instruments scientifiques via l'internet. Les scientifiques pourront alors préparer des expériences à distance sans plus devoir se déplacer sur le site d'un appareil pour y attendre les résultats. Tout scientifique a besoin d'une connexion à l'internet. "Cela signifie que les instruments très onéreux peuvent être partagés", a expliqué à CORDIS Nouvelles Dominik Stoklosa du Poznan Supercomputing and Networking Centre. Jusqu'à présent, le projet visait essentiellement les télescopes mais s'étend aujourd'hui aux spectromètres et à la technique de lyophilisation. Le projet VLAB contribuera également au projet RingGrid financé par l'UE. De l'avis de scientifiques européens interrogés par CORDIS Nouvelles, le salon asiatique a été, pour ses visiteurs, l'occasion de découvrir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Les scientifiques espéraient en outre pouvoir rencontrer des partenaires de recherche potentiels et sensibiliser aux travaux menés en Europe.
Pays
Singapour